Charafat Afailal : Un objectif de 325 millions m3 d’eaux réutilisées à l’horizon 2030

La ministre déléguée chargée de l’Eau, Mme Charafat Afailal, a fait savoir que dans le cadre du projet de Plan national de l’eau, un objectif de près de 325 millions m3 d’eaux réutilisées a été fixé à l’horizon 2030.

Mme Afailal, qui intervenait, jeudi à Rabat, lors d’un atelier axé sur la promotion de la réutilisation des eaux usées épurées et la présentation des grands axes du projet du Plan national y afférent, a souligné que «malgré les potentialités existantes et l’importance des volumes d’eau usée épurée grâce aux 90 stations d’épuration existantes, la réutilisation des eaux usées épurées reste cependant encore très limitée».
Pour faire face aux contraintes qui pèsent sur le secteur de l’eau au Maroc, le projet de Plan national de l’eau préconise, en plus de l’économie de l’eau et de l’augmentation de l’offre, le recours aux eaux non conventionnelles, notamment la réutilisation des eaux usées, a ajouté la ministre, relevant que «les projets de réutilisation réalisés ou en cours de mise en service ne dépassent pas 18, mobilisant seulement 38 millions m3/an».
Ceci dénote du gap qui reste à combler pour atteindre les objectifs fixés», a fait remarquer la ministre.
Dans une déclaration à la MAP, Mme Afailal a, en outre, indiqué que «face à la raréfaction des ressources en eau et à la régression des précipitations, le recours à cette alternative s’avère important et incontournable. Il est temps maintenant de mette en œuvre des mesures d’incitation, financière et techniques afin d’encourager davantage le recours à cette ressource non conventionnelle particulièrement pour l’arrosage des espaces verts, l’irrigation et également pour l’usage industriel».
De son côté, la présidente de l’institut Méditerranéen de l’Eau (IME), Mme Milagros Couchoud Gregori, a précisé dans une déclaration similaire que «la thématique de cet atelier ne concerne pas uniquement le Maroc, mais l’ensemble des pays méditerranéens surtout les pays du sud de la Méditerranée et l’Espagne qui font face à une sécheresse et dont l’économie dépend fondamentalement de l’agriculture».
La réutilisation des eaux usées, d’une manière contrôlée et à grande échelle, est limitée par un certain nombre de contraintes techniques (notamment l’inadéquation entre les impératifs de l’assainissement et les exigences de la réutilisation nécessitant le plus souvent la mise en place d’un traitement complémentaire des eaux usées), réglementaires (notamment la faible application de la réglementation en vigueur et la non définition claire et précise des responsabilités entre les différents intervenants), institutionnelles (la multiplicité des intervenants et la non clarification des rôles de chacun ainsi que le manque de coordination en matière de planification) et financières (notamment l’absence de règles de partage des coûts claires et admises par tous les acteurs et le niveau élevé du prix de revient de l’eau usée épurée, comparé aux tarifs appliqués dans les périmètres irrigués et aux frais de l’eau de l’irrigation privé).
Le projet du Plan national de réutilisation des eaux usées (PNREU) se fixe comme objectifs l’éradication de l’utilisation non contrôlée des eaux usées d’ici 2020 et la réutilisation d’une manière directe ou indirecte de la totalité du potentiel en eau utilisable d’ici 2030, soit 325 Mm3/an.
Pour atteindre ces objectifs, le projet du PNREU prévoit la réalisation de 162 projets répartis sur les bassins hydrauliques de Loukkos, Moulouya, Sebou, Bou Regreg Chaouia, Oum Er Rabia, Tensift, Souss Massa Darâa, Guir Ziz Rhéris et Sakia Lhamra Oued Eddahab. Il prévoit également des mesures réglementaires, institutionnelles de même qu’un schéma de financement plus réaliste consistant à recouvrer la plus grande partie des coûts auprès des usagers et des bénéficiaires en tenant compte de leur capacité à payer et en veillant à ce que la réutilisation des eaux usées leur soit rentable.
Des mesures d’accompagnement sont également prévues par ce projet relatif au renforcement des capacités, à la recherche appliquée, à la communication et à la sensibilisation.
Les projets de réutilisation mis ou en cours de mis en service sont au nombre de 18 actuellement mobilisant 38 millions m3/an. Il s’agit de l’usage pour l’irrigation des espaces verts et golfs pour environ (69,3%), l’usage à des fins agricoles (13%), l’usage industriel pour le lavage et le transport des minerais dans les industries de phosphate (16,6 %) et la recharge de nappes par les eaux usées de la station d’épuration de Biougra (1,1%).
Organisé par le ministère délégué chargé de l’Eau, conjointement avec l’institut Méditerranéen de l’Eau (IME) et l’Agence de Coopération allemande (GIZ), cet atelier a été une occasion pour partager les expériences des différents pays sur la réutilisation des eaux usées (France, Espagne, Tunisie..) et la présentation d’études de cas au Maroc, notamment des projet de réutilisation des eaux usées initiés par l’OCP ou par des villes comme Agadir et Marrakech.
Plusieurs intervenants se sont ainsi succédés au cours de cet atelier pour présenter des expériences réussies d’utilisation d’eaux usées comme c’est le cas dans les villes de Cannes (France), de Murcia (Espagne) ou de Borj Touil (Tunisie).
Des expériences de réutilisation des eaux usées épurées dans les villes d’Agadir et de Marrakech ont également été mises en évidence lors de cet atelier.
A noter que le projet de loi n 36-15, adopté par le gouvernement en novembre 2015 et soumis au parlement, jettera les bases légales et réglementaires du réglementaires du recours aux eaux non conventionnelles, notamment les eaux usées.

(MAP)

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