«Eidreadathon»: Des lectures au goût de la fête

Que vous lisiez régulièrement ou occasionnellement, que vous dévoriez les livres d’un seul coup ou preniez votre temps à savourer chaque mot, à l’instar d’un marathon de course, tout le monde peut participer à un readathon (marathon de lecture).

Pour commencer, munissez-vous d’un premier livre, tout format confondu, mettez-vous à l’aise dans un coin et laissez-vous transporter à un autre endroit et à un autre temps sans bouger le petit doigt ni même transpirer une seule goutte de sueur.

Toutefois, dépendamment de l’histoire du livre entre vos mains, vous devriez peut être vous arrêter de temps à autre pour reprendre votre souffle !

Readathon est un mot formé de la contraction de deux mots, “read” et “marathon”. Ainsi, un readathon consiste à lire au maximum pendant une durée prédéterminée pour une occasion spéciale ou sous un thème particulier. Ne vous inquiétez pas, le but, certes, est de passer le plus de temps possible à lire, mais il est aussi important de répondre à ses besoins physiologiques : mangez, dormez et surtout restez hydratés !

Cette durée, parmi d’autres conditions, est prédéfinie par le hôte du readathon, créatrice ou créateur de contenu livres sur une plate-forme en ligne, notamment bookstagram.

Bookstagram, association de “book” et “instagram”, représente la communauté des passionnés de livre sur instagram qui partagent du contenu livresque diversifié, appelés “bookstagrammeurs” et “bookstagrammeuses”.

Parmi ces fans de lecture au Maroc figurent Lamiae et Hanae, du compte bookstagram “Moroccanreaders”, deux amoureuses de la littérature depuis leur jeune âge. Bien que leur domaine d’études soit tout à fait différent de la littérature, elles qui sont des étudiantes en génie civil, leur “passion envers les livres n’a jamais cessé”, ont-elles déclaré à la MAP.

Lamiae et Hanae ont créé “Moroccanreaders” en septembre 2017 pour buts de rapprocher le public marocain de la littérature et rallier les lecteurs marocains dans une communauté où l’amour et le partage des livres règnent, expliquent-elles.

Pour ce qui est du contenu de “Moroccanreaders”, il s’agit d’images livresques envoyées par les lecteurs à Lamiae et Hanae, accompagnées de citations relatives à l’image. Elles postent par ailleurs des revues sur certains livres pour les faire connaître et inciter à les lire.

En plus des revues des livres, les bookstagrammeurs et bookstagrammeuses partagent entre autres leurs nouveaux achats livres (haul de livres ou unboxing) ou les livres qu’ils comptent lire (pile à lire ou PAL).

Ce contenu se présente sous différents formats: images, “stories” (vidéos qui expirent au bout de 24 heurs) ou vidéos, accompagnés généralement d’un statut.

Outre la détermination de la durée du readathon, l’hôte peut également fixer des objectifs à atteindre. Des hôtes peuvent aller plus loin et proposer pendant des readathons à lire par exemple un livre d’une certaine couleur de couverture ou un livre avec un titre composé d’un certain nombre de mots.

D’autres hôtes préfèrent ne pas mettre trop de pression sur les participants, comme Yousra qui a commencé son aventure bookstagram en 2017 avec le compte “Yousraanbooks”. Elle partage principalement des revues de livres et occasionnellement des hauls et unboxings ou même ses visites en librairies.

Yousra a récemment organisé le “Eidreadathon2019”, un readathon à l’occasion de Aid Al Adha. “Je n’ai pas établi de conditions parce que je trouve que ce sont justement les conditions qui ne permettent pas à un grand nombre de personnes de participer à des readathons. Des fois, il s’agit, par exemple, de lire un livre avec une couverture rouge : et si la personne ne dispose pas d’une telle couverture dans sa bibliothèque ? Et si le livre à couverture rouge ne lui donne pas envie en ce moment ? C’est amusant certes, mais les restrictions minimisent le nombre de participants et découragent. Ce pourquoi, j’aime faire simple. Donner un nombre de page minimum (100) et un nombre maximum (5000) et laisser aux gens le libre choix de décider de leurs lectures”, a-t-elle déclaré à la MAP.

Le “Eidreadathon2019” en était à sa deuxième édition, après celle de 2018, a indiqué Yousra, faisant savoir que l’idée de ce readathon lui est venue quelques jours avant Aid Al Adha. “Ayant une semaine congé moi-même, j’ai pensé qu’il serait intéressant de proposer à mes abonnés de participer à un readathon”, a-t-elle expliqué.

Parmi les participants au “Eidreadathon2019”, Ghita du compte bookstagram “Les bibliothèques de Ghita”, qui s’est fixée un objectif de 3.000 pages au début de ce readathon, a-t-elle déclaré à la MAP, faisant savoir que sa PAL comprenait des livres déjà entamés, des livres d’auteures marocaines ou sur un thème lié au Maroc.

La Pile à Lire proposée par Ghita comprenait “La Terre” d’Emile Zola, “Souk à Marrakech” de Philippe Huet, “Cérémonie” de Yasmine Chami, “Et au-dessus dansent les oiseaux” de Lamia Berrada-Berca et “Islam et Femmes” d’Asma Lamrabet.

Mais avec “un emploi du temps déjà assez chargé, entre ménage, cuisine, célébration et les divers repas familiaux”, Ghita n’a pu en lire que 638 pages. “Je lisais surtout le soir et pendant la journée quand tout le monde faisait une sieste ou se reposait après un repas copieux”, a ajouté Ghita.

“Je suis toujours très motivée pour les readathons et je me mets toujours une petite pression, car j’aime bien atteindre mes objectifs. Mais si ce n’est pas le cas, ce n’est pas grave, car c’est le plaisir de lire qui compte avant tout”, a-t-elle assuré.

“Les marathons littéraires sont un moyen d’avancer dans ses lectures et de faire baisser sa pile à lire. C’est aussi un moyen de découvrir de nouveaux genres” a-t-elle expliqué, rejoignant Yousra qui affirme que “le plus important est de prendre un livre et commencer à lire”.

Yousra propose un autre rendez-vous lecture avec un nouveau concept : lire des livres de George Orwell en septembre. “Il s’agit d’une sorte de mois à “auteurs” au lieu de mois à thème ”, a-t-elle déclaré.

C’est un concept qu’elle souhaite tester en vue d’inciter à lire ou relire les “chefs-d’œuvre” d’Orwell, tels que “1984” et “Animal Farm” d’une part, et inviter à découvrir d’autres œuvres moins connues du même auteur, d’autre part, a-t-elle dit.

Yosra Bougarba (MAP)

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