Complexe Mohammed V : le symbole de toute une nation

Un stade de football, c’est un reflet de l’histoire, une construction sociale voire un espace public où s’activent plusieurs acteurs si on permet de paraphraser le grand sociologue allemand Jürgen Habermas. Construit en mars 1955, cet édifice transformé au fil des années, est devenu un élément clé de la mémoire collective des habitants de la métropole, mais également des férus du sport et du peuple marocain tout entier. Bref, on peut même avancer que le stade Mohammed V est un grand témoin de l’histoire du football au Maroc.

«C’est un site symbolique et désormais un lieu de mémoire pour les supporters », comme le déclare à Al Bayane, Abderrahim Bourkia, chercheur en sciences sociales et auteur d’une fameuse thèse sur le phénomène du supportérisme. Abondant dans le même ordre d’idées, notre interlocuteur met l’accent sur le fait, que l’arène du stade a également une valeur symbolique. Sa fonction consiste à construire et consolider l’identité du groupe».

Même tempo chez l’un des doyens des journalistes sportifs marocains, Mustapha Abou Ibadallah, qui pour sa part, estime que cette bâtisse, appelé jadis «stade Marcel Cedan» jusqu’en 1956, puis rebaptisé « stade d’honneur » et « complexe sportif Mohammed V » en 1983, a vu défiler des grandes rencontres entre les meilleurs équipes de la planète, comme le Réal Madrid, FC Barcelone, inter-Milan, Bayern Munich, Boca Juniors, CR Flamengo, et bien d’autres. Pour ce vétéran des journalistes sportifs du royaume, « le stade de Casablanca demeure un témoin privilégié, outre des matchs de derby classiques entre le Raja et le Wydad, des années glorieuses du Onze national. «L’année 1983 a été une étape charnière où l’équipe nationale a été primée en décrochant la médaille d’or et en battant la Turquie en finale des Jeux méditerranéens après des années de disette», indique Abou Ibad Allah à Al Bayane.

Autre événement non moins important, le jour où l’équipe nationale a composté son billet de qualification pour la coupe du monde 1998, grâce à une superbe réalisation, signée par Khalid Raghib devant l’équipe du Ghana.   Et ce n’est pas tout ! Le stade de football de Casablanca, constitue tout un symbole de référence pour les deux équipes légendaires du royaume, en l’occurrence le WAC et le Raja de Casablanca. C’est dans ce terrain que ces deux équipes ont été sacrées pour la première fois de leur histoire, champions d’Afrique des clubs.

Un nouveau Look

Aujourd’hui et après l’extension urbaine anarchique de Casablanca, plusieurs voix se sont élevés pour fermer les portes du stade. Pour eux, ce bâtiment sportif n’a pu sa place dans le périmètre métropolitain. Argument à l’appui, les défenseurs de cette thèse, considèrent que le stade est devenu est champ de prédilection pour les fauteurs de troubles et d’une manière générale les hooligans. D’autres estiment qu’il s’agit d’une analyse erronée et quel de tels avis ne sert en fin de compte que les intérêts des lobbys de l’immobilier. D’ailleurs, chez nos voisins du Nord, le stade Santiago Bernabéu, se trouve au cœur de la capitale d’Espagne et rarement que des incidents y sont signalés.

Pour mettre un terme aux rumeurs, Khalid Safir, Wali de la région Casablanca-Settat est sorti de son mutisme pour infirmer toutes les allégations concernant une éventuelle fermeture ou déplacement du stade. Au contraire, le stade aura un nouveau look pour qu’il soit conforme aux normes internationales. Ainsi, une enveloppe budgétaire s’élevant à 220 millions de DH a été mobilisée pour rénover le stade. En fait, selon les responsables de Casa-aménagement qui l’entreprise chargée du projet, tout sera rénové, à commencer par les gradins, les panneaux d’affichage, les vestiaires, vidéo-surveillance, piscine olympique… En plus, le terrain contiendra des boutiques, des espaces culturelles et d’animation, salle de conférence et sera également doté de 15 nouveaux parkings. La livraison du projet aura lieu dans deux ans, ont confié à Al Bayane les responsables de Casa aménagement.

Khalid Darfaf

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