Bienvenu

Le nouveau président de la République Française est en visite officielle au Royaume du Maroc. Pour parapher la phrase d’un éminent de ces prédécesseurs dans la fonction, on dira «Ici, vous êtes, Monsieur le Président, par excellence le Bienvenu». On y ajoutera, sincèrement, les salutations les plus déférentes.

Les relations bilatérales entre nos deux pays sont «traditionnellement excellentes» et les brouilles conjoncturelles sont dépassées par les contacts à haut niveau. On arrive toujours à savoir raison garder dans «l’atmosphère passionnelle» car on ne peut oublier, de part et d’autre, l’essentiel dont le socle est constitué par les relations économiques et l’importance des relations culturelles.

Comme vous pouvez le constatez, Monsieur le Président, le Royaume du Maroc vit la même crise que la République Française au sujet de la démocratie représentative ; avec une différence de taille, votre «jeu démocratique» est plus fort que le nôtre.

Ainsi; après votre élection à la présidence de la République, une majorité présidentielle très large semble vous être déjà acquise après le premier tour des législatives. Il y a là une marque de fabrique qui a failli à la méthodologie démocratique entreprise dans notre pays. Déjà par votre marche souveraine sur l’esplanade du Louvre la nuit de votre élection, à défaut du Champ-de-Mars, on devrait s’attendre à un chamboulement de la vie politique dans le pays de «nos ancêtres les Gaulois». On peut le dire sans préjugé aucun, maintenant que l’Homme d’Ighoud semble être, grâce à notre coopération scientifique dans le domaine de la préhistoire, à l’origine de l’humanité moderne.

Pour revenir à votre révolution, certains au Maroc auraient bien aimé faire de même. Vous seriez bien aimable de partager votre manière de faire ; car, sous nos latitudes, on aimerait bien combattre le népotisme et moraliser notre vie quotidienne dans le cadre d’une reconfiguration réelle, profonde et saine du paysage politique national. Il faut le dire nos partis politiques ont, dans leur très grande majorité, par «leurs propres faiblesses, … perdu leur propre attractivité, (et sont), pour reprendre un vieux mot, usés, fatigués, vieillis».

Comme il est à rappeler que la situation de «ni de droite ni de gauche» que vous préconisez, prévaut depuis belle lurette dans notre pays ; sans pour autant que notre société puisse tirer profit de ce «socle de droits sociaux» dont elle a besoin et de cette «cohésion des territoires» afin que les solidarités et l’égalité des chances soit effectives pour toutes les marocaines et tous les marocains.

De même qu’avec cette idée de «privilégier le risque face à la rente»; le secteur privé, qui ne cesse de pomper les sous du contribuable, pourrait contribuer véritablement à la relance de notre économie au lieu de la parasiter au sens biologique du terme. Les riches se sont beaucoup enrichis dan notre pays, seulement parce qu’ils sont riches. Pour le prélèvement à la source concernant l’impôt sur le revenu, permettez la remarque que cet aspect de la modernité en France est aussi vieux que la fonction publique au Maroc. L’impôt à la source, qu’il soit direct ou indirect, est inégalitaire dans notre beau pays alors que les «dépenses fiscales» ne peuvent en aucun cas, nous prévient-on, devenir des «revenus fiscaux». Cet aspect nécessite un assainissement certain et une clarification par la mise en œuvre d’une réforme fiscale juste et équitable afin qu’il puisse amener notre société à la modernité.

Votre ombre portée, Monsieur le Président, sur la vie politique française a motivée cette intervention dans votre visite au Royaume du Maroc. La seule excuse à cela réside dans «l’entremêlement de nos deux peuples, sans équivalent dans la région». C’est votre Sénat qui le dit en précisant que «les relations bilatérales qu’entretiennent la France et le Maroc sont particulièrement étroites et privilégiées». Notre avenir est commun certainement ; il le sera plus sereinement et plus durablement en répondant à ces impératifs sociaux, à ces impératifs économiques et à ses impératifs écologiques.

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