Elections municipales en République Tchèque : La grande incertitude

Attendons pour voir…

Si les électeurs tchèques ont été appelés aux urnes, vendredi et samedi derniers, à l’effet  d’élire les 200 membres de la IXème législature de la Chambre des députés et que le mouvement populiste « ANO » du Premier ministre, Andrej Babis, au pouvoir depuis quatre ans, était annoncé favori, force est de reconnaître que l’issue du scrutin a déjoué tous les pronostics car c’est la coalition « Spolu » (Ensemble), regroupant trois partis conservateurs – à savoir,  le Parti démocratique civique (droite), TOP 09 (Centre-droit) et l’Union chrétienne démocrate (Centre) – qui est arrivée en tête en recueillant 27,78% des suffrages exprimés dépassant d’une courte tête la formation du Premier ministre qui a obtenu 27,14% des voix.

Ainsi, au terme de ce scrutin qui a été marqué par une participation de 65,4%, beaucoup plus importante que lors des élections législatives qui avaient eu lieu quatre années auparavant, le site « Idnes » a reconnu que « la coalition Spolu a remporté les élections les plus serrées de l’histoire » de la République tchèque alors que, de son côté, « Irozhlas », le site de la radio tchèque, a évoqué « le triomphe inattendu d’Ensemble » 

Si, à l’issue de ce scrutin, la coalition « Ensemble » pourrait disposer d’une majorité de 108 sièges au Parlement en s’alliant au Parti pirate anti-système et au mouvement centriste des Maires et indépendants (STAN), il y a lieu de noter, également, que c’est pour la première fois, depuis 1989, que ni les communistes ni les socio-démocrates ne vont siéger au Parlement de la République tchèque dès lors qu’ils ne sont pas parvenus à franchir la barre fatidique de 5%.

De l’autre côté, le parti d’extrême-droite anti-UE, « Liberté et Démocratie directe », n’a recueilli que 9,6% des voix. Or, avec un tel score, bien en-deçà de celui qu’il avait obtenu en 2017, ce parti ne sera pas d’un grand secours au Premier ministre sortant et ce, d’autant plus qu’il exige un référendum sur le « Czexit », la sortie de la Tchéquie de l’Union européenne.

Néanmoins, en dépit de cet échec  – d’une courte-tête, il est vrai – Andrej Babis n’a, pour l’heure, ni accepté de reconnaître sa défaite ni annoncé son retrait de la vie politique comme il avait promis de le faire s’il venait à ne pas être reconduit à son poste et laissé planer le doute quant à l’éventualité de rester à son poste « si le président (lui) donne une chance de former le gouvernement » car ni lui ni son parti ne s’attendaient « à un tel résultat » alors qu’ils ont dû affronter « cinq partis ».

Il est vrai que la balle est bel et bien entre les mains du président Milos Zeman qui, en jouant un rôle-clé dans la désignation du Premier ministre, pourrait reconduire  Andrej Babis à son poste en dépit de sa courte défaite aux législatives.

Mais alors que, depuis l’annonce des résultats « très serrés » de cette élection, tous les tchèques étaient dans l’expectative et se demandaient qui, de Babis qui a recueilli 27,14% des suffrages ou de Petr Fiala, dont la coalition « Ensemble » a remporté 27,78% des voix, allait être choisi par le président Milos Zeman  pour diriger le prochain gouvernement, voilà que le chef de l’Etat, à la santé chancelante, a été hospitalisé, en urgence, ce dimanche soir. Quelle sera réellement l’issue de ces élections ? Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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