Dj de la science !

Par: Mustapha Labraimi

Comment projeter une réforme et la mener à la réussite ? Question qui semble se poser au moment où l’ensemble du pays est en stand-by dans l’attente de la «fumée blanche» que dégagera prochainement la Commission Spéciale pour le Modèle de Développement.

On trouve dans la constitution une série d’articles sous une dénomination générique «Instances de promotion du développement humain et durable et de la démocratie participative». Le premier conseil censé répondre à cette résolution est celui de «l’éducation de la formation et de la recherche scientifique».

Dans la réalité des choses, les échos propagés par les enseignants chercheurs ces derniers jours semblent loin de faire état de la participation ; quand à la promotion du développement humain et durable, il semble que le temps se donnera du temps tant que le savoir paraitre et le savoir être ne sont pas devenus magistraux chez notre jeunesse estudiantine. Le savoir faire, elle le cherchera partout avec l’aide des enseignants chercheurs reconvertis en animateurs qui assureront l’ambiance. Des DJ de la science en quelque sorte!

L’Université marocaine est en train d’être vider de sa substance à force de vouloir lui faire supporter la responsabilité du chômage des jeunes diplômés. D’une manière récurrente, et depuis fort longtemps, la question revient sur le tapis. On aboutissait alors à une érosion du système universitaire sans répondre ni à la création de l’emploi ni à cette adéquation recherchée entre la formation et le marché du travail. La raison de ce désordre ne se situe pas au niveau du système éducatif.

Ce sont les indicateurs économiques et la volonté politique qui ne sont pas en phase. La motivation personnelle, la filiation d’une lignée de «patrons», et autres facteurs non universitaires sont plus déterminants que les compétences acquises pour devenir son propre patron. Les conditions économiques, la productivité, le climat des affaires, le contexte juridique, la transparence et l’application du droit dans l’économie, la justice et son rendu ; la lutte contre la corruption, contre la concussion et la rapacité sont des éléments essentiels qui favorisent l’investissement créateur d’emplois.

Notre beau pays, à l’instar de tous les autres a certainement son quota des têtes bien pensantes, intelligentes, studieuses et laborieuses. Il est temps pour nos gouvernants de se demander pourquoi une partie de cette richesse arrive à préférer la migration vers d’autres latitudes où le climat est plus rude contrairement aux relations sociales.

Notre enseignement supérieur n’a pas besoin de réformes surprises, de réformes furtives qui n’ont pas le soutien des principaux intéressés et de l’opinion publique. Une réforme entreprise avec une hâte excessive apparente pour répondre à une pression conjoncturelle ne peut réussir. L’initiative gouvernementale ne peut servir à la production de désillusions au lieu d’être une impulsion pour la consolidation du processus démocratique et l’application de l’esprit et de la teneur de la constitution.

Pour autant, notre enseignement supérieur et la recherche scientifique qui lui est solidaire n’ont pas besoin du statuquo où la déperdition des ressources est de plus en plus alarmante, ils ont besoin  de la mise en œuvre d’une réforme pour contribuer à la transformation de notre société par le savoir. Libérons nos forces productives dans leur ensemble avec une justice sociale et une équité spatiale dans le développement durable afin que le facteur humain s’émancipe et s’épanouisse.

Et si «valorisation et confiance des élèves dans les matières enseignées» se posent, cela devrait se régler au secondaire et au primaire à travers  ce qui est prévu par le «plan exécutif intégré, comprenant 6 lois d’application, 79 décrets et 80 décisions ministérielles» de la loi cadre 51-17.

Si non, à quoi peut servir un conseil supérieur avec ses instances et ses membres éminents dans l’animation de la réforme conformément aux perspectives stratégiques 2015-2030, pour «impulser une dynamique qualitative au développement du système de l’enseignement supérieur dans notre pays»?

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