«Double face»: dans la peau d’un écrivain pas comme les autres!

Un spectacle profond, intelligent et bien travaillé. «Double face» est la nouvelle pièce de théâtre mise en scène par le réalisateur et artiste Dejjiti El Housseine  qui  a été présentée en avant première samedi 14 septembre au théâtre du Complexe culturel Sidi Belyouth à Casablanca.

 Il est 20h. Les mordus des planches, les  artistes et les journalistes n’ont pas manqué le rendez-vous théâtral de cette rentrée.  Une scénographie simple de Youssef Elarkoubi, mais loin d’être simpliste. Peu d’objets sur scène : une valise, une chaise… et des personnages.

D’ailleurs, le metteur en scène l’affirme : «Je mise sur les comédiens, sur le jeu et la vision qui apportent un souffle universaliste et universel ». En d’autres termes, c’est le sens et la signification qui sont importants. Le son d’une machine à écrire tape aux oreilles  ouvrant le bal de la pièce qui relate l’histoire d’un écrivain et son double…face.  Et combien de fois, on s’est posé la question suivante : que se passait-il dans la tête d’un écrivain quand il pensait à son projet d’écriture, ses déboires, ses angoisses, ses quêtes d’inspirations?

En fait, Abdellah Chakiri a glissé le public présent dans la peau d’un écrivain, dans son égo, ses déchirures ontologiques, dans son égocentrisme et son amour pour l’écriture et la création.

Certes, la peau des mots est dure, et cette relation conflictuelle entre le vécu, la mémoire et l’écriture poussent  parfois à tuer son «double» incarné avec brio dans la pièce  par le jeune comédien Ali El Bouhali. Sans oublier le rôle de la jeune comédienne Khadija Allouch qui a incarné l’infirmière.

Des feuilles déchirées jetées sur scène meublant le vide de l’espace. Et au-delà des dialogues et des répliques, il y avait ces mouvements circulaires des personnages jetant le public dans un univers labyrinthique. Une façon d’exprimer «ce blocage de création», ce «manque d’inspiration» et finalement cette quête de l’excellence dans l’art, dans l’écriture et de révéler entre autres ce qui demeure caché dans la verve du créateur. L’écriture est une aventure ; parfois dangereuse.

Et Dejjiti El Housseine s’est aventurée dans l’écriture dramaturgique de la pièce en travaillant et retravaillant le texte de Mohcine Zeroual. Ce n’est pas assez facile de porter ce fardeau. Tous ces mots et ces répliques sur son dos sont exposés aux regards à la fois tendres et critiques du public. Le metteur en scène nous montre un écrivain dans tous ses états: forces et faiblesses. Il est à rappeler que ce spectacle a été présenté par l’Association Ouachma pour le théâtre et la culture. Une pièce à voir!

Mohamed Nait Youssef

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