Conférence-débat sur la liberté de la presse au Maroc

La Villa des Arts de Rabat a accueilli ce vendredi 29/01/2016 une conférence-débat ayant pour thème «Vérités et mensonges sur la liberté de la presse : la presse peut-elle être indépendante ?».

Cette conférence initiée dans le cadre de la promotion du dernier ouvrage de Monsieur Abdallah Bensmaïn «Alors l’information ?» a été animée par l’auteur qui s’est posé d’abord la question de savoir si les sources de financement et les sources d’information peuvent être garantes de l’indépendance de la presse, puis qui s’est demandé, par la suite, s’il existe une réglementation pour circonscrire les espaces de liberté et la liberté de la presse.

Etaient également présents pour l’animation de cette conférence-débat Messieurs Guillaume Jobin, Directeur de l’Ecole Supérieure de Journalisme de Paris et auteur de «Route de Zaers» et Mohamed Ezzouak, Directeur de Yabiladi.

Prenant la parole à l’ouverture de la séance, Monsieur Abdallah Bensmaïn s’est d’emblée posé la question de la liberté de la presse et de son indépendance ; se demandant par rapport à qui et par rapport à quoi serait-il possible de considérer qu’une presse est indépendante.

Reconnaissant que les premiers journaux qui ont été édités au Maroc, notamment à l’ère du Protectorat, appartenaient à des formations politiques donc qu’ils furent des outils entre les mains de Partis politiques qui leur permettaient de donner leurs points de vue à la population, l’orateur a rappelé que ce n’est qu’après l’indépendance du pays qu’une certaine presse dite indépendante a pu voir le jour.

Et l’orateur de poursuivre en se demandant par apport à qui cette presse pouvait-elle être indépendante et par rapport à quoi étant entendu qu’elle ne pouvait aucunement exister, d’une part, sans des moyens matériels notamment financiers et, d’autre part, sans une source d’information.

Et le conférencier de poursuivre en signalant que la liberté du journaliste reste relative dès lors que les subventions de l’Etat sont autant de «lignes rouges» donc autant de «facteurs de limitation » de la liberté de presse» que le journaliste ne peut pas franchir.

Et l’orateur de préciser que même en l’absence d’un financement de l’Etat, celui des annonceurs restera toujours une réelle chape de plomb au-dessus de la presse qui ne confèrera à cette dernière que l’illusion d’être un pouvoir puisque dans la réalité celle-ci se trouvera toujours entre les mains de pouvoirs divers; une situation de dépendance -pour ne pas dire de servitude –qui a toujours été le propre de la presse dès lors que sa mission première est de véhiculer donc de transmettre un message et que depuis les temps immémoriaux, le «messager» a toujours été un esclave envoyé par son Maître.

Considérant donc que le pouvoir a toujours échappé à la presse puisque son existence même dépend des intérêts de son actionnaire -qu’il soit public ou privé- l’orateur signale que le journaliste sera toujours amené à mener un combat pour préserver ses acquis.

Dans son intervention, Monsieur Mohammed Ezzouak, signale que la presse électronique qui a pu faire son apparition grâce à l’Internet et en l’absence de moyens financiers conséquents a permis de donner la parole donc la voix à ceux qui n’avaient pas voix au chapitre. Et l’orateur de préciser que, même en ce cas, l’indépendance de la presse donc sa liberté reste toute relative -pour ne pas dire inexistante- donc un idéal puisque, d’une part, c’est le pouvoir politique qui fait l’information, que, d’autre part, le pouvoir économique est là et veille scrupuleusement à la sauvegarde de ses intérêts et, qu’enfin, le lectorat,qui joue à la fois le rôle de censeur et de gendarme, dispose, pour sa part, d’un énorme moyen de pression dès lors qu’il peut commenter donc donner, en temps réel, son avis sur l’information communiquée.

Après ces interventions, un débat animé a vu le jour à l’issue duquel l’assistance a reconnue, dans sa grande majorité, que la liberté de la presse qui est toute relative reste un idéal.

Nabil El Bousaadi

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