Bruit de bottes au Cachemire et isolement diplomatique du Pakistan…

Le Cachemire est à feu, le Cachemire est à sang… Mais ne serait-il pas plus juste de dire «le Cachemire est toujours à feu, le Cachemire est toujours à sang» étant donné que le conflit qui oppose l’Inde au Pakistan au sujet de ce territoire plonge ses racines dans le passé des deux pays, notamment depuis leur indépendance en 1947 et ce que l’Histoire retiendra comme étant la première guerre indo-pakistanaise qui avait vu le partage du territoire entre l’Inde qui administre l’Etat du Jammu-et-Cachemire, le Pakistan qui s’est approprié les régions de l’Azad Cachemire et du Gilgit-Balistan et la Chine qui exerce sa souveraineté sur l’Aksai Chin et la vallée de Shaksgam.

Ainsi, l’Inde et le Pakistan n’ont jamais cessé de se disputer au sujet du Cachemire dans un conflit qui a fait plus de 47.000 morts.

Aussi, malgré la signature entre les deux pays d’un cessez-le-feu en 2003, la tension est toujours présente, l’armée indienne toujours perçue par la population cachemiri comme étant une armée d’occupation et les échanges de tirs à la frontière entre les deux pays quasi-permanents allant même jusqu’à pousser le gouvernement pakistanais à menacer de recourir à l’arme atomique «si l’armée indienne pénètre en territoire pakistanais» et ce, alors même qu’au moment de son arrivée au pouvoir pour la seconde fois en Mai 2013, le Premier Ministre Pakistanais Nawaz Charif s’était engagé à reprendre le dialogue et à relancer avec l’Inde le processus de paix qu’il avait lui-même amorcé en 1999.

Ainsi, l’Inde reconnait avoir mené des «frappes chirurgicales» au Pakistan dans la nuit du 28 au 29 Septembre dernier le long de la ligne de démarcation qui sépare la région disputée du Cachemire soit une dizaine de jours après qu’une de ses bases militaires ait été attaquée par un groupe de rebelles non identifié et que 18 militaires indiens furent tués.

Mais si l’armée indienne déclare avoir visé des «terroristes» réfugiés dans des camps au Pakistan qui s’apprêtaient à entrer au Cachemire et dans des territoires indiens pour y perpétrer des attaques terroristes, le Pakistan prétend, de son côté, qu’il ne s’agissait pas «de frappes chirurgicales» et déclare même, par la bouche de son Premier Ministre, que ce sont bel et bien des «tirs transfrontaliers» et qu’ils constituent une «agression évidente et non provoquée des forces indiennes».

Il demeure vrai, toutefois, que les deux pays n’avaient pas connu une telle tension depuis 2001 lorsque le siège du Parlement indien avait été visé par un groupe séparatiste pakistanais poussant le ministre indien de l’intérieur de l’époque à ordonner l’évacuation des villages proches de la frontière pakistanaise. Mais il est vrai aussi que c’est la première fois que New-Delhi annonce officiellement avoir riposté en lançant une offensive sur le sol pakistanais.

Force est de constater, néanmoins, qu’avant de lancer ses fameuses « frappes chirurgicales» New Delhi était parvenu à rallier à sa cause plusieurs pays amis et à isoler diplomatiquement Islamabad en déclarant, par la voix de son ministre des Affaires Etrangères devant l’Assemblée Générale de l’ONU : «Il y a parmi nous des nations qui alimentent et exportent le terrorisme. Nous devons les identifier et les obliger à rendre des comptes».

D’ailleurs au lendemain de l’attaque perpétrée au Cachemire par les séparatistes pakistanais de nombreux pays alliés traditionnels du Pakistan ont exprimé leur solidarité avec l’Inde à tel enseigne que plusieurs chefs d’Etats ont, à l’instar du Premier Ministre indien Narenda Modi, annulé leur participation au sommet des dirigeants des pays de l’Asie du Sud prévu au Pakistan en Novembre prochain ; ce qui contribuera, à n’en point douter, à parachever l’isolement du Pakistan au sein même du sous-continent.

Nabil El Bousaadi

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