Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi
A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a profité de la tenue de la session de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations-Unies pour dénoncer « l’inquiétante course aux armements qui se prépare » et pour s’engager « à faire tout ce qui est en (son) pouvoir pour mobiliser les pays autour de la nécessité de faire disparaître ces engins de destruction de la surface de la Terre » et ce, d’autant plus qu’ « à la faveur de la modernisation des arsenaux nucléaires, ces armes deviennent plus rapides, plus précises et plus furtives ».
Considérant qu’il s’agit-là d’une « pure folie » en ce moment où la guerre en Ukraine a réveillé les craintes de l’utilisation de l’arme atomique, le dirigeant onusien, qui n’a nommé aucun pays, a appelé à « renverser la vapeur » car au vu de l’accroissement des tensions géopolitiques, les arsenaux nucléaires de plusieurs Etats ont non seulement augmenté mais ont été modernisés pour être encore plus performants donc plus destructeurs.
En saisissant la balle au bond, Kim Song, l’ambassadeur de la Corée du Nord auprès de l’ONU, a déclaré, mardi dernier, à la tribune de la 78ème Assemblée générale des Nations-Unies, que la péninsule coréenne est « au bord d’une guerre nucléaire » du fait des actions « imprudentes » et de « l’hystérie continue des Etats-Unis et de leurs alliés en termes de confrontation nucléaire ».
Toutes ces raisons ont poussé le diplomate nord-coréen à dénoncer la « situation dangereuse » née, à la fois, du désir de Washington de « parfaire (son) ambition hégémonique par tous les moyens en surestimant (sa) puissance » et du fait qu’en étant « obsédée par la soumission volontaire aux Etats-Unis et par une confrontation fratricide », la Corée du Sud « cherche(rait) à imposer le fléau d’une guerre nucléaire ».
Les propos du représentant de Pyongyang à l’ONU ont été corroborés par le fait que le plus grand défilé militaire de ces dix dernières années, organisé par la Corée du Sud à Séoul, à l’occasion de la « Journée des Forces Armées », a vu la participation de quelque 4.000 soldats sud-coréens et de près de 300 soldats d’une unité de combat américaine.
Mais si l’édition 2018 de ce défilé avait été beaucoup plus sobre que l’actuelle car le président de gauche de l’époque, Moon Jae-in, poursuivait une politique de rapprochement avec Pyongyang, il y a lieu de signaler qu’au cours de cette dernière manifestation, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol, a menacé de s’en prendre directement à la Corée du Nord en déclarant que si cette dernière venait à « utilise(r) des armes nucléaires, son régime sera stoppé par une réponse écrasante de l’alliance américano-sud-coréenne ».
Tous ces signaux ne faisant que confirmer que la baisse du nombre d’armes nucléaires détenues par de nombreux pays relève d’un passé révolu et que la course aux armements va bon train quand même le régime iranien qui continue de clamer haut et fort qu’il ne cherche toujours pas à « fabriquer » sa « bombe atomique », dispose de stocks d’uranium enrichi qui dépassent amplement les niveaux autorisés par l’accord de Vienne encadrant ses programmes nucléaire et balistique, c’est donc que la dénucléarisation du monde et, surtout, celle de la péninsule coréenne, n’est plus qu’un slogan creux et sans réelle portée mais attendons pour voir…