Exécution

Le nouveau gouvernement est arrivé ! Attendu avec impatience, depuis  presque six mois, sa constitution a fait l’objet de nombreuses interventions. Après le changement du chef du gouvernement désigné, le délai fixé pour ce faire a été prorogé au moins pour une fois. Les partis politiques en ont eu pour leur grade.

La valse des noms, les allusions aux dissensions internes par voie de cyberpresse interposée, l’habillage partisan de la dernière minute, alimentent la rhétorique populaire. Si à ces aspects s’ajoute l’animosité reconnue entre les protagonistes de la majorité telle qu’elle a été élargie, on ne peut qu’espérer que le gouvernement El Othmani tienne la route et que son programme puisse permettre cette «véritable transformation économique et sociale dont les fruits profitent à tous les citoyens» tant attendue.

Car ; c’est dans un contexte général nouveau que le gouvernement aura à développer son action beaucoup plus qu’à faire état d’un discours rappelant les priorités et les promesses qui se répètent depuis longtemps. Faut-il rappeler que l’ouverture du Maroc sur le continent africain, autant elle lui donne des possibilités de rayonnement et de réalisations économiques, autant elle porte en elle des obligations pour parvenir à promouvoir la paix, la sécurité et la réalisation de grands projets fédérateurs. Et autant le Maroc ne peut décevoir l’Afrique, autant la consolidation du front intérieur devra se faire par l’élimination des inégalités sociales et des disparités spatiales.

Comme ce n’est pas seulement par les intitulés des ministères que la transformation de la société marocaine se réalisera ! Il faut pour cela mettre en œuvre des actions concrètes pour que les réformes structurantes configurent la société dans le cadre égalitaire et émancipateur du changement. L’amélioration des conditions de vie, la valorisation du pouvoir d’achat, le développement des libertés individuelles et collectives, la solidarité nationale, le renforcement de la cohésion sociale, l’accès au logement et à la santé, l’amélioration des conditions de formation et d’employabilité des jeunes, le respect des droits de la personne humaine et particulièrement ceux de la femme, sont devenues des revendications plus importantes. Sans leur satisfaction, la démocratie serait vide de tout sens et se réduirait à un effort réglementaire.

C’est à ce niveau et à l’aune du concret que le nouvel exécutif sera jugé. La bonne volonté ne pouvant à elle seule et par son expression répondre aux aspirations légitimes du peuple marocain. Les disparités sont telles que le sentiment de la hogra se répand partout!

D’autre part ; l’espoir est grand pour que l’intérêt pour les affaires publiques et leur gestion connaissent un renforcement auprès de la jeunesse. Son éducation et sa formation, son emploi doivent lui permettre de s’engager avec enthousiaste dans la consolidation du processus démocratique et de sa promotion. A ce niveau, un déficit est à combler. Les événements  récents ayant marqué le champ politique national ont contribué beaucoup plus à l’encouragement de l’abstention et/ou au détachement des organisations politiques.

Le renouveau de l’action politique et le degré de confiance qui lui est accordé dépendent directement de la crédibilité des partis politiques. Ils ne peuvent s’alimenter seulement de l’ambiance générale sans trouver dans le comportement des acteurs politiques l’éthique à laquelle ils appellent. Le cafouillage, la politique politicienne, l’inexistence de la démocratie interne, la navigation à vue, le changement de cap opportuniste et d’autres attitudes néfastes à la clarté des engagements et des positions conduisent la jeunesse au désespoir de vivre «le goudron de son pays» et la poussent, même dans l’imaginaire, à chercher «le miel des autres pays».

C’est là une perte pour le processus démocratique dont la consolidation ne peut se faire sans la mobilisation effective des jeunes. Il appartient au gouvernement d’inverser la tendance par une information adéquate, une culture patriotique et des réalisations concrètes impactant positivement le quotidien des masses populaires.

Qui vivra verra ! C’est avec un optimisme vigilant que le souhait de voir la réussite du gouvernement El Othmani est exprimé, afin de permettre au peuple marocain, par l’exécution effective de son programme, le bienêtre du changement démocratique dans la stabilité.

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