Autriche: Le come-back de Sebastian Kurz…

Quatre mois après son départ suite à un scandale de corruption, l’ancien chancelier et leader conservateur autrichien Sebastian Kurz, 33 ans, a signé, ce dimanche, son retour sur la scène politique en remportant les élections législatives avec 37% des suffrages selon les premières estimations, améliorant ainsi de six points sa «performance» de 2017 qui, on s’en souvient, n’avait pas résisté aux révélations compromettantes de l’Ibizagate.

Pour rappel, sa première alliance gouvernementale avec le FPÖ en 2017 avait volé en éclats en mai dernier et après 18 mois d’existence quand son numéro deux avait été piégé par un enregistrement vidéo le montrant dans une villa à Ibiza proposant des marchés publics à une fausse oligarque russe moyennant finances.

Mais avec sa victoire en demi-teinte de ce dimanche, l’ancien chancelier autrichien qui séduit autant qu’il dérange, aura besoin de trouver un allié pour gouverner. Or, cette fois-ci Sebastian Kurz fait face à une constellation politique inédite. Et là,  c’est la porte ouverte à moult difficultés car même si son parti ÖVP est en position de force, rien n’indique, pour l’heure, que ses alliés potentiels vont accepter de l’épauler pour gouverner.

Aussi, s’est-il lui-même interdit de donner ce dimanche un quelconque indice sur l’alliance gouvernementale qui aurait sa préférence et ce, d’autant plus que l’extrême-droite FPÖ – qui fut son alliée dans son précédent gouvernement – a été le plus grand perdant du scrutin de ce dimanche. Ayant essuyé vote-sanction du fait du tristement célèbre «Ibizagate», l’extrême-droite aurait perdu près de 10 points et enregistré, ainsi, son plus faible score depuis 2002 ; ce qui la mettrait d’emblée dans «l’opposition».

Sauvés par la mobilisation internationale sur l’urgence climatique, les Verts qui avaient été sortis en 2017 du Parlement autrichien avec moins de 4% des suffrages exprimés ont été crédités de 13% à 14% des voix. Aussi, leur  fulgurante progression pourrait-elle bien pousser Kurz à s’appuyer sur eux pour tenter «de prendre le train de l’écologie en marche tout en neutralisant la vague verte» comme l’affirme le politologue Thibault Muzergues.

Mais, pour s’allier aux Verts, l’ancien chancelier devra opérer un virage à 180 degrés et courir ainsi le risque d’y laisser des plumes car le chef des verts autrichiens qui exigerait de sa part «un changement politique radical» lui réclamerait beaucoup plus d’engagements sur les questions de «l’environnement», de «la lutte contre la corruption» et de «l’éradication de la pauvreté» notamment.

Considérant donc que ni les Verts ni le FPÖ n’ont montré, ce dimanche, un quelconque engouement à gouverner avec celui «qui a imposé une ligne dure sur l’immigration et fait du refus de nouveaux impôts l’un de ses marqueurs idéologiques», rien n’est joué pour l’heure. Alors, attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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