Évolution

Après l’élection de Donald Trump en tant que président des Etats Unis d’Amérique, Emmanuel Macron vient d’être porté à la présidence de la République Française sans le support au préalable d’un parti politique. Ce constat a soulevé des interrogations sur l’utilité des partis politiques au moment où l’humanité, dans sa très grande majorité, semble négocier une inflexion dans sa trajectoire de vie.

Les changements vécus ou subis suite à la globalisation ont provoqué la modification des configurations politiques préexistantes. Ce n’est pas seulement le «Pénélope gate» et la guerre des chefs qui ont conduit les deux principaux courants politiques en France à ne pas être représentés au deuxième tour de l’élection présidentielle. La défiance envers les hommes et les femmes politiques, qui s’alternaient au pouvoir, est telle que la dénonciation du «système» et la volonté d’en faire table rase sont fortement présentes par l’identitaire fascisant ou l’insoumission rebelle.

Le dépassement de cette situation n’est pas chose aisée. La recomposition d’en haut n’implique pas une tautologie automatique au sein de la population. La mise en place de la Macronie devra affronter «le troisième tour» des législatives en juin prochain. D’ici là, les interactions des uns et des autres constitueront la trame de la campagne électorale qui sera certainement aussi suivie que celle qui vient d’aboutir. À cette occasion, on entendra encore, à travers les réseaux sociaux, le bruissement des binationaux, eux et elles qui généralement pratiquent l’abstention lors des échéances électorales marocaines. Hommage à «nos ancêtres les gaulois» qui arrivent à mobiliser des pesanteurs bien pensantes.

Sous nos latitudes, certains responsables politiques citent déjà Emmanuel Macron comme une nouvelle référence à prendre en considération dans le formatage politique en cours dans notre pays depuis le scrutin du 7 octobre 2016 et ce qui s’en est suivi. Les réajustements nécessaires sont opérés sans aboutir à une consolidation certaine de l’acquis. Les consciences, chamboulées par la métamorphose de l’égo, n’arrivent pas à jouer le collectif pour le bien général, diffus et anonyme. Au temps des festivals, les congrès se suivent et ne se ressemblent plus; chacun a sa méthode pour pratiquer sa méthodologie démocratique. Et si des pages sont tournées; les nouvelles feuilles resteront blanches à défaut d’écriture. Car, à force de banalisation, les leaders ne servent plus à rien, si ce n’est pour avaler et faire avaler des pythons.

Dans un cadre plus général, le boomerang lancé il y a quelques temps pour régler certains comptes identitaires revient en pleine figure de l’ensemble. Sur la base de revendications qui sont celles de la plus grande majorité du peuple marocain ; mais, suite à des manipulations politiques, leurs instrumentalisations trouvent un écho amplifié à l’extérieur des zones où le charriage politique a été pratiqué autant que le géologique il y a fort longtemps. Des comportements qui reniaient à l’Etat son pouvoir régalien, des attitudes antidémocratiques et anticonstitutionnelles ont ainsi conduit à l’effacement de tout intermédiaire institutionnel capable de promouvoir le dialogue, seul moyen de trouver les consensus nécessaires entre la légitimité des aspirations et la mise en œuvre des plans de développement aussi urgents soient-ils. Unis dans et pour l’intégrité territoriale du royaume ; unis pour la consolidation du processus démocratique dans tous ses aspects, politique, économique, social et culturel ; pour le bienêtre et la justice sociale.

D’autres, simples observateurs, pensent que nous sommes aliénés par notre sous-développement structurel et que le suivisme marque les changements que l’on observe sans que cela puisse intervenir dans une transformation en profondeur et réelle de la société marocaine. Celle-ci s’effectuera en fonction de l’importance donnée à deux secteurs : la santé et l’éducation. La santé se trouve encore entre «les mains de Dieu» malgré quelques aspects rosâtres qui ne suffisent pas pour respecter les normes de l’OMS dans l’encadrement sanitaire de la population et à son accès aux services sanitaires. L’éducation se trouve dirigée par un membre éminent de la technostructure nationale dans une mission révélatrice de ce que sera l’avenir du Maroc. A l’aune des mesures qui seront prises pour relever la formation et l’éducation nationale, du préscolaire à l’enseignement supérieur, le jugement se fera sur l’émergence du Maroc et la capacité de sa société à s’approprier son évolution vers la démocratie et la modernité.

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