Carton rouge

Mustapha Labraimi

Les rapports du Royaume du Maroc avec l’Union Européennereviennent au-devant de la scène. Un vote du parlement européen en est la cause.

En s’ingérant dans les affaires intérieures du royaume par l’adoption d’une résolution inappropriée, même si non contraignante, portant sur un dossier traité par la justice marocaine ; les députés européens ont provoqué une levée des boucliers générale au royaume. Le parlement marocain « a décidé de reconsidérer ses relations avec le parlement européen et de les soumettre à une évaluation globale ».Comme disait l’autre « Il voulait se mettre du kohl, il s’est estropié l’œil ».

Au fait, si les députés européens voulaient vraiment discuter et participer à l’évolution de la situation intérieure du Royaume, ils auraient voté l’adhésion totale du Maroc à l’espace européen, avec effet immédiat. Beaucoup de choses seraient alors possibles, en conformité avec cet acte, au lieu de procéder à un coup d’épée dans l’eau dont les remous se dissipent plus vite que l’opération l’ayant créée.

Depuis plus d’un demi-siècle, les relations européo-marocaines ont été marquées par l’ancrage d’un « système franchement libéral » voulu par l’Etat marocain à un espace dont la proximité et les liens historiques l’habilitaient à devenir un partenaire stratégique pour une« prospérité partagée et (le) rapprochement entre les peuples au moyen d’un partenariat social, culturel et humain. ».

La réalisation de cet objectif reste lointaine tant que sa mise en œuvre est conditionnéeen fonction, au sens mathématique du terme, des seuls intérêts européens.

Le déficit commercial du Maroc avec l’Europe se creuse et la dépendance de la conjoncture économique marocaine à celle de l’Europe s’est renforcée qu’elle devient menaçante dans un futur où la guerre en Ukraine et ses conséquences perdurent.

En 2023,année déjà entamée, le protocole concernant le partenariat dans le domaine de la pêche entre l’Union Européenne et le Royaume du Maroc devra être renégocié. Sera-t-il l’occasion de résorberdéfinitivement l’abcès politique que ne cesse d’alimenter certains dans les institutions européennes ?

La fixation anti-marocaine de certains milieux européens, de tout bord, n’est pas nouvelle. Elle n’a jamais contribué, peu ou prou, à l’évolution du processus démocratique que connaît le royaume. Ce processus, malgré son aspect méandriforme, reste unique en Afrique du Nord, rive droite de la Méditerranée, au Sud de l’Europe. Il faut le reconnaitre, et les députés européens devraient le faire. Quelle que soit la nature de ce processus, avec ses avancées certaines et ses dérives, il constitue la première préoccupation des forces vives du Maroc, qui agissent dans le consensus, et non par la fragmentation de la société, pour son amélioration dans le respect des dispositions constitutionnelles.

Les Etats européens qui font de la politique à Strasbourg et à Bruxelles connaissent le Royaume du Maroc, ses fondamentaux et sa ferme volonté pour le respect de sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire et là où elle doit l’être. La dynamiquequ’il connaît, aussi inégalitaire qu’elle soit,rayonne et crée des envieux ; et son peuple, malgré toutes les difficultés qu’il affronte, est fier de la vie qu’il mène, en aspirant et en luttant pour le meilleur. Les députés européens gagneraient en crédibilité en étant à l’écoute de ce peuple au lieu de s’égarer derrière des votes relevant du racket beaucoup plus que de la solidarité.

Certains d’entre les états européens ont participé au dépeçage colonial du royaume. Ils y ont commis beaucoup d’atrocités et se sont fait payer les « investissements » qui leurs ont été nécessaires à l’exploitation des ressources naturelles du pays. Ils connaissent, plus que d’autres, les « arrangements territoriaux » commis par eux et que la lutte du peuple marocain pour son intégrité territoriale affronte depuis l’indépendance du pays. Ils ne veulent pas reconnaître clairement la vérité et la réalité en pratiquant une politique néocoloniale dans l’ensemble de la région nord-africaine. Voulant manger à tous les râteliers, ils usent de tous les subterfuges pour semer la discorde et l’animosité au lieu d’être des vecteurs de paix et de « prospérité partagée » entre les deux rives de la Méditerranée.

Depuis, l’intégrité territoriale du royaume ne cesse de se consolider grâce aux sacrifices du peuple marocain et au maintien, vaille que vaille, du front national intérieur. C’est dans ce cadre que les forces vives de la nation se mobilisent pour consolider le processus démocratique dans tous ses aspects et de le faire évoluer vers la justice sociale, le développement humain et le bienêtre à travers l’ensemble du territoire marocain.

Aux députés européens de prendre en considération ce contexte où la lutte pour les libertés publiques, pour une justice équitable et l’épanouissement de l’ensemble des marocains est menée au quotidien.

Ces sieurs et dames qui rêvent de mettre au pas et à leur cadence un pays souverain devraient se préoccuper davantage des droits de la personne humaine en Europe où les brimades et les tueries des populations issues de l’immigration ou marginalisée par le néolibéralisme ambiant sont rapportées chaque jour.

Le peuple marocain dont le Sahara est le berceau de son histoire, a appris que quand les chiens aboient, la caravane (dans sa stabilité, sa sécurité, ses richesses, ses aspirations et aussi les problèmes qu’elle affronte) passe vers son destin heureux.

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