Espagne : Après le triomphe de la droite, Pedro Sanchez dissout le Parlement

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Nabil El Bousaadi

A l’issue des élections municipales et régionales qui se sont déroulées, ce dimanche, en Espagne, le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), du Premier ministre Pedro Sanchez, a essuyé une cinglante défaite en recueillant 29,7% des suffrages exprimés, bien loin derrière le Parti Populaire qui aurait été soutenu par 36,5% des électeurs selon les premiers résultats publiés, par le ministère de l’Intérieur, dans la nuit de dimanche à lundi. 

En progressant de 2 millions de voix par rapport à 2019 et en obtenant, cette fois-ci, 800.000 voix de plus que le PSOE, il semblerait que le Parti Populaire d’Alberto Nuñez Feijoo aurait absorbé la quasi-totalité des voix du parti libéral Cuidadanos et récupéré, par la même occasion, une grande partie de l’électorat du centre.

Ainsi, près de 400.000 électeurs auraient tourné le dos au PSOE qui perd, ainsi, d’importants bastions comme l’Estrémadure, l’Aragon, la région de Valence, les Baléares, la Rioja et – pire encore – 22 capitales de province qu’il gouvernait, laissant ainsi le soin, au PP, de prendre possession de 7 des 8 capitales de province de l’Andalousie qui fut, pendant longtemps, le « grenier à voix » des socialistes.

Mais bien que le Parti Populaire ait pu, au terme de cette élection, gagner 6 des 10 régions qui étaient initialement gouvernées par le PSOE, soit directement soit dans le cadre d’une coalition, et renforcer son emprise dans ses deux bastions régionaux de Madrid et de Murcia, il va être contraint, dans certaines régions, de s’allier au parti d’extrême-droite VOX pour pouvoir disposer des majorités nécessaires.

Aussi, pour « contourner » ce coup dur et inverser le rapport de force afin de contenir la grogne en interne et de prendre la droite de vitesse, le Premier ministre Pedro Sanchez, qui entend « clarifier ce que veut le peuple espagnol, les politiques que le gouvernement national devrait proposer et les groupes politiques qui devraient diriger cette phase » et qui considère, par ailleurs, que la « seule méthode infaillible pour résoudre ces doutes… est la démocratie », n’a pas eu d’autre choix que celui d’engager ce qui peut être assimilé à une véritable « partie de poker » en annonçant la dissolution du Parlement, dès lundi matin après en avoir informé le roi Felipe, et en convoquant des élections législatives anticipées pour le 23 Juillet prochain, soit cinq mois avant la date initialement prévue.

Même s’il sait que son pari est loin d’être gagné et que la partie n’est pas acquise, Pedro Sachez viserait, par cette démarche, non seulement à remobiliser les électeurs de gauche mais, surtout, à faire douter les militants modérés du Parti Populaire d’une éventuelle alliance avec les extrémistes de droite regroupés sous la bannière de VOX.

Grand vainqueur de cette élection qui a été sa première depuis qu’il a pris la tête du Parti Populaire, le 2 Avril 2022, Alberto Nuñez Feijoo, qui a estimé que le pays avait fait «  un premier pas pour ouvrir un nouveau cycle politique » et qui a affiché sa « satisfaction » d’apprendre la convocation d’élections anticipées, a saisi cette occasion pour signaler à ses partisans que bien qu’il leur ait promis, tout au long de sa campagne électorale, d’«abroger le sanchisme », il n’y est toujours pas parvenu – donc qu’il y a encore du travail à faire – et qu’il a évoqué, avec Santiago Abascal, le Président de VOX, la possibilité de former des exécutifs de coalition dans certaines villes et certaines régions du pays.

Pedro Sanchez ne prend-il pas le risque d’offrir, à son principal adversaire, le calendrier idéal pour transformer son premier succès électoral en rampe de lancement vers la Primature quand, pour de nombreux observateurs, ce scrutin a achevé la banalisation de l’extrême-droite, certifié la mort politique du parti centriste libéral Cuidadanos et affaiblit Podemos et les différentes listes de la gauche radicale ?

Attendons pour voir…

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