RABAT

Rabat s’est vue élargir les avenues qui la structurent. Des vues se sont ainsi dégagées et des perspectives intègrent l’environnement à travers les palmiers nouvellement plantés et les lampadaires fraichement installés. Ce dégagement, en reprenant parfois le domaine public précédemment occupé, a permis à la circulation de s’éclaircir malgré ces rondpoints circulaires où le triangle rouge renversé vous retire la priorité pour la donner à la voiture déjà engagée dans le sens giratoire. Certain(e)s regrettent déjà les feux mais ils/elles s’y feront.

Le problème qui reste patent est celui du stationnement. Les deux côtés des avenues sont occupés par un chapelet de voiture, pare-chocs sur pare-chocs.

La corniche affrontant les vagues de l’Atlantique est encore en chantier. Une remarque, dores et déjà, s’impose : le «Poubellien», ce tout venant des remblais, a pris la place du Quaternaire. Des coupes géologiques de cette ère ne se retrouvent plus à l’affleurement, ensevelies sous les matériaux et les gravats provenant des démolitions. La côte rocheuse ne présente plus le même couvert des algues ni la même bionomie décrits au siècle précédent. Les aménagements, la présence humaine et ses rejets ont certainement impacté la répartition de la faune et de la flore.

La rive droite du Bouregreg n’offre plus cette slikke et ce schorre caractéristiques des estuaires. Ils ont été remplacés par des agglomérations, une marina et un pavage des berges pour les protéger. La citadelle des Oudayas doit se sentir à l’étroit sans la préservation de ces espaces naturels où le Bouregreg venait se jeter dans l’océan.

Yacoub El Mansour, cantonné par la ceinture verte, s’étale parallèlement à la côte en avançant ses pseudopodes bétonnés qui font poser plus qu’une interrogation sur l’avenir de ces bosquets. La littoralisation est en cours et ce n’est pas la station d’épuration nouvellement installée qui suffira pour assainir! La baignade risque de coûter cher aux alentours; sans parler de la consommation des moules qu’aucune initiative n’est venue prendre en charge. Il faudrait attendre la construction d’un mall au voisinage des points de vente actuels à proximité de l’oued Yquem pour que cela puisse se faire à l’instar de ce qui a été fait à Casablanca.

Les autres composantes urbanistiques, Youssoufia, Mabella, Attakadoum, Annahda gardent leur aspect traditionnel de cités dortoirs avec une animation spécifique, leurs souks et leurs commerces où le mouvement brownien anime tout ce qui bouge. Le quartier Hassan se prolonge par le tramway vers l’Agdal et les hauteurs de Hay Riyad.

C’est là que le «pampus» a été déclaré. Élixir issu de l’alchimie des réunions brumeuses fortement arrosées, il ne provoque l’enthousiasme que de ceux qui l’ont conçu. Les autres ne croient pas à l’avènement de l’événement, à moins que cela ne soit l’acte de mort d’une certaine politique, celle qui avait les forces populaires pour moteur!

C’est là aussi que Rabat enterre ses lignes de haute tension électrique sans pour autant que la tension diminue au sein du conseil municipal de la ville. La cause serait en relation avec la distribution d’un trop plein accumulé et la mise à la retraite d’un certain nombre d’agents. Sans parler des échanges verbaux peu amènes, les muscles ont commencé à se tendre suite à l’absence de sagesse ou de pondération cérébrale, fût-elle théorique. De ces divagations, on ne saura rien ou presque, puisque les cavaleries «web» des deux partis politiques en confrontation se sont contenues de faire monter la mayonnaise comme elles l’ont fait dans d’autres cas.

Les protagonistes de cette arène semblent s’échauffer pour la campagne des législatives 2016. Ils ne pourront pas utiliser les services de la VoIP puisque par une entente égoïste et non légitime, les Marocaines et les Marocains sont privés de ce moyen de communication. La décision enveloppée par une position arbitrale fait tort au Royaume du Maroc et à son image, tout cela pour quelques poignées de dirhams …

Comme le processus démocratique qu’il faut à chaque moment consolider, Rabat reste un «projet inachevé» pour lequel il faut, chaque jour, lui assurer une réalisation à un niveau acceptable de réussite.

Mustapha Labraimi

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