(Dazibao)

Au moment où la justice économique et la justice sociale sont retardées dans leur mise en œuvre par les choix politiques des uns, la justice climatique est venue mobiliser pour «un partage des technologies et d’un renforcement des capacités suffisants, prévisibles, garantis et accessibles (…) afin de créer les conditions nécessaires et d’apporter un soutien aux efforts d’atténuation et d’adaptation déployés par les pays en développement (…) à un développement durable, en accordant la priorité aux communautés vulnérables en situation de pauvreté».

C’est là une autre manière de revendiquer un autre ordre économique mondial autre que celui qui régit actuellement la répartition de la production mondiale des biens et des services, responsable pour une grande part, entre autres misères, du réchauffement climatique de la planète.

En effet, la plus grande part de la production de gaz à effet de serre (GES) est le fait de pays où la production de biens manufacturés a connue une extension importante alors que l’exploitation des matières premières restaient l’apanage des pays en voie de développement, moins avancés dans l’industrialisation et les technologies de transformation.

C’est dans les pays où les activités humaines sont liées au développement industriel que les émissions des GES sont les plus importantes suite à la combustion des hydrocarbures provenant du pétrole fossile, à la déforestation des zones tropicales, au changement d’usage des sols, à l’agriculture intensive et extensive, à l’élevage pour la production des protéines animales, à la mise en œuvre de procédés industriels avancés, à la réfrigération, à l’utilisation des aérosols, … Les concentrations émises dans l’atmosphère en gaz carbonique et en méthane, entre autres GES, n’ont pu être équilibrées par leur stockage dans les réservoirs terrestres et océanique.

Alors que la corrélation avec l’augmentation de la température de la planète est établie, les pays responsables des émissions des GES rechignent à contribuer au développement des pays en voie de développement qui subissent comme eux le réchauffement climatique mais qui n’en sont aucunement responsables. Le marché du Carbone n’ayant donné que bonne conscience aux pollueurs de l’atmosphère et de la Terre, sans réduire pour autant la menace d’un changement climatique catastrophique ; la revendication de la justice climatique s’est imposée.

Dans les discours des gouvernants autant que dans la bouche des militant(e)s pour un nouvel ordre économique mondial, la justice climatique n’a pas le même sens. Pour les uns, il s’agit de subventions pour s’engouffrer encore plus dans le mode de production responsable de la catastrophe climatique ; pour les autres il faudrait envisager une autre manière de vivre dans une société égalitaire et juste afin d’éviter le bouleversement qui se répercutera sur la vie de la Terre bientôt et certainement au prochain millénaire.

Responsabilité présente et responsabilité future ne sont pas appréciées de la même façon. Est une chose que de répondre aux besoins d’une société clair-obscur où la pauvreté, l’exclusion et la précarité sévissent ; mais dont la population est attirée par le consumérisme et se trouve soumise par la matraque publicitaire au désastre écologique. Est autre chose qu’en plus de ce qui précède, il faudrait  la mobiliser pour une amélioration future et probable des conditions de vie de l’espèce humaine. Les campagnes électorales passées et certainement futures ont montré la sensibilité d’une population aux programmes à venir avec leurs promesses et l’argumentaire sonnant et trébuchant qui résout l’instantané.

Malgré sa passivité, son  infantilisme, son cynisme et son comportement individualiste, il arrive à cette population de s’émouvoir pour une cause (zéro mica, en l’occurrence) sans pour autant se l’approprier dans son quotidien. Faute de solution de rechange concernant le mode de vie, l’éradication des sachets en plastique durera autant que le tabagisme malgré la promulgation de la loi les concernant. C’est malheureux de le constater mais la réalité est ainsi faite.

La dégradation de notre système éducatif contribue à cette stagnation socioculturelle. Le système électoral alimente la médiocrité par la distanciation des élus et de l’électorat et la marchandisation du vote. Le système économique semble écraser ces « classes moyennes » dont la mobilisation et la participation pourraient être les bases d’une refondation, à l’échelle nationale de la justice sociale et de la justice économique ; et, à l’échelle planétaire, de la justice climatique. A suivre …

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