Les évidences d’Al Hoceima!

Un dicton en arabe classique dit : «Certaines malédictions peuvent renfermer en son sein certaines bénédictions !». Cette citation pleine d’enseignements pourrait, sans doute, convenir au malaise morose qui ne cesse de frapper le pays dont les secousses d’Al Hoceima ne constituent, en fait, que la partie visible de l’iceberg. «Il n’y a pas de fumée sans feu !», dit-on également dans la langue de Molière, face à ce chaos itératif qui affecte si tristement le parcours d’une Nation au passé fabuleux de sacrifice et de gloire.

Certes, il ne fait pas de doute que les assauts acharnés subis par notre pays, aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur, sont, à notre sens, les conséquences directes des convoitises manifestées, depuis longtemps, chez les ennemis de l’intégrité territoriale et, d’autre part, des envieux du statut exceptionnel, marqué de stabilité, dont jouit le Maroc parmi ses pairs, dans un climat géopolitique mouvementé. Il va sans dire aussi que ce ciblage de fond mené, sans répit, contre le Royaume, dépasse le contexte et la gravité des incidents passagers qui, par-ci, par-là, peuvent éclater et constituer un mobile propice pour les offenseurs de la patrie.

Néanmoins, il y a lieu d’affirmer aussi que ces frondes auxquelles les services d’ordre tentent de faire face, non sans recours à la manière forte, ne sont, au fait, qu’une riposte naturelle aux constats d’échecs révoltantset aux contrastes inouïs dans le vécu marocain. D’un côté, une majorité écrasante du peuple croule sous la misère et l’exclusion, blessée dans sa dignité et son appartenance et dépossédée de ses droits les plus élémentaires. De l’autre côté, une minorité choyée, emmitouflée dans la rente excessive des licences hauturières et des carrières juteuses. La quasi-totalité des ressources du pays est ainsi accaparée par les repus de la junte, les nantis de la sphère et les notables de l’aubaine. Pour maintenir ce statu quo déficient, on s’amuse, sans scrupule, à dénaturer les élections et modeler une cartographie politique sur-mesure, à déplumer, au grand jour, les forces de la démocratie et du progrès et ériger la réaction et la dépravation sur les centres de décision, à approfondir encore davantage les disparités dans les sociétés et les espaces…

Cette injustice qui pèse, chaque jour, sur l’âme du «petit peuple» fait germer des sentiments de haine et de refus, au fil du temps. L’étouffement de ces répliques refoulées génère, à la longue et à coup sûr, l’éclatement dans la voie publique.

C’est bien cette cassure phénoménale qui rend maussade et perverse toute une nation, en pleine émergence. Le jour où on aura le culot, pour de bon, de destituer tous les rentiers précités de leurs richesses illicites et les répartir, comme il se doit, à qui de droit, le spectre d’Al Hoceima et consorts, ne serait plus qu’un mauvais souvenir ! Sans doute, le malheur d’aujourd’hui pourrait-il bien servir de déclic pour un retour à la raison et pour un lendemain meilleur…

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