Chama Zaz: l’icône de la «Taktouka Al Jabalia» souffre en silence…

Mohamed Nait Youssef

Comme le veut la tradition, le monde entier a fêté comme à l’accoutumée, dimanche 21 juin, la Fête de la musique. Un temps artistique fort tant attendu par les mélomanes et les férus des rythmes et des mélodies de tous les styles confondus.

La musique, une échappatoire…

En effet, cette année, ces moments rythmés et musicalement célébrés avaient un goût particulier, notamment après une longue période d’arrêt, du confinement, d’enfermement mais aussi de pandémie et de crise sanitaire qui avaient envahi les quatre coins du monde. Incontestablement, sans les arts, la culture et la musique, la vie serait plus dure, plus lourde à supporter en ces temps difficiles. A vrai dire, la musique était une issue, une échappatoire, un divertissement, un élément indispensable qui rend ce monde, enfermé sur lui-même, plus vivable et agréable. En ces temps durs, il faut l’avouer, la musique était une fenêtre sur la vie, sur le monde et sur les aspirations des gens rêvant d’un lendemain meilleur.

Chama Zaz souffre en silence…

Alors que les foules assoiffées à la liberté, à la musique sont sorties dans certaines villes du monde pour investir les espaces ouverts pour respirer, enfin, un air sain et artistique, les images de la diva de la «Taktouka Al Jabalia», Chama Zaz, faisant le tour de la toile, donnent froid dans le dos. On la savait déjà malade depuis un temps. Cette partie de la mémoire musicale nationale, souffrant dans sa peau, vit aujourd’hui des jours difficiles. Dans une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux, cette figure de proue s’est exprimée, à peine, sur son état de santé. «Je ne voudrais pas verser des larmes, mais mon cœur souffre», c’est avec ces mots que l’artiste s’est adressée aux amoureux de son art.

Chama, cette voix venue des tréfonds de la terre du pays de «Jebal» et des cimes des montagnes du Sud du Rif a charmé des générations. Par ailleurs, c’est au sommet de la montagne à Taounate, plus précisément à Douar Rouf, que cette figure de proue de l’art populaire a vu le jour.  En outre, à l’époque, il faut le rappeler, ce n’était pas assez facile pour une femme d’affranchir un domaine monopolisé et dominé par les hommes. Or, elle a fait son choix… Et puis, par la force des choses, elle avait imposé son talent et son timbre de voix.

Son parcours est long, original et prolifique dans le groupe de feu Mohamed Laâroussi qu’elle avait intégré dès son retour de la Marche Verte. Et même après. Aujourd’hui, la vie lui tourne du dos!

Une artiste patriote…

Une voix originale, un charisme et une présence sur scène, la chanteuse au fameux mandil rayé et au chapeau de paille multicolore avait toujours puisée dans son art et sa culture à la fois locale et nationale. Pour la petite histoire, Chama a été l’une des femmes de sa région à répondre à l’appel de la  Marche Verte. Un devoir national qu’elle avait accompli à un âge aussi jeune. «Lors de ce glorieux événement à Tarfaya exactement, j’encadrais les femmes volontaires de la région et durant la nuit, j’animais des activités de divertissement à leur profit. C’est là que j’ai eu le déclic musical», a-t-elle confié dans l’une de ses déclarations à la presse.

De l’urgence de la protection sociale des artistes…

Depuis avril 2019, le ministère de la tutelle avait commencé la mise en œuvre des dispositions relatives à la protection sociale des artistes. Ainsi, lors d’une rencontre avec le Syndicat marocain des arts dramatiques (SMPAD), l’ancien ministre Laâraj a souligné dans un communiqué rendu public que, pour le ministère, «l’acquis le plus important à concrétiser consiste dans la mise en application des dispositions de la loi sur le statut de l’artiste et dans la protection sociale des artistes, particulièrement les pionniers qui ont beaucoup apporté à la scène artistique marocaine».

Aujourd’hui, plus qu’avant, la protection sociale des artistes notamment celle des vétérans et pionniers est devenue une exigence.

«Rien n’a été réalisé depuis cette rencontre. En outre, nous appelons à la mise en œuvre des lois organiques du statut de l’artiste, notamment l’article 20», a souligné Bouhcine Massoud, président du SMPAD dans une déclaration à Al Bayane.

Related posts

Top