Le bras-de-fer continue entre Madrid et Barcelone…

Ce samedi est à marquer d’une pierre  noire dans l’histoire de la Catalogne parce qu’en faisant jouer, comme il l’avait promis, les dispositions de l’Article 155 de la Constitution, Mariano Rajoy, le président du gouvernement espagnol, a transféré à Madrid les prérogatives de l’administration catalane et demandé au Sénat la destitution du gouvernement indépendantiste de la région en vue de l’organisation des élections régionales dans un délai de six mois.

Aussi, pour dénoncer le coup de force opéré par Madrid et réclamer l’indépendance de leur région, ce sont près de 450.000 catalans qui ont investi, dans l’après-midi, le centre-ville de Barcelone ; une foule encore deux fois plus nombreuse que celle qui était descendu dans la rue mardi dernier après l’incarcération, pour sédition, des deux leaders indépendantistes Jordi Cuixart  de «Omnium Cultural» et Jordi Sanchez de l’Assemblée Nationale Catalane (ANC).

Les manifestants brandissaient des «esteladas» c’est-à-dire ces drapeaux «indépendantistes» rouge et jaune avec une étoile blanche sur fond bleu pendant qu’à chaque survol des hélicoptères de la police nationale, la foule faisait des bras d’honneur en leur direction et que c’est  sous les acclamations de «Président ! Président !» que Carles Puidgemont a rejoint la foule en compagnie de certains membres de son gouvernement eux aussi menacés de destitution.

Ainsi, même s’il est vrai que la société catalane était profondément divisée sur la question de l’indépendance, il n’en demeure pas moins vrai, cependant, que cette intervention «musclée» du gouvernement de Madrid semble avoir inversé la vapeur et poussé plusieurs catalans à tomber dans les bras des «indépendantistes».

«Il est temps de déclarer l’indépendance » dira Jordi Balda, un jeune de 28 ans avant d’ajouter que «l’heure n’est plus au dialogue»  alors qu’un autre manifestant dira : «Ils peuvent détruire le gouvernement, ils peuvent détruire tout ce qu’ils veulent, nous continuerons à nous battre !» et que Ramon Millol, un mécanicien de 45 ans, déclarera, de son côté, «nous nous sentons catalans; le sentiment espagnol a disparu».

La maire de Barcelone, Ada Colau, estime, pour sa part, que la destitution par Mariano Rajoy du gouvernement autonome de Catalogne «pour lequel tant de gens s’étaient battu (est) une grave atteinte aux droits et aux libertés».

Autant dire, en écoutant les propos des uns et des autres, que la mise en œuvre de l’Article 155 de la Constitution  – loin de calmer les tensions – n’aura fait qu’attiser une situation assez explosive et ramené aux esprits des catalans ces fameux décrets «annexionnistes» de sinistre mémoire que furent les «décrets de Nueva Planta» en vertu desquels le Roi Philippe V avait imposé aux anciens territoires de la couronne d’Aragon – dont la Catalogne – l’organisation politico-administrative de la Castille.

Nabil El Bousaadi

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