Destinées

Bons baisers de Bucarest. Journée exceptionnellement ensoleillée qui, selon les Bucarestois, a permis de manger en terrasse  un «samale cu mamaliga», des feuilles de choux farcies avec de la viande hachée servie sur de la semoule de maïs, après quelques bouchées de «zacuscă», de «Fasole alba» et de «vinete cu ceapa». Autrement dit du «zaalouke», une ratatouille allégée de tomates, oignons et poivrons, d’une purée de haricots blancs et de l’aubergine avec des dés d’oignon cru. Il ne manquait que la citrouille pour que le doukkali qui sommeille en chaque spécimen de l’espèce humaine soit satisfait.

Selon mon hôte, le restaurant est une ancienne maison bourgeoise construite selon le style Brancovenesc. Dans le centre de la ville, capitale de la Roumanie, tout parait en standby après le violent passage de la «stengia» à la «drapta». Même le bâtiment de la radio avec ses colonnades est encore dans son état saccagé sans qu’il suscite reprise ou aménagement.

La Roumanie est membre de l’Union européenne mais attend la levée d’un véto pour être admise dans l’espace Schengen. Elle devrait joindre la zone euro mais cela a été repoussé à 2019 pour causes économiques. La privatisation a fait son œuvre et le secteur industriel est en perdition. Des quartiers entiers restent à réaménager, si la spéculation aussi bien immobilière que politique le permet.

Bucarest reste une capitale où la promenade est possible dans des parcs où la verdure calme le regard et où la circulation est loin de provoquer du vacarme. Ville aussi de musées. C’est en visitant celui des Cartes et Anciens Livres, à quelques encablures de la Strada Rabat, que l’envie de parcourir l’avenue de l’Unité Nationale, drapeau marocain à la main vous tient. Ban Ki Moon aurait dû faire un tour dans ce musée de la capitale roumaine pour comprendre l’attachement indéfectible des Marocaines et des Marocains à leur intégrité territoriale. Il aurait pu constater de visu, sur une carte de l’Afrique, le morcellement subi par le territoire marocain, par le colonialisme européen.

En tant que Secrétaire Général des Nations Unies, il œuvrerait alors à rétablir le Maroc dans son droit, à consolider la paix et le bon voisinage entre les Etats de la région. Dans l’attente de ce que le Conseil de Sécurité décidera, il ne faudrait pas se tromper de victime. Le comportement du plus grand fonctionnaire des Nations Unis, et lui seul et non l’ONU, ne peut être qualifié de digne par rapport à la fonction et au rôle qui lui incombe. Qui vivra verra !

Les cartes historiques sont aussi des œuvres d’art, et pour veiller sur elles il faudrait être soi-même artiste. C’est le destin d’un jeune homme jovial et enthousiaste car il a pu vaincre la maladie du cancer en vivant sa passion.

D’ingénieur électromécanicien, il passe son droit et devient avocat, se fait diplômé en littérature puis passe aux beaux-arts pour assumer convenablement le quotidien. Travaillant divers matériaux, il sculpte, fait de la gravure et partage son temps entre le musée des cartes historiques et livres anciens et la préparation d’un doctorat sur l’évolution du cadastre agricole et des propriétés terriennes. Son parcours est une preuve de cette lutte quotidienne de l’espèce humaine pour se parfaire et s’assumer. A la lutte des classes, qu’il semble ignorer pour le moins que l’on puisse dire, il préfère ses envolées sur la biographie des monarques roumains dont il est nostalgique. Tranche de vie ou vie en tranches, à chacun sa destinée.

Celle du Secrétaire général du PPS semble, selon le témoignage d’un observateur averti, incarner «sur la scène quotidienne, l’engagement du PPS comme porteur d’un projet politique collectif pour notre pays et de notre pays dans le monde». Si «le bon fonctionnement d’une organisation politique est tributaire de la cohésion autour de son  leader» ajoute le témoignage établi en marge du dernier Comité Central du PPS, Nabil Benabdallah «est en position de solliciter l’appui de tous ses camarades, sans craindre une sourde méfiance due à leur inquiétude diffuse sur l’orientation du parti(…)C’est, donc, sur des objectifs politiques que se concentrent les attentes (plus ou moins explicites) de la base  du PPS vis-à-vis de sa direction… Le choix des mots d’ordre pour la future campagne électorale sera l’élément décisif de l’avancement du PPS. Le fil rouge pour l’identification de ces mots d’ordre est l’écoute des problèmes réels des femmes, des jeunes, des agriculteurs, des salariés et de l’ensemble des citoyens vulnérables (personnes âgées ; handicapés) ou non (entrepreneurs, travailleurs indépendants, universitaires, cadres, artistes et intellectuels)»  … et des conséquences du changement climatique, même s’il a fait(anormalement) beau à Bucarest!

Mustapha Labraimi

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