Enfin, la délivrance !

Cinéma Salam d’Agadir

Cinéma Salam d'Agadir 2

Après tant d’année d’expectative, le fameux cinéma Salam d’Agadir échappera aux coups de massues destructeurs. La commission ad hoc du ministère de la culture vient de donner suite à la requête de l’association forum Izorane (expression en tamazight qui veut dire racines). Le département de tutelle entamera donc les dispositions nécessaires pour ériger ce monument historique en «patrimoine enregistré», non susceptible à quelconque détérioration.

Cette bâtisse de haute valeur architecturale, citée parmi les 10 sites typiques du pays, selon une instance d’experts en la matière, de renommée mondiale, a survécu, faut-il le rappeler, au séisme qui avait quasiment démoli Agadir en 1960. Etant parmi les rares sites rescapés de ce cataclysme naturel, le cinéma Salam avait constitué, avant et juste après la résurrection de la ville, le pôle d’attraction de nombre de générations.

A l’époque, les jeunes admiraient les classiques du cinéma universel, alors que les adultes côtoyaient les leaders politiques lors des meetings populaires et savouraient les prestations musicales des artistes de jadis. Aujourd’hui, ce joyau urbanistique qui faisait la fierté de toute une région, sombrait, depuis déjà des années, dans les oubliettes, suscitant ainsi, agacement et désolation. Le cinéma Salam gisait, tel un cétacé étripé, dans un bain de réminiscences.

Et depuis, la population locale s’indignait de cette insouciance qui assénait un coup dur, non seulement à ce monument hors pair, mais également et surtout à la mémoire collective des soussis dont les soucis s’amplifiaient à l’idée de perdre à jamais cette affable «grande maison», pour parapher l’écrivain algérien Mohamed Dib. Depuis longtemps, cet édifice historique moisissait sous l’usure du temps, sans, pour autant, damner son cachet indélébile.

Au fil du temps, cette communauté qui tient tant à son cinéma, s’enrageait de voir les tentacules des prédateurs immobiliers s’étendre sur cette aubaine alléchante, en plein cœur de la ville. Un appât juteux dont la reconversion en immeubles et autres projets rapporterait des milliards de dirhams, au rythme où le foncier flambe dans ces lieux de choix. Ce qui fut fait, hélas !sauf que l’acquéreur s’interdisait, jusqu’à présent, de démolir et de reconvertir !

En effet, sitôt après, les voix d’exaspération s’époumonaient à tue-tête. La société civile, en particulier le forum Izorane à qui revient le mérite d’adopter ce dossier à bras le corps, s’insurgeait contre cette atteinte au patrimoine et à la mémoire de la ville. Les formes militantes fusaient de toutes parts. Les pressions s’accentuaient à brides abattues. Le directeur régional de la culture s’impliquait pareillement dans cet entrain, avec grand civisme.

Et puis, comme par enchantement, la nouvelle parvient, lundi dernier ! Le ministère de la culture, à travers la commission concernée, procède à l’enregistrement de cinéma Salam en tant que patrimoine, conformément à l’article 4 du décret n° 2.80.25. Suite à cette donne, le département de tutelle décidera d’enregistrer le cinéma Salam comme étant un patrimoine dont les composantes spécifiques seront protégées.

Une décision qui paraitra très prochainement au bulletin officiel et qui réjouit, actuellement, toute une ville. On ne peut alors que saluer très vivement cette initiative et ses initiateurs : société civile, institutions, individus…

Saoudi El Amalki

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