Dockers, raffineurs et électriciens en grève

Réforme des Retraites en France

Avant la journée de grève nationale du 31 janvier contre la réforme des retraites du gouvernement, la grève a repris dès jeudi pour 48 heures dans les raffineries et des centrales EDF, et pour 24 heures dans les ports et les docks.
La réforme d’Emmanuel Macron, à laquelle s’opposent tous les syndicats et qui arrivera lundi au Parlement, conduirait à la suppression des régimes spéciaux chez EDF ou Engie (ex-GDF Suez). Leurs salariés seraient eux aussi contraints, à terme, d’attendre 64 ans pour toucher leur retraite.
Le 31 janvier, à l’appel de tous les syndicats, la grève touchera tous les secteurs: écoles, fonctionnaires, transports, services… Mais dans l’énergie, la CGT organise des grèves supplémentaires.
La CGT souhaite « aller chercher encore plus de grévistes pour le 31 et montrer qu’on maîtrise l’outil de travail », explique à l’AFP Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la CGT dans la branche énergie.
Des baisses de production dans les centrales nucléaires et les barrages étaient à prévoir dès jeudi, mais elles ne devraient pas provoquer de coupures de courant, tant elles sont encadrées par le gestionnaire des lignes à haute et très haute tension RTE.
Malgré la présence de nombreux grévistes, « il n’y a pas eu beaucoup de baisses de production cette nuit », a d’ailleurs indiqué M. Coudour jeudi, faisant état de messages de sûreté de réseau « dès la fin de journée mercredi ».
RTE, chargée d’assurer la sécurité de l’approvisionnement en électricité, peut envoyer des messages de sûreté aux grévistes si elle estime que les baisses de production compromettent le fonctionnement du réseau, ce qui a été fait pour jeudi. A charge ensuite pour les salariés de les respecter.
« On s’interroge sur la véracité de ces messages », a indiqué le syndicaliste. « Si ce sont des messages pour garantir des échanges commerciaux », les grévistes se demanderont s’ils doivent « les respecter ou pas ».
« C’est une question de sécurité de l’approvisionnement en électricité, pas une question de marché », a répondu RTE.
Dans les raffineries, les expéditions de carburants vers les dépôts étaient bloquées, avec le mot d’ordre habituel: « rien ne rentre, rien ne sort ».
Chez TotalEnergies, la CGT faisait état jeudi matin de 100% de grévistes au dépôt de Flandres (Nord), 80% à la raffinerie de Normandie, 60% à la bio-raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), 50% à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique) et 30% sur le site de Grandpuits (Seine-et-Marne), qui est toutefois en reconversion et n’expédie plus de carburants.
Dans la plupart des raffineries, les expéditions de produits « sont interrompues ce jour », a confirmé le groupe, qui a été paralysé en octobre par une longue grève. Il a ajouté qu’il continuait à « assurer les approvisionnements » de ses stations-service et clients.
Au menu de ces deux jours de mobilisation, également des actions « positives », à la Robin des bois, dans l’énergie, gratuité par exemple, afin de contrebalancer les reproches adressés après l’annonce de « coupures ciblées », notamment contre des élus.
Dès mercredi, des coupures ont eu lieu sur des parcs éoliens et solaires dans le secteur de Montluçon, revendiquées par la CGT, ainsi que dans une zone industrielle et commerciale à Montauban (Tarn-et-Garonne), jeudi matin. Comme à chaque fois, Enedis va porter plainte.
« Nous ne souhaitons (pas de) blocages qui seraient pénalisants pour l’ensemble des Français et nous n’acceptons aucune menace », a déclaré mercredi le ministre du Travail Olivier Dussopt devant le Sénat, en parlant de « délit » plus que d' »action politique ou militante ».
La CGT pétrole souhaite néanmoins « un mouvement un petit peu plus dur », selon Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité TotalEnergies Europe, qui prône une « généralisation de la grève pour toucher l’économie » et faire « reculer le gouvernement », plutôt que des mouvements de 24 heures espacés dans le temps.
Les pétroliers prévoient des manifestations avec les salariés des infrastructures portuaires, appelés à faire grève pour 24 heures.
Des manifestants bloquaient l’accès routier des camions au port de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques). « On restera le temps qu’il faudra », a déclaré un délégué syndical CGT joint au téléphone.

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