Condition sine qua non pour une société inclusive

Promotion de la situation des personnes

à besoins spécifiques

Selon le Rapport mondial sur le handicap publié en 2011, il existe plus d’un milliard de personnes handicapées, soit environ 15% de la population mondiale. Ces personnes sont souvent confrontées à des obstacles qui se manifestent de différentes manières (attitudes sociales négatives, insuffisance des services, manque d’accessibilité) et qui empêchent l’accès égal à l’éducation, aux soins de santé, au transport, à l’emploi et autres droits.
Le handicap est perçu comme un obstacle pour l’accomplissement de soi au sein de la société. Toutefois, cette perception ne résiste pas aux renseignements de l’expérience et de l’histoire, qui démontrent que lorsque les obstacles à leur inclusion sont surmontés, les personnes en situation de handicap sont capables de participer pleinement à l’enrichissement de l’héritage humain et au développement des affaires de la communauté.
Ce ne sont pas les exemples qui manquent pour prouver cette réalité: Stephen Hawking, Ludwig van Beethoven, Aboula’ala Al-Ma’arri, Helen Keller, Taha Hussain, Andrea Pochelli, Ray Charles, Stevie Wonder, Sayyid Makkaoui…sont autant de célébrités qui ont pu non seulement dépasser leur handicap, mais aussi le transformer en une énergie libératrice et une source de motivation pour s’affirmer dans la société et rendre les plus nobles services à la communauté et à l’humanité toute entière.
En effet, les obstacles rencontrés par les personnes handicapées sont préjudiciables non seulement à ces personnes, mais à l’ensemble de la société.
Dans ce sens, la célébration annuelle de la Journée internationale des personnes handicapées, le 3 décembre, offre la possibilité de réfléchir à des mesures incitatives et innovantes pour une meilleure application des normes internationales relatives aux droits des personnes handicapées.
Le Royaume s’est engagé dans cette dynamique internationale en adhérant, dès 2009, à la Convention onusienne relative aux droits des personnes handicapées.
De plus, la Constitution de 2011 stipule que les pouvoirs publics élaborent et mettent en œuvre des politiques destinées aux personnes et aux catégories à besoins spécifiques, bannissant de ce fait la discrimination fondée sur le handicap.
L’article 34 de la loi fondamentale stipule à cet effet que les pouvoirs publics veillent notamment à «réhabiliter et intégrer dans la vie sociale et civile les handicapés physiques, sensorimoteurs et mentaux et faciliter leur jouissance des droits et libertés reconnus à tous».
La mise en place concrète de ce principe constitutionnel s’est confirmée par l’adoption par le Conseil des ministres, en 2014, du projet de loi n 97.13 relatif à la protection et la promotion des droits des personnes en situation de handicap, qui fixe les objectifs, les orientations et les principes encadrant l’action de l’Etat dans le domaine du handicap.
Une commission interministérielle présidée par le chef de gouvernement a été également créée dans le but d’examiner les moyens susceptibles de promouvoir la situation des personnes handicapées au Maroc.
Par ailleurs, le ministère de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social a officiellement lancé le Fonds d’appui à la cohésion sociale au profit des personnes en situation de handicap en octobre 2015, avec un montant de départ de l’ordre de 50 millions de dirhams.
Ce Fonds vise l’amélioration des conditions de scolarisation des enfants en situation de handicap, l’acquisition de matériel spécifique et des aides techniques, l’encouragement de l’insertion professionnelle et des activités génératrices de revenus et la contribution à la création et à la gestion des centres d’accueil.
En ce même mois d’octobre, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, s’était engagé à consacrer des bourses aux enfants à besoins spécifiques, en allouant un budget d’un milliard de dirhams puisé dans le Fonds d’appui à la cohésion sociale au soutien de ces enfants.
De même, la société civile est fortement impliquée dans cette dynamique, et son action sert, entre autres, à définir un cadre d’action stratégique et unifié.
Ces actions démontrent que l’engagement des différents acteurs concernés par la promotion de la situation des personnes handicapées et la protection de leurs droits est à même de faire progresser la participation à la vie sociale de cette frange de la population, préparant la voie à l’établissement d’une société inclusive et favorable à l’épanouissement de l’ensemble des individus qui la constituent. Car en définitive, il faut -comme l’a dit le saxophoniste américain Scott Hamilton- nous débarrasser de nos images stéréotypées pour voir chaque individu simplement en tant qu’individu digne de respect et ayant les mêmes droits, devoirs et aspirations que ses congénères.

Par Mustapha Sguenfle

Top