Et la gauche dans tout cela ?

par Mustapha Labraimi

Certaines voix d’ici, reprises ailleurs, veulent jouer un rôle plus grand qu’elles ne peuvent en glosant sur la gauche marocaine. Arguant sur son éparpillement, elles veulent l’enterrer en déclarant sa fin.

Il faut dire que l’immobilité politique circonstancielle, adoubée par la majorité gouvernementale, favorise la conjecture.Le vide politique pratiqué par la troïka formant l’exécutif ne peut se réaliser comme elle le souhaite, en dépit de la déclaration gouvernementale effectuée, tant que l’existence de la gauche persiste, qu’elle se manifeste et reste dans les esprits, à défaut de concrétiser par les urnes.

Cette concurrence, la troïka n’en veut pas. La majorité joue le temps. Elle veut laisser croire que son action, sa manière de faire et sa gestion des affaires sont les seuls possibles.

Sans répondre aux interpellations qui lui rappellent l’impact négatif de son immobilisme ou des choix qu’elle effectue sur la vie quotidienne de la très grande majorité de la population, elle peut montrer « ses crocs » pour intimider, usant des pouvoirs régaliens qui lui sont inhérents en tant qu’exécutif.

On reste loin de la consolidation du processus démocratique dont la stagnation handicape le développement humain et l’émergence économique.

Et la gauche dans tout cela ?

Si son existence ne peut être niée, sauf par ceux qui fantasment sur sa disparition et leurs commanditaires, sa force reste dissipée par sa dispersion et son incapacité actuelle de constituer une alternative. Potentiellement elle est majoritaire par ses propositions qui répondent aux aspirations légitimes de la population. Elle porte en elle les facteurs socioéconomiques et culturelles pour la transformation de la société, sa modernisation, la consolidation du front intérieur et l’affirmation de la souveraineté nationale. Sa crédibilité, malgré l’usure conjointe à sa participation au gouvernement depuis l’alternance consensuelle, reste confirmée.

A cette gauche de reprendre l’initiative pour sortir du carcan électoral dans lequel elle se trouve confinée pour constituer une alternance au « laissez aller laisser faire » de la majorité gouvernementale actuelle.

L’art du possible, avec un discours qui le porte et qui le rend compréhensible et acceptable par notre peuple, le dépassement de certaines animosités liées aux personnes et une mobilisation unitaire ne peuvent que créer la dynamique conduisant au changement et à l’alternance démocratique. Il est temps de dépasser le vœu pieux et d’agir dans l’intérêt supérieur du royaume, de sa stabilité, du renforcement de sa cohésion sociale et de son rayonnement.

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