Après l’attentat d’Istanbul, Erdogan bombarde les bases du PKK

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Le président turc Recep Tayyip Erdogan n’a même pas laissé aux kurdes le temps de « souffler » et c’est le moins que l’on puisse dire quand on sait qu’une semaine à peine après l’attentat d’Istanbul qui a fait 6 morts et plus de 80 blessés, l’armée turque a mené, dans le cadre de son opération « Griffe Epée », une intense campagne de bombardements aériens contre les bases du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) situées dans le nord de la Syrie et en Irak après que ce dernier ait été accusé d’avoir commandité l’attentat précité.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, les raids aériens ayant visé la Syrie et l’Irak, durant la nuit du samedi 19 au dimanche 20 novembre, auraient fait plus d’une trentaine de morts alors que les tirs de roquettes effectués, en représailles, en direction du territoire turc, se seraient soldés, d’après le gouverneur de la province de Gaziantep, par la mort de trois personnes et plusieurs dizaines de blessés dans la ville turque frontalière de Karkamis.

Mais en gardant à l’esprit que, dans l’avion qui le ramenait du Qatar, le président turc avait signalé, aux journalistes qui l’accompagnaient, que cette campagne ne pourrait, en aucun cas, se limiter à une simple opération aérienne, on ne peut que craindre une invasion terrestre et une intensification des violences et ce, d’autant plus qu’Erdogan rêve de défaire la guérilla kurde qu’il considère comme étant une menace pour son pays car même si, cette fois-ci, le PKK a nié toute responsabilité dans l’attentat d’Istanbul, il avait, très souvent, par le passé, revendiqué les attaques sanglantes qui avaient eu lieu en territoire turc ; ce qui laisse à Erdogan la possibilité d’invoquer la légitime défense en s’appuyant sur l’article 51 de la Charte des Nations-Unies.  

Mais les menaces, sans cesse répétées par le président turc, inquiètent fortement la Russie et les Etats-Unis, qui sont impliquées, tous les deux, dans la guerre qui déchire la Syrie puisque les forces syriennes sont soutenues militairement par Moscou alors que les Unités de Protection du Peuple (YPG) qui, en étant une composante essentielle du PKK sont considérées comme terroristes, par Ankara, bénéficient de l’appui de Washington dans leur lutte contre les jihadistes.

C’est à ce titre qu’après avoir déclaré, ce lundi, que son pays continuera à « s’opposer à toute action militaire non coordonnée en Irak qui viole la souveraineté [du pays] », le porte-parole du département d’Etat américain, Ned Price, a appelé « à la désescalade en Syrie pour protéger les civils et soutenir l’objectif commun de vaincre l’Etat islamique » et que, par la voix de Dmitri Preskov, le porte-parole de la présidence russe, le Kremlin, qui affirme comprendre « les préoccupations de la Turquie relatives à sa propre sécurité », a invité Ankara à se garder de « tout recours excessif à la force » en Syrie et appelé « toutes les parties à éviter toute initiative qui pourrait mener à une grave déstabilisation de la situation globale ».

Et si, par ailleurs, en emboitant le pas aux russes et aux américains, Berlin et Paris ont appelé, ce lundi, Ankara à agir de façon « proportionnée » et à « manifester davantage de retenue », il y a lieu de signaler que, face à cette levée de boucliers, la Turquie s’est empressée d’exiger des Etats-Unis, qu’ils arrêtent leur « soutien » aux YPG qui, comme l’a affirmé, le lendemain, le ministre turc de la Défense, Hukusi Akar, sont un mouvement terroriste au même titre que le PKK.

Cette situation va-t-elle déboucher sur des négociations de paix tel que l’espère la communauté internationale ou sur un dialogue de sourd où le grondement des canons aura le dernier mot ?

Attendons pour voir…

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