Conjoncture économique: aggravation du déficit commercial et budgétaire malgré la bonne dynamique sectorielle

L’économie nationale affiche une belle dynamique au terme des huit premiers mois de l’année. Les performances sectorielles au niveau du primaire, secondaire et tertiaire sont au beau fixe exception faite du secteur textile, BTP et de la pêche. L’évolution positive des activités économiques n’a pas été suivie par une correction du déficit commercial ni budgétaire qui a accusé un creusement de 3,6 milliards de dirhams.

L’activité économique nationale affiche une conjoncture globalement favorable indique la dernière note de conjoncture de la DPEF (Direction des prévisions économiques et financières). Les données disponibles annoncent une bonne tenue des activités agricoles et tertiaires, et d les différentes branches du secteur manufacturier, particulièrement les métiers mondiaux du Maroc. Ces derniers évoluent positivement et en ligne avec le bon comportement de leurs exportations.

Cette dynamique reste confortée par le bon comportement de la demande intérieure. En effet, la consommation des ménages maintenir sa vigueur grâce notamment de la performance exceptionnelle du secteur agricole pour la deuxième année consécutive,de l’amélioration de la situation du marché de travail et de la bonne tenue des crédits à la consommation, des transferts des MRE et des salaires. Pour sa part, l’effort d’investissement,tiré essentiellement par sa composante publique, devrait également se maintenir,traduisant le bon comportement des crédits à l’équipement et des importations des biens d’équipement.

La demande extérieure adressée au Maroc a été soutenue par la performance des exportations est et de la vigueur des secteurs de l’automobile et des phosphates et dérivés.

Toutefois, cette dynamique n’a pas pu empêcher le creusement du déficit commercial, aggravé par les achats des biens d’équipement, des produits énergétiques et des biens finis de consommation.

Du côté des réserves internationales nettes ont enregistré une légère baisse en glissement mensuel, pour couvrir 5 mois et 9 jours d’importations de biens et services.

Au niveau des finances publiques, le déficit budgétaire affiche un creusement de 3,6milliards de dirhams par rapport à fin juillet2017, en rapport avec la quasi-stagnation des recettes ordinaires face à une augmentation des dépenses globales de 2,5%.

En matière de financement de l’économie,la dynamique des crédits bancaires s’est poursuivie à fin juillet 2018, portée par la croissance des crédits à l’équipement (+9,4%)et celle des crédits à la consommation (+5,6%)et des crédits à l’immobilier (+3,1%).

Activités primaires

La campagne agricole 2017/2018 a été marquée par une récolte céréalière exceptionnelle, se situant à plus de 40% de la moyenne de la dernière décennie. Cette récolte est évaluée à 103 millions de quintaux, en progression de 7,3% par rapport à l’année précédente. En matière d’échanges avec l’extérieur, la valeur des exportations du secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire a progressé de 4,6%au terme des huit premiers mois de l’année 2018. L’évolution des captures de la pêche côtière et artisanale a été négative.

Activités secondaires

Les activités secondaires ont été marquées par une bonne tenue du secteur minier combiné par une évolution favorable de la production de l’énergie électrique (+6%). Une évolution mitigée a marqué le secteur des BTP qui a affiché une baisse de 4,9% des ventes de ciment. Néanmoins, l’encours des crédits accordés au secteur immobilier maintient son évolution favorable à fin juillet 2018, enregistrant une hausse de 3,1%, après +3,9% un an auparavant. Cette progression tient compte d’une hausse des crédits alloués à l’habitat de 3,1% et de ceux accordés à la promotion immobilière de 0,9%.

Aussi, une bonne dynamique a caractérisé le secteur manufacturier (+3%), les industries chimiques (+4,5%) et les industries alimentaires (+1,1%). Le secteur textile fait l’exception avec des performance en baisse au terme de vente et production au titre du premier semestre.

Le secteur touristique reprend sa bonne dynamique avec une croissance consolidée au mois de juin 2018.En effet, le flux des arrivées touristiques au Maroc s’est raffermi de 18,3% durant le mois de juin 2018, après un renforcement de 11,9% un an plus tôt.  Les recettes touristiques ont totalisé 48,6 milliards de dirhams à fin août 2018, en hausse de 1,2% comparativement à fin août 2017.

Parallèlement, la consommation des ménages maintient une tendance positive, bénéficiant, notamment, de la performance exceptionnelle du secteur agricole et de l’amélioration de la situation du marché de travail avec la création de 141.000 postes d’emploi rémunérés. Les crédits à la consommation ont progressé de +5,6% à fin juillet 2018 et les transferts des MRE ont augmenté de +1%. On annonce également un bon comportement de l’effort d’investissement et une hausse des crédits à l’équipement.

Aggravation du déficit commercial et budgétaire

Au terme des huit premiers mois de l’année2018, la situation des échanges extérieurs a été marquée par une hausse du déficit commercial de 10,1%, pour s’établir à 137,9 milliards de dirhams. Cette évolution résulte de la progression des exportations et des importations au même rythme, soit +10,2%. De son côté, le taux de couverture est resté stable à 56,6% d’une année à l’autre.

La situation des charges et ressources du Trésor à fin juillet 2018 fait ressortir une hausse du déficit budgétaire, en glissement annuel, de 18,4% ou de 3,6 milliards de dirhams pour se situer à 23 milliards de dirhams. Cette évolution a résulté, notamment, de l’effet conjoint de la quasi-stagnation des  (+0,1%), et de la hausse des dépenses ordinaires de 3,4%.

Hausse des charges de compensation

De leur côté, les charges de compensation ont augmenté, en glissement annuel, de 6% pour s’établir à9,8 milliards de dirhams, soit 7,8% des dépenses ordinaires contre 7,6% à fin juillet 2017.Pour leur part, les charges en intérêts de la dette ont stagné (+0,1%) à environ 18 milliards de dirhams,recouvrant une hausse de celles de la dette intérieure de 1,3% à 15,9 milliards de dirhams et une baisse de celles de la dette extérieure de 8,1% à 2 milliards de dirhams.

Fairouz El Mouden

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