Arrestation du leader de l’opposition tanzanienne

Nabil El Bousaadi

Freeman Mbowe, le leader de «Chadema», le principal parti d’opposition en Tanzanie, a été interpellé la semaine dernière dans la nuit de mercredi à jeudi vers 2 h 30 avec dix de ses proches au moment où il regagnait son hôtel à Mwanza et se préparait à organiser, dans la journée, une manifestation appelant à une réforme de la Constitution.

Mais si cet appel lancé en dépit de l’interdiction de tout rassemblement n’était point du goût de la présidente Samia Suluhu qui estime qu’il serait plus judicieux de s’atteler à une relance de l’économie bien mise à mal par la pandémie plutôt qu’à une révision de la Constitution, les raisons de l’arrestation du leader de l’opposition sont, en réalité, d’une autre nature car comme l’a affirmé, dans un communiqué, David Misime, le porte-parole de la police tanzanienne, Freeman Mbowe est accusé d’avoir « préparé des actes de terrorisme et notamment l’assassinat de responsables du gouvernement».

Mais, en affirmant, dans un communiqué publié par son parti, que «le fait de demander une nouvelle Constitution (lui) a valu d’être accusé de terrorisme»,  le leader de «Chadema», s’est dit «prêt à répondre à ces accusations inventées de toutes pièces» et «à faire comprendre la vérité» sur la vie que mènent les tanzaniens.

Aussi, en considérant que cette arrestation qui, aux dires du directeur de communication du leader de l’opposition,  a été effectuée par « une armée d’officiers de police » après que ceux-ci aient perquisitionné son domicile et saisi son ordinateur ainsi que d’autres équipements appartenant à sa famille, est la preuve «que la dictature qui existait sous le règne du Président John Magufuli se poursuit», les responsables de « Chadema » ont condamné « avec la plus grande fermeté, la répression des droits des tanzaniens » quatre mois après l’accession de Samia Suluhu à la magistrature suprême de la Tanzanie. En outre, si les représentants de l’opposition savent que les personnes qui ont été interpellées en compagnie de Freeman Mbowe sont détenus au commissariat de Mwanza, ils ignorent, en revanche, où se trouverait leur leader.

Raison pour laquelle, le porte-parole de la police tanzanienne tiendra déclarera que les allégations selon lesquelles Freeman Mbowe aurait été arrêté pour avoir voulu organiser un meeting sont dénuées de tout fondement puisque, comme l’avait précédemment affirmé, Ramadhan Ngh’anzile, le commandant régional de la police, cette interpellation a fait suite à l’organisation d’une réunion «interdite» en raisons des restrictions sanitaires.

Mais, si Washington a estimé, dès le lendemain, que ces arrestations sont « très inquiétantes », Flavia Mwangovya, la directrice-adjointe d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est les a jugé comme étant « arbitraires » et constituant la preuve d’un «mépris de l’Etat de droit et des droits humains dont le droit d’expression et d’association». Aussi, la dirigeante d’Amnesty International a-t-elle  exhorté les autorités tanzaniennes à « arrêter de cibler l’opposition et d’essayer de restreindre l’espace dans lequel elle peut opérer».

Ces dénonciations et cet appel seront-ils entendus par la nouvelle présidente de Tanzanie qui, depuis sa prise de fonction à la suite du décès du président John Magufuli, en mars dernier, s’était dite prête à amorcer une rupture avec son prédécesseur et à défendre la démocratie et les libertés fondamentales ?

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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