Déclarations d’élucidation: Face à un faux débat

Par Ghermaoui Mohamed

J’ai suivi avec  beaucoup d’intérêt les événements de l’après covid19, aussi bien au niveau international qu’au niveau national. Comme toute personne intéressée et avertie, j’ai constaté le nombrilisme et l’égocentrisme des pays européens, le désarroi et la volatilité  des mesures apportées par les responsables politiques en matière de gestion de la crise de certains pays européens, en particulier la France. J’ai constaté la pertinence des choix stratégiques de la plupart des pays asiatiques dans la gestion de cette crise.

Au niveau national, j’ai suivi  avec beaucoup d’admiration la célérité et la fiabilité des décisions prises par  les autorités nationales pour amortir et endiguer à terme cette avalanche sans précédent. Par ailleurs, certains événements demeurent incompréhensibles et nécessitent un débat clair, limpide et responsable. Ces événements concernent les débats qui se sont portés sur les bénéficiaires de la caisse de l’aide Covid19, face à des circonstances singulières et embarrassantes. L’ombrage et l’obscurcissement qui ont sévit ces événements ont causé beaucoup de mal et de peine à un segment important de notre société, qui sont les établissements scolaires privés.

Dans cette déclaration, je vais essayer de soumettre à l’opinion nationale un ensemble d’éléments qui sont censés éclaircir la situation. Ces éléments sont exposés ci-dessous pour essayer de répondre à certaines questions qui ont été soumises à un ensemble de responsables aussi bien politiques  qu’associatifs. Mais dont les réponses restent incomplètes et pas convaincantes.

Le débat est complétement faux; ils portent sur des éléments erronés  et sur des bases tordues, et ils prennent des fausses pistes et c’est normal car le questionnement est faux. Voilà, quelques éléments qui peuvent ajuster et lisser la tendance comme prétendent les spécialistes des mathématiques appliquées.

1. A qui incombe la responsabilité du massacre que vit la grande majorité des établissements scolaires privés et plus particulièrement ceux de petite taille. Par sens de patriotisme et de responsabilité, tous ces établissements ont fermé leurs portes. Par sens de dévouement et de sacrifice tout le personnel enseignant s’est retroussé les manches pour assurer convenablement les cours à distance. Mais qui a pensé à payer ces gens? Qui a pensé au refus des parents à payer les frais de scolarité ? Qui a pensé au désarroi qui frappe fort un ensemble d’établissements? Etc.

La réponse est simple et rapide. Ce sont les instances qui nous représentent. En principe, il fallait que ces instances assument leur responsabilité en brandissant et agitant tout ce qu’il fallait pour défendre les intérêts de ces établissements, mais surtout pour sauver ceux qui vont souffrir le plus de cette situation catastrophique.

À mon sens, il ne fallait accepter ces cours à distance qu’avec des conditions claires et précises. Il ne fallait accepter ces cours qu’avec des engagements de la part du ministère de L’Éducation et du gouvernement. Il ne fallait accepter ces cours qu’après avoir expliqué les conséquences dramatiques auxquelles vont faire face certains établissements privés. Il ne fallait accepter ces cours qu’après avoir assuré à notre personnel une rémunération minimale qui permet de faire face à leur gestion quotidienne (confinement, mois du Ramadan, etc.).

Nos instances représentatives ont raté la cloche, ou ont cédé volontairement compte tenu de certaines prérogatives politiques, ou elles manquent de vision stratégique ou tout simplement on est mal représenté. Franchement je suis incapable de vous livrer mon point de vue, mais dont je suis certain et convaincu, c’est qu’il fallait négocier cette transition ou plutôt cette transaction.

2. Qui devrait payer le personnel enseignant des établissements privés? Qui est responsable de la situation actuelle? on a trop  chargé dans les débats  la responsabilité, toute la responsabilité et rien que la responsabilité des responsables des établissements privés dans ce qui se passe. D’ailleurs on ‘a fait prévaloir  que le revers négatif de la médaille. Il est complétement faux et c’est un subterfuge non fondé d’endosser et d’incomber cette pesanteur à  ce secteur. Ce ne sont pas nous qui avons décidé la fermeture des classes, ce ne sont pas nous qui avons décidé les cours à distance, et ce ne sont même pas nous qui avons fait des appels répétés aux parents pour payer les frais de scolarité. Dans plusieurs interventions le ministre de l’Education a suppliée fermement, d’une part les parents à payer les frais de scolarité sous prétexte que les enseignants  continuent à donner des cours à distance; chose qui n a pas convaincue la majorité des parents.

D’autre part,  il a demandé aux responsables de ces établissements à être compréhensifs et souples avec les parents. Chose qu’on a écoutée et exécutée. Mieux encore, on est nombreux à avoir dispensé et acquitté les parents du paiement de ces frais. Les autres qui ont opté pour le  paiement, se sont trouvés face à une situation ingérable, car plus de 80% des parents n’ont pas payé ou n’ont pas pu payer ces frais. Comment donc peut on payer notre personnel face à cette réalité et c’est ça la réalité et il n’y a pas d’autres réalités. A votre avis qui donc devrait payer  le personnel des établissements scolaires privés? Et là, on fait allusion surtout aux établissements de petite taille  (petite  et très petites entreprises).  Le débat déclenché est donc complétement faux et infondé sur ce premier point.

3. Le deuxième point ou le deuxième questionnement. Rabita s’est-elle plantée ou c’est une erreur de rédaction ou plutôt c’est une erreur de célérité chronologique lorsqu’elle a, juste après la création de la caisse COVID19, sollicité du soutien. Cette question a suscité un débat complétement erroné par certains médias et intellectuels marocains. Malheureusement, plusieurs responsables du bureau de la Rabita, notamment le président d’honneur et le secrétaire général, ont essayé de répondre à cette question mais sans pour autant arriver à convaincre la majorité des citoyens car il parait qu’elle reste toujours chatouiller les bouts de certaines lèvres.

