Erreurs ?

La ruralité ne trouve pas son expression au Maroc de 2016. Malgré l’intérêt qui lui est accordé par tous les protagonistes du paysage politique national, du côté gouvernemental comme à l’opposition, l’espace rural et ses habitants restent sous la tutelle des citadins.

Même dans la revendication, ils veulent que les ruraux et l’espace qu’ils occupent soient copie conforme à leurs visions de «mdinis», quoiqu’en devenir. Sous le toit du parlement, aucun paysan que l’on peut reconnaître par sa corpulence, ses habits, sa témérité innocente ou provocatrice, son verbe direct et sa faconde, n’a pris la parole pour dire ce que ressentent les paysan(e)s et ce qu’ils espèrent.

Il ne s’agit pas de s’inscrire dans un jeu de rôle gouvernement-opposition pour, d’une part, lister les réalisations et leurs coûts, en pourcentage ou dans l’absolu et, d’autre part, insister lourdement sur les «échecs» dont l’histoire remonte au siècle dernier. Il s’agit du développement d’un « monde » qui se veut être à l’écart du tohubohu des agglomérations urbaines et de leur mode de vie où le temps s’échappe à tel point que la cuisson des aliments est réglée sur une montre.

Un monde où le végétal, l’animal, chaque être vivant est respecté par lui-même et par la fonction qu’il exerce dans la nature. Un monde où la concurrence et la compétitivité, aussi dures soient-elles,  n’ont pas transformé les rapports humains par des calculs opportunistes. Il ne s’agit pas des migrants citadins qui viennent investir leurs dirhams et profiter des subventions étatiques pour s’enrichir mais d’une population issue de la terre et qui lui est attachée. Cette ruralité ne veut pas être un stock de voix, elle veut faire entendre sa voix pour une voie d’émancipation, d’égalité des chances, de modernité et de vie collective sereine. Elle ne veut pas subir la destinée de ce doum, qui après avoir développé un stipe en plein air se retrouve exposé dans des allées qui lui sont complètement étrangères. Un auto-développement intégré à la hauteur des biens produits et des services rendus et dans le respect du caractère rural de l’espace et de ses occupants !

Ailleurs, et dans un monde plus confiné, et à quelques jours des examens du baccalauréat, le mouvement étudiant marocain et l’Université marocaine ne méritent pas toute cette mauvaise publicité dont ils font l’objet ces derniers jours. C’est là un signe de la gravité de la situation dans lequel se trouve l’enseignement supérieur dans notre pays. Que ce secteur ne puisse pas se ressaisir montre à l’évidence qu’une volonté de «laisser aller, laisser faire» est poursuivie. Les efforts entrepris depuis les résolutions de la COSEF et même les ajustements du « programme d’urgence » n’ont pas été capables pour donner à notre jeunesse estudiantine le cadre nécessaire à son épanouissement dans l’acquisition du savoir et la formation d’une conscience sociale responsable. La sape est à chercher là où le mal apparaît et non pas ailleurs.

La condamnation des événements de la cité universitaire de Meknès où des étudiants torturent une jeune fille en public et lui rasent la tête ne doit pas aussi être l’occasion pour instiller des positions nihilistes, faire assumer la responsabilité de ces actions aux partis politiques et particulièrement contre les tenants du progrès et du socialisme. C’est là une manœuvre et un comportement qui, faisant boule de neige depuis le siècle dernier, a abouti à la situation présente par l’encouragement de milices, de nervis et de psychopathes au sein de l’enceinte universitaire pour faire taire la voix unie et nationale des étudiants du Maroc. La vocation d’un organe de presse n’est pas de coller les épithètes qui rendent « marxiste » ce qui n’est qu’aventuriste et irréfléchi.

Loin des dérives, la jeunesse estudiantine marocaine a le droit de se syndiquer, de faire de la politique et d’agir pour que l’enseignement supérieur au Maroc soit au service d’un développement durable par la qualité de sa pédagogie, la valeur de ses lauréats et la plus value qu’il ajoute dans la société par sa recherche aussi bien dans son fonctionnement que dans son évolution vers la démocratie, le progrès et la justice sociale.

Il est temps de prendre les mesures qui s’imposent pour corriger nos erreurs aussi bien pour émanciper notre jeunesse du nihilisme et de l’aventurisme que pour faire évoluer notre ruralité dans la solidarité nationale et le développement local.

Top