«Douce Asilah. Lâcher des étoiles»

Mohamed Anzaoui expose ses œuvres inspirées d’Asilah à Casablanca

Un air d’Asilah survole Casablanca actuellement. L’inspiration artistique de cette ville s’invite jusqu’au 31 janvier à la capitale économique plus précisément à la Villa Delaporte. Le public casablancais peut découvrir une belle exposition de l’artiste zailachi Mohamed Anzaoui. Ce talentueux artiste autodidacte nous propose d’admirer «Douce Asilah. Lâcher des étoiles».

Mohamed Anzaoui qu’on peut croiser songeant dans les ruelles d’Asilah, notamment au Moussem culturel de la ville, dévoile à Casablanca des œuvres sensibles et puissantes. «Dans ses œuvres récentes, Anzaoui se donne plus que jamais à cœur joie à la matière, l’étalant parfois sur des toiles monumentales, retrouvant sans doute ses premiers plaisirs d’enfant», écrit dans le catalogue de l’exposition l’historienne et critique d’art, Faten Safieddine. Les créations de Anzaoui sont le récit de songes bourrés de souvenirs et de désirs qui l’animent au sein du monde dans lequel il vit. L’artiste qui s’est surtout forgé dans les ateliers du Moussem culturel d’Asilah invite son public à se laisser emporter par le rêve et à imaginer le ciel, la mer et la terre qui ont bercé son talent. Sans école des beaux-arts, Mohamed Anzaoui a développé son talent sous les arcades de sa ville natale.

«Pour nous tous, enfants d’Asilah, la mer et la plage étaient notre premier jeu et jouet, notre toile et notre matière première à la fois. On y trouvait le sable et l’eau, la chaux et l’argile, et même le goudron rejeté par les bateaux et qui me fascinait par son noir aux reflets irisés», indique Anzaoui. Selon Faten Safieddine, Anzaoui, plus que d’autres enfants de sa génération, fut dès sa plus tendre enfance, en contact direct avec la peinture grâce au voisinage direct du peintre naïf Brahim Jbari. «Ce dernier lui donnait en contrepartie de petites courses, papiers, pinceaux et gouache pour barbouiller tout son saoul. Ce plaisir, il le retrouvera plus tard au Collège d’Asilah où il fut parmi les plus brillants élèves d’Elena Ascencio. Cette artiste espagnole, première épouse de l’artiste Mohamed Melehi, dotée d’une solide formation académique, sut inculquer à des générations de jeunes “zailachis” le goût de la peinture et de la “belle ouvrage”».

Pour sa part, la galeriste Mouna Annasse Hassani rappelle que Anzaoui s’est certainement nourri des oeuvres d’artistes comme Hassani, Belkahia, Melehi, Kacimi ou encore Bellamine : «Ces artistes majeurs qui comme lui ont traversé le Maroc et y ont révélé cette matière poétique vivante que nous aimons tant ; ces artistes qui ont participé au festival d’Asilah fondé par deux enfants du pays : Mohamed Benaissa et le regretté Mohamed Melehi. Je me rappelle la joie qui s’emparait des rues et des ateliers de la cité pendant ce festival chargé d’émotions, où l’heure était toujours à la célébration, sous le regard bienveillant de Malika Agueznay qui s’impliqua énormément pour faire vivre comme il se doit l’atelier de gravure». Bourré de talent, inspiré par sa ville natale, son voisinage et ses échanges artistiques, Anzaoui expose actuellement au Maroc et à l’étranger.

Biographie de l’artiste Mohamed Anzaoui : Né en 1964 à Asilah, Mohamed Anzaoui vit et travaille entre sa ville natale et Tanger. Il a été initié à la peinture dans les ateliers pour enfants du Moussem culturel d’Asilah. Il bénéficie en 2001 d’un séjour à Paris, à la Cité internationale des arts, qui marquera sa vie professionnelle. Il commence à exposer au début des années 1990, d’abord à Asilah et ensuite un peu partout au Maroc et en Europe, notamment en Espagne et aux Pays-Bas. En 2000, il crée à Asilah avec Mouad Jbari et Souhaïl Benazzouz L’Atelier, lieu d’expositions, d’expériences et d’échanges, selon les fondateurs. Sans une formation académique, la peinture de Mohamed Anzaoui entre dans le monde du rêve, ce lieu où tout est possible, entre le ciel, la mer et la terre.

Chaque tableau est le récit de songes remplis de souvenirs et de désirs qui l’animent au sein du monde dans lequel il vit : l’idée du corps, de la terre et de la mer est un guide qui ouvre l’espace. Les couleurs se mélangent, de l’acrylique jusqu’à toutes sortes de pigments, elles sont jetées, posées ou couchées sur la toile. Elles se rencontrent, se superposent, se diffusent l’une avec l’autre, s’enlacent. Les surfaces sont lisses, labourées, granuleuses ou rocheuses, elles portent les éléments constitutifs du tableau et les pénètrent comme des signes calligraphiques qui ont abandonné l’écriture. La vocation artistique de Anzaoui doit sans nul doute beaucoup au Moussem d’Asilah, animé pendant de nombreuses années par des peintres majeurs. Tahar Ben Jelloun dira de lui : «Il faut rester attentif au travail de cet artiste à l’allure d’un homme de la terre qui réconcilie le cru et le cuit, le passé et le futur, la terre et les étoiles surtout quand sa main les fabrique avec générosité, talent et humanité».

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