Bonjour

La transition d’une année à l’autre, quel que soit le calendrier utilisé, est toujours un moment festif et d’espoir. Entre un passé chargé et un lendemain encore à découvrir, la volonté humaine se laisse aller à vivre l’instantané.

L’attente des douze coups de minuit, pour passer d’une année à l’autre, est observée à travers les fuseaux horaires, comme si le tour de la terre sur elle-même recréait la communion disparue entre les individus de l’espèce humaine. Faut-il le rappeler encore, les sept milliards sept cent millions et plus d’habitants de la planète Terre sont issus de la même souche africaine.

Le réveil du jour de l’an retrouve le désappointement issu de la réalité des choses. L’insouciance de la nuit s’est dissipée et on se retrouve tel que l’on est; loin du désir idéalisé et proche de la réalité présente avec ses contraintes. Au contraire des lendemains qui chantent, la capacité narcissique est rongée par le doute, la crainte de l’échec et du déclassement social. Le répit observé à l’occasion n’est qu’une trêve qui ne peut se prolonger. Rien n’a changé et tout continue comme avant.

Les conditions climatiques se détériorent et l’environnement se dégrade. La mondialisation suit la globalisation dans son échec à donner du bonheur. La fragmentation du monde se répercute sur la société. A tous les niveaux de la hiérarchie humaine, l’individualisme prime sur l’intérêt général. L’information est brouillée par son trop plein. Le brouhaha planétaire enveloppe les consciences, renforce l’aliénation et le paraître surpasse l’être. Les réseaux sociaux libèrent la parole sans émanciper la personne. Ainsi va le monde, sur sa tête!

Sous nos latitudes ; entre d’une part, celles et ceux, d’en haut, qui ont la gueule de bois. Les repu(e)s qui se sont réveillés le matin pour constater le gaspi.

Et d’autre part, celles et ceux, d’en bas, qui cherchaient à s’assurer de ne pas se faire givrer par le froid ambiant, se trouve une grande masse de celles et de ceux qui veulent « monter manger la figue » mais descendent sans le faire faute de moyens. Ils s’essayent à s’égayer autant qu’ils peuvent. Certains d’entre eux veulent oublier par la chaleur communicative des breuvages la réalité du redressement fiscal auxquels ils sont soumis, d’autres se noieront dedans pour augurer la bonne année en égrenant leur capital santé. D’autres encore resteront figés devant leur télévision à voir jaillir les étoiles des feux d’artifice à travers le monde, au moment où leur progéniture se trémousse dans des boîtes mal éclairées. D’autres fuiront ailleurs pour vivre une partie de leurs fantasmes et s’assurer encore de leur différenciation sociale par rapport au populo qui leur assure leur magnificence.

Tout ce beau monde se retrouvera avec une allergie croissante au discours réaliste et pragmatique qui considère le « globalement positif » pour s’attaquer autant qu’il peut au négatif. Il condamne et en rajoute au climat de rejet qui ne cesse de s’étaler. La colère refoulée n’arrive pas à s’exprimer et donne aux événements extérieurs une banalité imprudente. Elle généralise tout sur tout et ne distingue point l’intérêt du respect des droits et des obligations. Le lit de l’abstention se renforce sans égard au nécessaire souffle nouveau réclamé. Mais au fait qui vous dit que nous sommes dans un processus démocratique ? Cela fait déjà deux décennies que l’on nous le répète!

Ainsi, celles et ceux qui ont le plus intérêt à supporter le changement positif dans la société se trouvent hors jeu alors que les forces réactionnaires se renforcent. Les jours de fête obligés ne préfigurent que des maux de tête.

C’est pour cela qu’il est préférable de vivre un bon jour, tout le long de l’année, que faire œuvre de civilité par le souhait d’une bonne année. Bonjour et bonne journée!

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