École

Juste après les deux jours de l’Aïd Alad7a, le coup d’envoi des législatives 2016 est donné par l’enregistrement des candidatures. Après cet acte, la campagne électorale débutera le 24 septembre pour s’étaler jusqu’à la veille du jour du scrutin. Entre temps, le lancement effectif des cours pour les trois cycles de l’enseignement est prévu le 19 septembre dans l’ensemble des établissements scolaires. École publique où es-tu ?

Tous les avis sont unanimes sur la dégradation continue de notre système éducatif et de son inefficience alors que d’importants moyens lui sont dévolus par l’Etat. Au niveau des familles, l’investissement dans la formation des enfants reste une priorité des plus importantes. Les rapports produits par les organismes intéressés sont édifiants. Le diagnostic est plus qu’alarmant. Il reste alors de passer, sans attendre, des vœux à l’action pour concrétiser la réforme et rénover l’école: une école de la réussite pour tous.

Le Maroc ne peut attendre une centaine d’années pour que son système éducatif prenne la place qui lui échoit dans la transformation démocratique et moderne de la société, l’émergence de son économie et l’instauration de la justice sociale.

L’intérêt accordé dans notre pays à la petite enfance se reflète dans la situation des établissements préscolaires. En grande majorité privés avec une tutelle étatique diversifiée (Habous, Education nationale, Jeunesse et sports, Entraide nationale et Missions étrangères), ils sont caractérisés par une disparité dans la qualité de l’espace éducatif et de l’encadrement. Les inégalités économiques et socioculturelles qui marquent la société se reflètent dans la réalité qui se définit d’une prétendue éducation préscolaire où le gardiennage prévaut sur le développement de l’enfant, à des maternelles où la créativité, la communication, l’autonomie des bambins sont prises en considération à travers une pédagogie relativement adaptée, des activités ludiques et un personnel formé à cet effet.

La persistance de l’analphabétisme depuis l’indépendance montre que l’école primaire alimente encore ce déficit par ses déperditions. L’acquis des élèves ne semble pas répondre aux exigences de la modernité et de l’émergence économique du pays. Il suffit de lire les enseignes, parfois officielles, pour se rendre compte de l’indigence du niveau de l’éducation général. A la rentrée de la capitale, juste à côté du rond point d’El Kamra jouxtant la gare routière, un panneau indique à qui peut le lire la «route coutière» ! Que ce panneau ait pu être préservé montre l’indifférence des pouvoirs publics à cet égard.

L’enseignement secondaire n’arrive pas à préparer en quantité suffisante et en qualité requise les élèves pour l’enseignement supérieur. Sans certitude sur «l’aptitude des bacheliers à poursuivre des études supérieures , sans orientation préalable, avec une méconnaissance de la langue véhiculaire de l’enseignement supérieur, des moyens matériels plus qu’insuffisants, la plupart des étudiants s’inscrit dans les établissements à accès ouvert. Si on est loin encore de la «stratégie innovante de recrutement de l’encadrement pédagogique» malgré les départs volontaires et ceux liés à la retraite, l’amélioration de la qualité reste beaucoup plus de l’ordre du mot d’ordre que de la pratique.

La privatisation rampante et croissante n’a conduit qu’à l’enrichissement de certains sans pour autant booster le système éducatif national vers l’excellence, la performance et la réussite. Objectif du fumeux « plan d’urgence » la marchandisation de l’enseignement a introduit la ségrégation par l’argent dans le domaine éducatif, renforçant les inégalités tout en étant inefficace et chère.

S’il ne s’agit pas de s’opposer à l’entreprise privée dans l’enseignement, il importe que l’école publique (de la maternelle à l’enseignement supérieur) soit la locomotive d’un système éducatif ouvert en relation avec les besoins de notre société pour assurer les mutations démocratiques et socio-économiques qui lui sont nécessaires.

La conclusion est prise du rapport du cinquantenaire sur l’enseignement supérieur. «Aussi, pour ne pas être en retard d’une guerre une fois de plus, il faut pouvoir anticiper, prendre des décisions courageuses pour transformer (…) et éviter les blocages, les inerties, les dysfonctionnements et les crises… afin que l’enseignement au Maroc produise le meilleur en évitant le pire pour reprendre Mekki Zouaoui qui constatait que «l’enseignement supérieur au Maroc produit le meilleur et le pire . Le capital humain est la plus grande ressource du Royaume. Pour le développer, il lui faut, comme le souligne le programme électoral du Parti du Progrès et du Socialisme, « une école performante réconciliée avec son environnement et en phase avec les besoins de la société et les attentes des citoyens».

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