De la culture et de l’art en temps du coronavirus

Dakhla Oued Eddahab 2020

Par Saâd Abou Dihaj (MAP)

Le paysage culturel et artistique de Dakhla-Oued Eddahab s’est distingué, au cours de l’année 2020, par une forte participation et réaction du public avec les différents évènements et rendez-vous organisés à distance, en raison de la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19).

Malgré la suspension de plusieurs manifestations de masse, qu’il s’agisse du théâtre, du cinéma ou des festivals de musique, les acteurs culturels locaux ont pu s’adapter à cette situation exceptionnelle en organisant une série d’activités à distance dans le strict respect des mesures de prévention édictées par les pouvoirs publics.

Ces évènements culturels s’inscrivent dans le sillage de la mise en application des dispositions de la composante culturelle du contrat-programme de développement intégré de la région de Dakhla-Oued Eddahab, signé devant SM le Roi Mohammed VI, entre le Conseil régional et le ministère de la Culture.

L’organisation de telles manifestations artistiques a pour finalité de valoriser le patrimoine culturel hassani, en particulier chez la génération montante, et d’encourager les créateurs sahraouis dans les domaines de la poésie, la littérature et la chanson.

Ces rendez-vous ont également pour objectif de promouvoir le patrimoine culturel hassani en faveur de la préservation de l’identité marocaine et le renforcement de l’attachement aux valeurs et traditions qui symbolisent l’unité du pays, d’autant que la culture hassanie est l’un des leviers incontournables de l’efficacité du modèle de développement des provinces du sud du Royaume.

Ainsi, la direction régionale de la Culture a organisé la manifestation culturelle « Mois du patrimoine » 2020 à distance, via la diffusion en direct sur sa page Facebook d’une série de conférences sur le patrimoine culturel de la région, dont « Le patrimoine et développement territorial » et « Le patrimoine populaire et son rôle dans la préservation de la mémoire nationale collective ».

Un programme riche et diversifié a été concocté pour cette édition, dont la diffusion de deux émissions à la radio régionale autour de « L’importance du patrimoine culturel matériel et immatériel » et la publication sur la page facebook de la Direction de capsules vidéo des monuments historiques et sites archéologiques de la région, ainsi que l’organisation d’une visioconférence pour mettre en exergue le patrimoine archéologique et les gravures rupestres importants dont regorge la province d’Aousserd.

Lors de cette rencontre, l’enseignante chercheuse à l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP) à Rabat, Aïcha Oujaa a souligné que 46,13% de la superficie de la province d’Aousserd a été prospectée et documentée, soulignant qu’elle est subdivisée géomorphologiquement en deux grandes aires, à savoir Tires et Adrar, qui recèlent des sites de gravures rupestres, des monuments funéraires et des sites préhistoriques.

Dans son intervention intitulée « Le patrimoine archéologique de la province d’Aousserd, composantes et défis », Mme Oujaa, qui est également représentante de l’Association marocaine d’art rupestre, a indiqué que les travaux de recherches archéologiques entamés entre 2014 et 2017 dans les deux zones ont permis d’inventorier et documenter 36 nécropoles avec plus de 1.730 monuments funéraires, 244 dalles gravées regroupées dans une dizaine de sites, ainsi que 17 sites archéologiques allant de l’Acheuléen au Néolithique.

Le cadre conceptuel et les approches utilisées dans le domaine de l’archéologie et de l’art rupestre ont été également le thème d’une rencontre retransmise en directe sur la page facebook de la Direction et animée par l’enseignant chercheur à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’université Chouaib Doukkali, Abdelhadi Ewague, qui a mis l’accent sur les sites rupestres de la région, leurs principales caractéristiques et leur répartition géographique, tout en mettant en exergue les similitudes et les divergences avec les autres régions riveraines, que ce soit au Nord du Maroc ou en Afrique du Nord.

Par ailleurs, la Direction a organisé la 2ème édition du concours « printemps de la nouvelle », qui se fixait pour objectifs de consolider la chose culturelle au niveau de la région de Dakhla-Oued Eddahab et d’encourager la créativité littéraire en particulier, en promouvant la conscience littéraire et en renforçant l’appréciation à sa juste valeur de la dimension esthétique des différents genres littéraires et artistiques.

Selon la Direction régionale de la Culture, ce concours a permis de recevoir des contributions littéraires d’une valeur exceptionnelle à même de refléter la présence qualitative de nombre de jeunes talents au niveau de cette région.

En vue d’assurer la continuité des activités culturelles en cette circonstance exceptionnelle, la Direction s’est mise en ordre de bataille pour organiser des activités à distance portant sur plusieurs catégories notamment la nouvelle, la poésie, la calligraphie, l’art dramatique, l’art plastique et la créativité littéraire, ainsi que la sauvegarde et la valorisation du patrimoine culturel de la région.

Parmi ces activités créatives figure un concours à distance dans le domaine de l’art dramatique sous le thème « l’art dramatique, expression et coexistence », destiné à toutes les personnes de tout âge, notamment en faveur des personnes en situation difficile.

Il s’agit également de l’organisation de la deuxième édition du concours régional des arts plastiques, sous le signe « Je suis engagé et créatif », ouvert aux candidats de moins de 30 ans qui doivent compléter une œuvre d’art sur papier raisin (50 x 65 cm) dont le thème est centré sur la pandémie du Covid19 et envoyer leurs chefs-d’oeuvre par e-mail à la Direction régionale de la culture.

Il y a lieu de citer également celui relatif à la calligraphie arabe, tenu sous le thème « Calligraphie arabe innovation, identité et valeurs », où les candidats sont tenus d’insérer dans leurs travaux un verset coranique, un hadith du Prophète Sidna Mohammed, une sagesse ou un proverbe.

De même, la direction régionale de la Culture a organisé la deuxième édition du concours de poésie dans les deux catégories (poésie arabe et hassanie), sous le signe « Du confinement émerge la créativité ».

A noter que les activités culturelles ont été lancées dans la région de Dakhla-Oued Eddahab en début d’année 2020, avec l’organisation du troisième Moussem annuel de l’association Haibelti du patrimoine et de l’histoire.

Initiée en partenariat avec l’association Joud de l’éducation, la culture et le sport, la direction régionale de la Culture de Dakhla-Oued Eddahab et les Conseils locaux des Oulémas d’Oued Eddahab et d’Aousserd, cette manifestation s’assigne pour objectifs de mettre la lumière sur les anciennes bibliothèques dans les provinces du Sud du Royaume à même de valoriser le patrimoine et les manuscrits de la région.

Tenu sous le signe « Les anciennes bibliothèques au Sahara: méthodologies et approches », ce Moussem annuel a pour finalité d’encourager la réalisation des recherches et études en vue d’enrichir les aspects patrimoniaux, historiques et scientifiques dans la région.

Toutes ces activités et manifestations, organisées à distance, via le recours aux réseaux sociaux par les acteurs culturels ont permis de maintenir la dynamique intellectuelle, littéraire et artistique et de rattraper partiellement l’offre culturelle, en temps du coronavirus.

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