Chama Zaz: la dame de la «Taktouka Al Jabalia» n’est plus

Mohamed Nait Youssef

On la savait déjà malade depuis un temps, Chama Zaz, la dame de la «Taktouka Al Jabalia», a rendu l’âme lundi 28 septembre dans un hôpital de Taounate des suites d’une longue maladie. Elle avait 67 ans.

Chama, cette diva venue des tréfonds de la terre du pays de «Jebala» et des cimes des montagnes du Sud du Rif a enrichi le patrimoine musical national avec ses chansons et le timbre de sa voix.

Artiste authentique, c’est au sommet de la montagne à Taounate, plus précisément à Douar Rouf, que cette figure emblématique de l’art populaire a vu le jour, en 1953. Elle a commencé à chanter depuis et à percer dans la musique et le chant.

À cette époque, il faut le rappeler, ce n’était pas assez facile pour une femme d’affranchir un domaine monopolisé et dominé par les hommes. Or, la chanteuse a suivi sa passion qui l’a toujours guidée jusqu’au dernier jour de sa vie. Sur scène, elle avait imposé son talent et son style aux côtés des grands noms du milieu artistique.

Une vie dédiée à la «Taktouka Al Jabalia», le parcours de la défunte est long, original et prolifique dans le groupe musical de feu Mohamed Laâroussi qu’elle avait intégré dès son retour de la Marche Verte. Et même après.

C’est à grâce à lui d’ailleurs que sa voix a eu un franc succès dans la région du Nord ainsi que  dans le reste du pays. Ses collaborations avec Laâroussi sont multiples notamment dans des festivals, des mariages et des concerts de musique télévisés.

Issue d’une famille paysanne, la défunte a pris son destin en main et s’aventurer dans la musique dans un milieu conservateur, et ce en animant les fêtes de mariages et les  cérémonies familiales.

Une voix originelle…

Une voix originale voire inclassable, un charisme et une présence sur scène, la chanteuse au fameux mandil rayé et au chapeau de paille multicolore avait toujours puisée dans son art et sa culture à la fois locale et nationale. Pour la petite histoire, Chama a été l’une des femmes de sa région à répondre à l’appel de la Marche Verte. Un devoir national qu’elle avait accompli à un âge aussi jeune. “Lors de ce glorieux événement à Tarfaya exactement, j’encadrais les femmes volontaires de la région et durant la nuit j’animais des activités de divertissement à leur profit. C’est là que j’ai eu le déclic musical”, a été confie dans l’une de ses déclarations à la presse.

Un répertoire riche, Chama Zaz compte à son actif plus de 60 bandes et disques qui ont été enregistrés et qui regroupent ses titres les plus de la « Aïta jabliya ».

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