Espagne: Une unité bien mise à mal par l’indépendantisme catalan…

S’opposant à la monarchie espagnole, le nationalisme catalan avait abouti en 1932 à la création de la Generalitat qui n’est autre qu’un gouvernement régional.

Or, étouffée sous Franco, cette forme de gestion de la région avait refait son apparition en 1977 après la mort du Caudillo et avait même fait approuver en 2005 un projet d’autonomie par le Parlement catalan. Or, si ce projet n’avait pas été soutenu, à l’époque, par la majorité de la population catalane, le véritable virage indépendantiste verra le jour lorsque, le 10 Juillet 2010, le Tribunal Constitutionnel rejettera un texte donnant de très larges prérogatives à la région et reconnaissant, du même coup, l’existence de la «nation» catalane.

 Aussi, pour marquer leur profonde désapprobation, ce sont près d’un million de catalans qui, ce jour-là, vont sortir dans les rues de Barcelone en scandant : «Nous sommes une nation, nous déciderons». Le retour au pouvoir en 2011 d’un gouvernement conservateur, dirigé par Mariano Rajoy et  hostile à tout projet d’autonomie de la Catalogne, va, de son côté, raviver les tensions et nourrir le projet indépendantiste surtout lorsque son ministre de l’éducation José Ignacio Wert appellera à «espagnoliser» les jeunes catalans ; ce qui va réveiller de très mauvais souvenirs chez ceux qui avaient vécus la répression de l’identité catalane au moment de l’occupation de la région par les franquistes pendant la guerre civile et qui fera dire à Josep Ramoneda, politologue et chroniqueur à « El Païs » qu’ « après trente ans de démocratie, (pour) les nouvelles générations, éduquées en catalan, auxquelles on explique que la Catalogne est une Nation, l’indépendantisme reste le seul projet qui s’offre à elles dans un moment où il n’y a pas d’autre débat que celui des taux d’intérêts de la dette».Mais la Catalogne a-t-elle les moyens de « gérer » son indépendance?

Regroupant 16% de la population et produisant 20% de la richesse nationale et 25% des exportations du pays la Catalogne reste l’une des régions les plus puissantes et les plus riches d’Espagne. La ville de Barcelone abrite l’un des plus grands ports commerciaux de la Méditerranée outre quatre aéroports internationaux, une industrie pharmaceutique florissante et assez compétitive et plusieurs multinationales à l’instar de Mango, le géant du textile.

Au niveau politique et administratif, la Catalogne est dotée d’une police régionale, d’un parlement et d’un gouvernement en charge des questions de l’éducation, de la santé et des services sociaux. Elle a, par ailleurs, son propre drapeau à rayures rouges,  sa langue – le catalan qui diffère du castillan le plus utilisé dans le pays – et, enfin, son hymne nationale.

Mais, force est de reconnaître, toutefois, que, malgré tous ces atouts, la région se débat dans une crise qui est l’aboutissement d’une dégradation progressive de la situation qui perdure depuis près d’une dizaine d’années.

Ainsi, à quelques jours d’un «référendum illégal», le défi lancé à l’Espagne par le séparatisme catalan n’est pas là pour faciliter les choses ni au pays ni au vieux continent notamment après ces difficultés qui eurent pour noms «crise de l’Euro», «guerre en Ukraine», «Brexit» outre les «dérives»  de la Hongrie et de la Pologne…

Au vu de tout cela, est-il permis de dire que l’opération judiciaire et policière de grande envergure menée par Madrid parviendra à assurer le maintien de l’ordre et, au moins, à «geler» à défaut de «museler» le séparatisme catalan ? Rien n’est moins sûr à l’heure qu’il est…

Nabil El Bousaadi

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