Le problème, c’est que cette réaction du Rabita, jugée maladresse ou imprudence pour ne pas dire une bévue anachronique par pas de mal de citoyens, s’est extrapolée et s’est abattue sur nous. En plus Rabita n’a pas cessé d’expliquer que l’aide qu’elle a sollicité du fonds COVID19 était pour les enseignants des établissements scolaires de petites tailles et qui risquent très probablement de déposer le bilan dans les mois qui viennent. Personne ne semble être convaincu pourtant, c’est là encore la pure réalité.

4. Si on suppose que Rabita s’est trompée de stratégie ou plutôt de tactique (on ne fais que supposer), pourquoi cette intention perpétuelle de certains médias et de certains responsables politiques à véhiculer une mauvaise image du secteur de l’enseignement privé. Pourquoi on continue à nous accabler d’une allégation et d’une médisance  sans fondements authentiques et convaincants. Ces maldonnes, pour moi émanent d’un esprit malsain et non clean. Parce que même si Rabita s’est trompé (chose qui n’est pas avérée), c’est à elle d’assumer et  d’expliquer les sousbassements de ces propos.

C’est à elle de rendre les comptes, mais surtout il ne faut pas  généraliser les retombées de  quoi que ce soit sur qui que ce soit. Le débat doit  aller dans ce sens à mon avis et il faut rendre à César, ce qui lui appartient . D’autant plus, l’ensemble des établissements scolaires privés ne se logent pas à la même enseigne.

5. Rabita ne représente pas la totalité des structures des établissements scolaires privés. Du coût, ses prises de position n’engagent qu’elle-même. Alors que cet amalgame a régné dans tous les esprits et dans toutes les analyses. Dans une interview avec le secrétaire général du Rabita, une journaliste d’une chaine de radio a posé cette question, la réponse a été éludée et esquivée. Mais tout de même, on ne peut pas reprocher à Rabita d’être toute seule à défendre le secteur. Certes à sa façon, on peut être d’accord ou pas, mais apparemment elle surfe toute seule sur les vagues. C’est normal qu’on ne cible qu’elle. Mais il ne faut surtout pas faire d’amalgame.

6. Le débat  engagé a raté plusieurs aspects déterminants sur le plan méthodique et déontologique, il ne se reste que sur la dimension d’humilité intellectuelle. Essayons de nous focaliser sur un seul aspect. Dans presque tous les débats et les interventions des responsables politiques, on avait tendance à supposer que la structure des établissements scolaires privés était homogène et analogue.

Cette approche a induit l’ensemble des citoyens à des fausses interprétations et à des faux jugements. En agissant ainsi on a incité les gens à comprendre que tous les établissements ont sollicité l’aide du Covid19, on a incité les citoyens à comprendre que tous les établissements ont sollicités le paiement des frais de scolarités, on a incité les citoyens à comprendre que tous les établissements sont de grandes tailles et disposent de moyens colossaux. La réalité c’est que plus de 80% de ces établissements sont de très petites tailles, notamment les écoles  maternelles et primaires.

La  réalité c’est qu’il y a des établissements qui ont dispensé les parents du paiement des frais de scolarité. Mais cette réalité s’est glissée sous silence et on est resté sur notre faim et sans armes pour expliquer et réexpliquer la réalité. Et c’est ça la réalité. Et il n’y a pas d’autres réalités.

7. Pourquoi les autres instances représentatives ne se sont pas manifestées? Rabita est la seule structure représentative du secteur de l’enseignement privé qui s’est manifestée amplement pour défendre les intérêts de ce secteur. Qu’on soit d’accord ou pas, ce n’est pas important, à mon sens. Mais on dirait qu’elle est la seule sur la scène. D’autres instances représentatives existent, Alittihad, la Fédération, l’Association, etc. La faute c’est qu’ils ne se sont pas manifestés, ou très rarement. Est-ce une stratégie ou autre chose qu’on n’arrive pas à comprendre et à assimiler. D’ailleurs, je pense, qu’il était temps de se coordonner, de converger les stratégies et donner une image de maturité et de solidarité surtout dans des circonstances de souffrance et de confinement que nous vivons tous.

8. Enfin, j’invite  tous ceux qui prétendent et assurent sans aucune argumentation appuyée que le secteur d’enseignement privé est cupide et corrompu et qui ont participé par conviction ou par ignorance à la propagation de cette assertion,  à imaginer avec moi le scénario suivant. Après c’est à vous d’inférer sur les conclusions nécessaires pour votre  jugement final, mais après avoir vraiment imaginer et surtout bien réfléchi. Imaginons qu’après la fermeture des établissements scolaires, toutes les instances représentatives de ce secteur n’ont pas  été convaincues de l’efficacité et de la pertinence des cours à distance et du coup n’ont pas obtempéré aux consignes du Ministère de L’éducation. C’est une question légitime et  on a le plein droit de décider ce qu’il nous semble le plus bénéfique à nos élèves.

Dans ce scénario, Mesdames et Messieurs, c’est  l’état qui devrait payer l’entière rémunération de tout le personnel de ces établissements et pas seulement des aides dérisoires. Car nous, on paie chaque mois la part de la CNSS de tout notre personnel et qui représentent presque 30% de notre masse salariale. On paie plusieurs impôts annuellement. On paie plusieurs assurances, etc…

A vous d’en juger maintenant.

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