Amnesty International s’insurge contre la «régression continue» des droits humains…

La pierre angulaire de la législation internationale des droits de l’homme reste le principe même de leur universalité tel que proclamé, en 1948, par la Déclaration universelle des droits de l’homme et tel qu’il a été réitéré, par la suite, par de nombreuses conventions, déclarations, résolutions et, également, par la Conférence mondiale sur les droits de l’Homme qui s’était tenue à Vienne en 1993 et qui avait exigé des Etats – quel que soient leur système politique, économique ou culturel – de promouvoir et de protéger tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales.

Aussi, dans un rapport publié ce mardi, Amnesty International s’est élevé contre une «régression continue» des droits de l’Homme dans le monde et notamment en Europe en pointant du doigt la France où les dirigeants ont multiplié les atteintes aux droits de leurs citoyens au titre de la lutte contre le terrorisme en adoptant «à la hâte» des lois «anti-terroristes» consolidant le «pouvoir entre les mains de l’exécutif».

Cette malencontreuse situation a fait dire au Directeur d’Amnesty International en Europe lors d’une conférence de presse donnée ce mardi que, pour lutter contre le terrorisme, la Patrie de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen s’acharne, désormais, à démanteler «l’édifice de la protection des droits fondamentaux, construit avec tant de soins après la Seconde guerre mondiale».

Ainsi, la France, où les attentats terroristes perpétrés sur son sol ont tué 238 personnes, a choisi de durcir son système législatif devenant ainsi un «leader» en la matière puisque des pays comme la Hongrie, la Bulgarie ou la Pologne s’en inspirent désormais.

Le Royaume d’Espagne n’y va pas de main morte non plus dès lors que «les étrangers  sont  discriminés de manière disproportionnée et  extrêmement néfaste ». Ainsi, des passagers auraient été contraints de quitter un avion au motif qu’ils « ressemblaient à des terroristes».

La fameuse affaire du burkini a fait grand bruit sur les plages de l’Hexagone et l’instauration  de l’état d’urgence, à cinq reprises depuis les attentats du 13 novembre 2015, a donné lieu à l’arrestation de «centaines de personnes» – parfois même mineures – pour «apologie du terrorisme» à la suite de simples commentaires sur Facebook alors qu’en Grèce ce sont des enfants de réfugiés qui auraient été arrêtés pour avoir joué avec des pistolets en plastique.

En Hongrie c’est le procès, «honteux» selon Amnesty International, d’un syrien condamné fin novembre 2016 à 10 ans de prison qui consacre «la régression continue» des droits de l’Homme en Europe.

Il est reproché à ce dernier d’avoir utilisé un mégaphone pour inciter les migrants à la révolte et d’avoir jeté des pierres en direction de policiers hongrois quand, avec d’autres compatriotes, il avait essayé, en 2015, de forcer la clôture érigée par la Hongrie le long de sa frontière avec la Serbie alors qu’il prétend, de son côté, n’avoir voulu qu’aider ses parents à fuir la Syrie.

Pour illustrer «la mauvaise utilisation de la législation antiterroriste en Europe», Amnesty International rappelle que malgré le témoignage d’un policier hongrois reconnaissant ne pas pouvoir «décrire la personne qui parlait dans le mégaphone» au motif qu’ils «se ressemblent tous», la justice hongroise a «balayé», d’un simple revers de manche, tout élément plaidant en faveur de l’intéressé.

Autant de faits liberticides qui ont poussé Amnesty International à tirer la sonnette d’alarme et à rappeler aux Etats qu’ils sont tenus de respecter leurs «obligations internationales» afférentes aux droits humains car en brandissant l’étendard de la «sécurisation des territoires » au nom de la lutte contre le terrorisme, la peur et les préjugés ont fini par avoir raison d’une Union Européenne qui prônait la justice, l’égalité et la non-discrimination…

Nabil Bousaadi

Top