La capitale togolaise à feu et à sang…

Cela va faire deux mois que Lomé, la capitale du Togo est en effervescence. Des affrontements entre forces de l’ordre et opposants au pouvoir y ont lieu quasi-quotidiennement offrant aux passants les images de blessés par dizaines, du saccage de la chaussée et des bâtiments publics, des pneus brûlés, des voitures et des motos calcinées…

Ainsi, c’est très tôt ce mercredi matin qu’en application des directives de leurs leaders des militants de l’opposition se sont rassemblés pour une marche en direction de l’Assemblée Nationale. Empêchés par les forces de l’ordre d’emprunter l’itinéraire fixé, les manifestants ont essayé de briser le blocus en érigeant des barricades. Des témoins affirment même avoir vu en certains quartiers de la ville, présumés acquis au pouvoir, de jeunes manifestants armés de gourdins en prévision d’un affrontement avec les manifestants de l’opposition  alors que dans l’après-midi c’est le domicile même de Jean-Pierre Fabre le président de l’Alliance Nationale pour le changement (ANC- opposition) qui aurait été visé par des tirs de grenades lacrymogènes.

Il convient de signaler qu’à la suite des violences qui avaient eu lieu les 4 et 5 Octobre derniers, ces marches avaient été interdites par les autorités «les jours ouvrables» dans un communiqué où elles déclarent que si «l’opposition peut tenir des meetings»,  il n’en va pas de même pour les «marches» lesquelles sont souvent «émaillées d’incidents» alors que «le gouvernement a la responsabilité de la sécurité des marcheurs et des non-marcheurs».

La marche de ce mercredi a donc été considérée par le pouvoir comme constituant un défi à l’autorité de l’Etat puisqu’elle avait été officiellement interdite et qu’il avait même été demandé aux leaders de la coalition de l’opposition d’organiser, s’ils le souhaitent, un meeting à la plage.

Or, dans un communiqué en date du 12 Octobre 2017, la Coalition des 14 partis de l’opposition  avait dénoncé «le caractère illégal» de ces interdictions ajoutant même que «quand l’Etat se met lui-même à violer les lois, les citoyens ont le devoir sacré de résister».

Force est de constater, toutefois, que le Nouvel Engagement Togolais (NET), une formation de l’opposition, a appelé, pour sa part, à ne pas participer à ces marches de protestation estimant qu’il y aurait «une irresponsabilité partagée» et que «pour préserver la paix» il est nécessaire de surseoir à de telles manifestations.

Enfin, la Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie, Madame Michaëlle Jean,  a appelé au calme et invité les différents protagonistes à «encourager toute action de nature à contribuer à la résolution de cette crise».

Puisse cet appel être entendu par tous les togolais, de quelque bord qu’ils puissent être, pour la préservation de la paix et de la stabilité dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest qui a souvent été en proie à des violences ; les dernières en date ayant été celles qui avaient éclaté en 2005 à la suite des élections présidentielles et qui avaient poussé près de 40.000 togolais à  l’exil au Bénin et au Ghana voisins !

Nabil El Bousaadi

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