Attaque du Mossad contre un site militaire iranien

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

« Un acte lâche a été mené aujourd’hui pour rendre l’Iran moins sûr » a déclaré, devant la presse, le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, avant d’ajouter que « de telles actions ne peuvent affecter la volonté [des experts iraniens] pour le développement du nucléaire pacifique ».

L’attaque, dont il a été fait mention par le ministre iranien des Affaires étrangères a visé « une usine de fabrication de munitions » située dans le nord de la ville d’Ispahan, une grande ville du centre du pays, samedi vers 23h30, heure locale. Menée par trois hélicoptères et quatre drones munis de rotors, cet attentat dont la responsabilité incomberait à l’Etat hébreu, a provoqué « des dégâts mineurs à la toiture » d’un bâtiment d’un complexe militaire mais n’a pas fait de victimes, aux dires du ministre iranien de la Défense.

D’après un communiqué de l’Agence Irna, le moins endommagé des drones ayant servi à cette opération aurait « été remis aux forces de sécurité stationnées dans le complexe » et une vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux, mais dont l’authenticité n’a pas été confirmée, montre que le site en question a fait l’objet d’une grande explosion.

Aussi, dans la déclaration qu’il a faite à l’Agence Mehr, le député Mohammad-Hassan Assafari, s’en est pris aux « ennemis » de la République islamique qui, par de tels actes, chercheraient à « perturber les capacités défensives du pays ».

Le timing de cette frappe n’est pas fortuit dès lors qu’elle a eu lieu après la visite effectuée, la semaine dernière, en Israël, par William Burns, le chef de la C.I.A. et durant laquelle les deux parties avaient discuté de la situation en Iran, avant l’arrivée en Israël du Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken pour sa première rencontre avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou depuis son retour au pouvoir mais, surtout dans un contexte particulièrement tendu du fait, notamment, du mouvement de contestation qui s’est emparé de l’Iran après la mort de Mahsa Amini le 16 Septembre dernier, des divergences qui persistent encore à propos du dossier concernant le programme nucléaire iranien et, enfin, parce que les autorités de Téhéran ont été accusées, par plusieurs chancelleries occidentales, d’avoir livré à l’armée russe les drones qu’elle utilise dans sa guerre contre l’Ukraine.

S’agissant du dossier concernant le nucléaire, il y a lieu de rappeler que les négociations qui avaient été entamées à l’effet de relancer l’accord signé, à Vienne, en Juillet 2015, entre l’Iran, les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité et l’Allemagne, au titre de l’encadrement du programme nucléaire iranien, sont au point mort depuis 2018, date à laquelle, après avoir dénoncé cet arrangement, les Etats-Unis s’en étaient retirés.

Mais alors que cet accord avait pour objectif d’empêcher l’Iran de se doter de l’arme atomique, sa dénonciation par les Etats-Unis a donné, à Téhéran, la possibilité de se doter de l’arme nucléaire sans recourir à l’aide de tiers si bien que, dès Avril dernier, les autorités iraniennes avaient commencé à produire de l’uranium enrichi à 60% sur le site de Nataz et ne s’en étaient pas cachés. Or, plus le temps passe, plus la République islamique se rapproche des 90% nécessaires à la fabrication d’une bombe nucléaire.

Aussi, l’opération de ce samedi est loin d’être un acte isolé et entre dans le cadre de la poursuite des opérations que mène, depuis plusieurs années déjà, l’Etat juif contre la République des Mollahs sous les formes les plus diverses : cyberattaques, actes de sabotage, assassinat de scientifiques iraniens…

C’est dans ce cadre, d’ailleurs, qu’en 2020 et 2021, plusieurs attaques perpétrées par les agents du Mossad, les services secrets israéliens, avaient visé les centres de recherche de Natanz et de Karaj et qu’un attentat à la mitrailleuse commandée par satellite avait même permis, à l’Etat hébreu, d’assassiner l’éminent chercheur iranien Mohsen Fakhrizadeh.

C’est à croire qu’en profitant de la grogne populaire qui secoue l’Iran, depuis Septembre dernier, l’Etat hébreu a décidé de faire feu de tous bois pour régler ses comptes avec le régime des Mollahs mais attendons pour voir…

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