EN Direct: Viol dans le bus : qui blâmer?

Chaque pays a ses tares. Le suicide dans certains, le meurtre ou le voldans d’autres ; pour ne citer que celles-ci.Depuis un bon moment au Maroc, c’est le viol qui fait surface. Ce fléau qui, comme par un effet de mode, s’est répandu par on ne sait quelle malédiction. Celle de la mort de la conscience et la naissance de l’irresponsabilité, ou encore, celle du trépas des civilités et de la convenance des actes qui vont avec. Quelles qu’en soient les causes, il faut le dire haut et fort : l’insécurité des citoyens est désormais bien assurée par les malfrats, les malades mentaux, pour ne pas dire les psychopathes.

Cette fois-ci, ils sont six mineurs (15-17 ans) à avoir été arrêtés, le lundi 21 août, par les services de la préfecture de police de Casablanca. Après trois mois du drame, car c’en est un, il aurait fallu que l’un des agresseurs perde son téléphone pour que la vidéo soit diffusée sur les réseaux sociaux et c’est ainsi que ce scandale a éclaté. Heureusement!

Cela dit, il ne peut être que consternant de constater que l’insécurité règne là où la sécurité doit être hautement assurée. Si dans l’espace urbain, les scènes d’escrime et de crimes ont épousé – de force – les habitudes des citoyens de certaines villes du royaume, il serait décevant que ces derniers soient aussi négligés dans des espaces plus sûrs, ou du moins censés l’être!

Voyant de plus près cette affaire, il faut dire que des questions se posent. Premièrement il est (ou était) de mise que les chauffeurs de bus se dirigent illico presto en direction du poste de police le plus près. Deuxièmement, il faut dire que si les enregistrements des caméras embarquées dans les bus ne sont pas visionnées périodiquement par la société de transport en question, qui le fera alors ? Si la Police est la réponse, il faudra alors rendre plus sophistiqués les moyens mis en place pour assurer ce service aux citoyens qui leur rendra, sans aucun doute, un très grand service.

Troisièmement, si selon le communiqué de M’dina Bus, «les chauffeurs font quotidiennement l’objet d’agressions et de menaces à l’arme blanche ou au jet de pierre à chaque altercation avec les groupes de délinquants et de malfaiteurs et qu’ils n’hésitent pas à se mettre en danger pour assurer la sécurité des voyageurs, dans la mesure du possible», il aurait été logique, de procurer davantage de sécurité à ses propres chauffeur en leur offrant un moyen d’alerte pour éviter ce qui est devenu inévitable ! D’autant plus qu’«assurer la sécurité des voyageurs» veut dire dans le langage juridique que tous les passagers sont sous la responsabilité de la société de transport.

Par ailleurs, la quatrième et dernière question serait la suivante : pourquoi n’y a-t-il pas eu de plainte de la part de la fille ou de sa famille, après trois mois de la scène obscène ?

À considérer les déclarations avancées aux médias numériques par des jeunes du quartier où habitent aussi bien les agresseurs que la victime, « cette dernière, plus âgée que ses agresseurs, aurait pris comme habitude de leur procurer tout en consommant avec eux, de la drogue ». Serait-ce la raison qui a empêché la famille de la victime de recourir à la Police ? Cela est un autre sujet.

Après la démocratisation de l’affaire sur les réseaux sociaux par les internautes, les parties concernées feront bien sûr leur travail. Toutefois, pallier ce comportement inhumain provenant de mineurs à l’encontre d’une fille atteinte mentalement dont personne ne se soucie, même pas les parents, sous-tend plusieurs dysfonctionnements dans une génération en perte de repère.

Après les actes zoophiles, récemment, d’une ânesse par quinze jeunes (ados), en voilà d’autres de la même génération qui, dans un bus et en plein jour, violent une malade mentale. Allez voir où ça tourne mal.

Le seul vaccin est l’Education. Ce n’est plus le temps de réfléchir mais celui d’agir. Et puisque l’Education est une affaire de tous, jetons-nous le blâme… à nous tous.

Ahmed Mesk

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