Rouge et Vert

Le seul «développement des forces productives» n’est plus suffisant pour assurer le bien-être de la population d’un pays qu’il soit émergent, développé ou en voie de l’être. C’est l’évidence à laquelle sont confrontés de plus en plus toutes et tous les militant(e)s de l’idéal socialiste.

Le respect de la nature et la maîtrise de l’exploitation de ses ressources dans le cadre d’un «développement inclusif, durable et résilient» sont devenus obligatoires, car imposés par le degré de la dégradation du biotope de l’espèce humaine, là où elle se trouve.

Ce constat ne date pas de ce jour. Il y a presque un demi-siècle que «l’environnement» est devenu un enjeu comme science, politique et prospective. Toutefois, les travaux de la COP21 à Paris et les assemblées qui l’ont juste précédée, ont montré l’urgence (tout au moins pour celles et ceux qui ne l’ont pas fait jusque-là) de penser autrement le changement de la société afin d’établir un système «où la communauté toute entière possédera et administrera démocratiquement, dans son propre intérêt, les moyens et instruments de production et de distribution des richesses».

Le constat est patent. Il relève l’imminence du danger pour la planète Terre, en relation avec la perturbation du climat terrestre suite aux activités humaines, l’expansion de la pollution suite aux dérives de la société de consommation qui se généralise par la mondialisation et la globalisation, le maintien des inégalités entre les pays et au sein de chacun d’eux, l’incapacité du capitalisme, malgré son hégémonie, à combattre la pauvreté, la faim et à assurer à l’ensemble de l’humanité une bonne santé, une éducation de qualité, une eau potable, une nourriture saine, un logement convenable, l’égalité, la justice sociale et la paix.

Ainsi, «dans le développement des forces productives, il arrive un stade où naissent des forces productives et des moyens de circulation qui ne peuvent plus être que néfastes dans le cadre des rapports existants et ne sont plus des forces productives, mais des forces destructives (le machinisme et l’argent)», affirmaient Marx et Engels dans « l’Idéologie Allemande».

Il reste donc à déterminer les modalités de l’action pour régler «la question écologique» autant que celle de «l’exploitation de l’homme par l’homme» dans l’étape historique où se situe notre société avec ses atouts et ses contraintes.

Globalement, cela nécessite la mise en œuvre d’une autre «civilisation» basée sur les énergies renouvelables et propres et où les modes de production et de consommation sont en parfaite corrélation avec les besoins des populations et non avec «les lois du marché». Des pratiques agricoles vertueuses sans ces « …..cides » qui tuent, mais du «bio». La protection de l’environnement marin, de sa biodiversité et la régénération des ressources halieutiques. Une industrie où les entreprises ont le sens de leur responsabilité sociale. Un urbanisme rural et une ruralité urbaine qui feraient des agglomérations des havres exempts de mal vie. Un transport public confortable, sécurisé, ponctuel et efficient. Une éducation et une formation qui permettent le plein emploi et le développement du civisme, de la tolérance et de l’esprit critique. Un tourisme responsable. Une gestion des déchets avec des paysages et une atmosphère propres. De la culture, du sport …. Et de la bonne gouvernance!

Où en est le Maroc et comment devrait-on adjoindre aux objectifs liés à l’édification de l’état national démocratique et moderne l’engagement lié à la durabilité des activités humaines dans le Royaume?

Si le développement des énergies renouvelables est bien engagé, il reste encore à déterminer un aménagement du territoire libre de toute entrave et dont la mise en œuvre aurait pour objectifs l’élimination des disparités entre les nouvelles régions d’une part, le rural et l’urbain, le centre et sa périphérie d’autre part. Le reboisement des versants est une nécessité. Combattre la désertification est une contrainte. La gestion de l’eau et la protection de la ressource hydrique du gaspillage et de la pollution, la gestion des déchets solides et liquides constituent encore des approches théoriques que des pratiques encadrées. La pollution de l’air ne peut être éliminée sans le développement d’un transport public qui répond efficacement aux besoins de la population. L’habitat devrait se libérer de la spéculation, de la verticalité, de l’exiguïté et de la malfaçon. Les plans sectoriels (agriculture, pêches, industrie, tourisme …) devraient être révisés dans le cadre de la durabilité et leur intégration dans une planification à plus ou moins long terme.

En une phrase, comme en mille autres, il faut consolider et promouvoir toute action pour satisfaire les besoins de la population et assurer leur bien-être en prenant en considération l’ensemble des facteurs objectifs et subjectifs de cette action. C’est toujours la Révolution Nationale Démocratique en marche aux couleurs du drapeau national.

Mustapha Labraimi

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