De Jean Fléchet à Hicham Lasri

Le Maroc et le festival de Berlin, c’est déjà une longue histoire. La célèbre Berlinale qui se tient cette année du 9 au 19 février 2017 accueille d’abord un événement cinéphilique d’une grande portée; une programmation intitulée autour de «Bouanani, another moroccan cinema».

Organisée en partenariat avec le Centre cinématographique marocain, cette programmation est un hommage au cinéma d’auteur marocain et à  la génération des précurseurs dont la figure emblématique est le cinéma de Bouanani. Les films proposés comportent trois longs métrages représentatifs de la tendance qui avait marqué le cinéma marocain des années 1970 et 1980. Il s’agit  de  Wachma (Traces) de Hamid Bennani (1970), film inaugural et véritable film culte de la cinéphilie marocaine. Assarab (Mirage) de Ahmed Bouanani (1979), film synthèse d’une approche du cinéma ancré dans son histoire et sa culture; Hallak derb Alfoukra (Le coiffeur du quartier des pauvres) de feu Mohamed Reggab (1982), inscrit dans la douloureuse quête d’une nouvelle grammaire du cinéma au service des gens de la marge et des sans-voix, avec une interprétation inoubliable de Mohamed Habachi. Les courts métrages proposés sont de véritables titres de l’âge d’or du court métrage marocain : De chair et d’acier de Mohamed Afifi (1957) ; Tarfaya ou la marche d’un poète, premier court métrage de Ahmed Bouanani (1966) ; Retour en Agadir de Mohamed Afifi (1967); Six et douze de M.A. Tazi, M. Rchich, A. Bouanani (1968); Mémoire 14 de Ahmed Bouanani (1971); Alborak de Majid Rechich (1973); Les quatre sources de Ahmed Bouanani (1978). Des films portés par un souffle poétique et une quête d’un nouveau langage cinématographique, loin des schémas du cinéma commercial dominant. De véritables auteurs engagés dans des formes nouvelles d’expression.

Deux films marocains de la nouvelle génération sont présents dans différentes sections. C’est ainsi que nous retrouvons le nouveau film d’Hicham Lasri, Un coup à la tête, en compétition au Panorama. La compétition du Forum accueille pour sa part, le documentaire de Tala Hadid, Tigmi nigran (La maison dans la prairie, en amazigh).

Et il faut rappeler dans ce sens que c’est en 1957 que le Maroc participe au festival de Berlin avec Brahim de Jean Fléchet. Un très beau film produit par le CCM avec dans le rôle titre feu Hassan Skalli et toute une pléiade de grands comédiens marocains, notamment Feu Tayeb Seddiki. Un film qui mérite d’être réhabilité aujourd’hui et intégré à la filmographie officielle marocaine.

Mohammed Bakrim

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