Biden s’engage à défendre militairement Taïwan

Nabil El Bousaadi

En rappelant, dans une interview accordée, ce dimanche, à la chaîne CBS, que la position de son pays à l’égard de Taïwan n’avait pas changé, le président américain Joe Biden a confirmé que les Etats-Unis se tiennent prêts à défendre ce territoire s’il venait à être envahi par la Chine tout en soulignant, néanmoins, que, par de telles affirmations, il n’entend pas « encourager » l’île à déclarer son indépendance formelle car c’est à elle et à elle seule qu’il appartiendra de décider.

Or, pour, Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, les propos du président américain constituent « une grave violation de l’engagement important des Etats-Unis à ne pas soutenir l’indépendance de Taïwan » dès lors qu’ils envoient « un mauvais signal (aux) « forces séparatistes qui militent pour l’indépendance de Taïwan » qui pourraient l’assimiler à un soutien ferme et sans équivoque.

Pour rappel, en mai dernier, Joe Biden avait agacé Pékin lorsqu’il avait déclaré que les Etats-Unis interviendront militairement en cas d’attaque de Taïwan par la Chine mais s’était vite rétracté en réaffirmant l’attachement des Etats-Unis à cette « ambiguïté stratégique » grâce à laquelle en s’abstenant, depuis des décennies, de dire s’ils interviendront ou pas en cas d’invasion de Taïwan par la Chine, ils ont pu maintenir une certaine stabilité dans la région.

Mais en estimant que c’est à Pékin et à Taïpeh qu’il revient de trouver une solution, les Etats-Unis qui ne reconnaissent pour seul gouvernement que celui de Pékin, restent « en accord avec ce [qu’ils ont] signé, il y a longtemps » et s’opposent fermement à tout changement du statu quo par la force.

Les propos du président américain sont intervenus après un rapprochement très significatif entre les Etats-Unis et Taïwan puisque le projet de loi qui prévoit d’accorder à l’île « rebelle » une aide militaire directe a franchi, ce mercredi, une étape-clé au Congrès après que quelques jours auparavant Washington ait annoncé la vente de 1,1 milliard de dollars d’armes à Taïwan.

Et après que la visite effectuée à Taïwan, en Août dernier, par la cheffe de la Chambre des représentants des Etats-Unis, Nancy Pelosi ait poussé Pékin à lancer les plus importantes manœuvres militaires de son histoire autour de l’île, il n’en fallait pas plus pour soulever l’ire de Pékin qui considère Taïwan et ses 23 millions d’habitants, comme étant une « province rebelle » qui, après s’être détachée de la Chine continentale à l’issue de la guerre civile de 1949, devra, à plus ou moins brève échéance et « quoiqu’il en coûte », être réincorporée au reste du pays.

D’ailleurs, la pression n’en a été que plus forte avec l’arrivée, il y a dix ans, aux commandes de l’Etat, du président Xi Jinping qui considère que l’ « unification » de Taïwan rentre dans le cadre de son projet de « grand rajeunissement » de la Chine et la tension a atteint son paroxysme le mois dernier lorsque, pour dénoncer la venue de Nancy Pelosi à Taïwan, la Chine avait entrepris ses plus importants exercices militaires autour de l’île si bien qu’à en croire le ministère japonais de la Défense, quatre des cinq missiles balistiques qui avaient été tirés par Pékin avaient «survolé l’île de Taïwan » et étaient tombés dans la Zone Economique Exclusive (ZEE) du Japon.

Visant, selon l’agence officielle « Chine Nouvelle », à simuler un « blocus » de l’île et incluant « l’assaut de cibles en mer, la frappe de cibles au sol et le contrôle de l’espace aérien », ces opérations avaient été menées par 22 avions de combat chinois qui, après être brièvement entrés dans la zone de défense aérienne de Taïwan, avaient été traqués par les systèmes de défense anti-aériens taïwanais.

Mais en invoquant la menace que ces exercices militaires ont fait peser sur la sécurité de l’Asie de l’Est, le porte-parole du ministère taïwanais de la Défense, qui avait fustigé « un acte irrationnel visant à défier l’ordre international », les avait immédiatement dénoncés au motif que « certaines des zones des manœuvres empiètent sur (…) les eaux territoriales de Taïwan ».

Aussi, en réponse aux actions « provocatrices » et « déstabilisatrices » de la Chine (incursions aériennes massives et tirs de missiles) visant à renverser le statu quo concernant la situation de l’île, Washington entend, non seulement, consolider ses liens commerciaux avec Taïwan mais, également, renforcer sa présence militaire dans la région.

Autant de faits qui font craindre un embrasement de la région – ce dont le monde n’a vraiment pas besoin à l’heure qu’il est – mais attendons pour voir…

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