Feedback

Après les élections communales de septembre 2015, la mise en place des conseils communaux et la tenue d’au moins deux sessions plénières publiques du conseil communal, dont celle qui concerne l’adoption de son budget, l’interpellation d’une partie de la jeunesse à ce sujet ne peut être évacuée en l’ignorant.

Exprimé beaucoup plus à travers les réseaux sociaux, ce que ressent une partie de la jeunesse se retrouve sous forme d’amertume, de déception, de colère et d’un sentiment de découragement sournois qui augure la démobilisation.

Les réseaux sociaux permettent d’étaler la «chouha» surtout par l’image. La fraude dans le revêtement des routes s’est ainsi illustrée en menant un jeune de Shaim en prison, alors que d’autres élus ont pointé du doigt les différents goudrons mis en place par certains soumissionnaires du marché public peu enclins à respecter la qualité, voire les normes tout simplement.

Les partis politiques, sans aucune distinction, en prennent plein la figure, souvent à tort, et surtout par méconnaissance. C’est là une méprise qui a tendance à se propager comme du feu dans la paille. A ne pas faire attention, on se retrouvera dans un désert organisationnel où tout, comme rien, est possible. L’adresse intéresse les tenants de la consolidation du processus démocratique dans le pays, les autres «mangent» autant qu’ils peuvent à ce râtelier et à d’autres, sans se soucier de changements positifs pour la communauté, et encore moins de sa stabilité.

Sujet récurrent, la formation des majorités soulève des interrogations dont le tort est de faire abstraction du rapport de forces, notamment celui mis en place par les urnes. Entre le choix du maintien d’une ancienne majorité dont le chef, président du conseil communal, incarne la dépravation et la formation d’une nouvelle majorité au sein de laquelle certain(e)s ne sont ni à leur première expérience ni en odeur de sainteté, mais qui s’engagent dans le renouvellement de la gestion communale et sa mise en œuvre pour le bien de la population, le choix est fait. Encore faut-il ne pas se laisser manipuler et ne point pratiquer la politique par télécommande !

Il reste que tout ne peut se faire entre deux sessions du Conseil communal et que «mettre de l’ordre, apurer et assainir» ne relève plus du discours électoral mais se trouve confronté à la réalité complexe du vécu. La pratique du «tout ou rien», celle de l’anathème ; l’usage de l’insulte et de la diffamation (à travers les réseaux sociaux et sous des appellations anonymes), vouloir imposer «sa» vision des choses par une manifestation tonitruante, ne constituent pas une méthodologie adéquate pour aider le conseil communal à délibérer sereinement et à prendre les mesures qui s’imposent.

Certes, pour user des métaphores, le bêlement des agneaux ne fait pas peur aux chacals, et ceux qui se comportent comme tels pleurent souvent avec le berger. Cela reste insuffisant, à défaut d’une mobilisation responsable autour d’un programme à même d’améliorer le vécu quotidien de la population.

A cette partie de la jeunesse, qui croit ne pas être entendue, de le faire. A eux de s’engager dans les partis politiques ; ils arriveraient de mille manières, si ce n’est en une, à débattre de ce qui les préoccupe et à canaliser au préalable les décisions au bénéfice de la population avec les élus.

Le rôle de la tutelle est important. Il est même prépondérant. L’autorité locale ou régionale n’a aucun intérêt à laisser des «abcès sociaux» se développer, alimentés dans leur exaspération par la marginalisation et la paupérisation. Le ressenti des populations envers la démocratie et sa pratique est aussi un facteur de stabilité.

Car à défaut de rétroaction positive et mobilisatrice, la politique rend l’âme et laisse la place au vide réactionnaire et déstabilisateur. C’est par ce feedback que la confiance se consolidera.

Mustapha Labraimi

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