Exemplarité

Triste quand un ami nous quitte. La mort crée le vide ne serait-ce que pour un instant déterminé. Une partie de soi se détache et on sent qu’elle est remplacée par un poids qui noue la gorge. Adieu Abdellah Gharbi; repose en paix. Tant que la vie est en nous, on continuera dans la réalisation de ta conviction progressiste et socialiste. Le Parti te fait ses adieux les plus émouvants. Adieu l’ami ; adieu le camarade, adieu le militant.

A l’approche du dixième congrès du parti, l’exemplarité de l’engagement d’Abdellah Gharbi doit servir de fil conducteur à toutes celles et à tous ceux qui agissent pour l’accomplissement du mot d’ordre «une nation libre et un peuple heureux» dans notre pays.

Des qualités professionnelles reconnues, un comportement irréprochable et un sens positif du relationnel ont fait du regretté défunt un dirigeant respecté et aimé aussi bien dans son travail que dans son parti. Là où il se trouvait, il faisait preuve d’un engagement personnel total en s’inscrivant dans une action collective mobilisatrice et enthousiaste. Exécrant l’opportunisme, notre regretté défunt assuma ses responsabilités avec honnêteté, au service de l’organisation et de l’ensemble de ses militants dont il a été toujours à l’écoute. Acteur dans le champ de l’éducation et de la formation, il était conscient de l’importance des efforts nécessaires pour se «mobiliser pour la formation d’un citoyen marocain conscient de sa citoyenneté». Humble et modeste, brave et intègre, calme et serein, son amitié s’accompagnait d’un zeste de complicité pour déguster la vie et/ou se raconter une anecdote. Sans excès aucun, Abdellah était la force tranquille qui s’inscrivait dans la durabilité. Avec sa disparition, sa mission accomplie avec la noblesse du cœur et avec la sagesse des modestes, «le monde lui-même est en train de mourir». Paix sur toi Abdellah !

Ici-bas, on s’interroge encore sur «le nouveau modèle de développement» pour le pays ? Les think tanks se dégorgent de leurs idées sans que leurs conclusions ne soient suivies totalement ou en partie, au moins pour l’instant. L’attente semble favorable à ces contributions alors que l’interrogation elle-même est remise en cause pour se préoccuper de la «stratégie de croissance». Il semble ainsi que l’approche technocratique prévale sur l’approche politique. Une revanche froide en quelque sorte sur l’avènement de l’alternance consensuelle à la fin du vingtième siècle. Celle-ci, en projetant dans le temps ses réalisations stratégiques, délaissa, de ce fait, les attentes et les aspirations des masses populaires qui se retrouvent aujourd’hui face aux inégalités sociales et aux disparités territoriales. La «crise cardiaque» fût dépassée à coup de privatisations et de réformes socioéconomiques libérales. Toutefois ces dernières, tout en changeant les conditions de base du royaume, n’ont pas abouti à l’effet escompté et des tensions sont enregistrées.

Au fait, la richesse produite ne peut servir à combattre le sous-développement. Elle revient à qui de droit. Les pauvres seront l’objet d’une «approche sociale» pour des ajustements appropriés afin d’équilibrer les méfaits du néolibéralisme dans lequel on s’est engouffré. Les experts, d’ici et d’ailleurs, diront ce qu’il faudrait faire; et, notre beau pays connaîtra l’émergence économique ambitionnée. Tout ce qui pourrait faire obstacle à cette «feuille de route» serait considéré comme adversité, y compris les partis politiques qui se formaliseront de cette préséance du technocrate.

Ce qu’il en sera du processus démocratique ? Les experts ne s’en préoccupent pas. Les limites atteintes par l’établissement d’une «éligerocratie» pourront toujours être revues et corrigées par l’alliance de partis «franchisés» qui assureront la représentation et l’expression majoritaire pour la modernité contre l’archaïsme, pour le mouvement contre l’inertie. Une alchimie où «rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme».

Approche aussi connue que «la crise hélicoïdale» dont semble souffrir notre société en patchwork pour sortir de l’obscurité mortuaire vers la clarté exemplaire.

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One Comment;

  1. Mokhtar Homman a dit:

    Cher Mustapha. Voilà un texte digne d’un parti politique en opposition radicale au Gouvernement actuel, ses options néo-libérales et donc aux partis qui la composent, tous sans exception puisqu’ils appliquent religieusement cette politique. Je suis bien d’accord avec toi quand tu écris « Les pauvres seront l’objet d’une «approche sociale» pour des ajustements appropriés afin d’équilibrer les méfaits du néolibéralisme dans lequel on s’est engouffré ». Dommage que le PPS ait agi dans ce sens là, au détriment des couches populaires, auxquelles il n’accorde que la charité islamique. Un vrai parti de gauche aurait sans doute combattu de toutes ses forces, dans l’opposition donc, cette orientation néo-libérale. Au besoin, consulte la définition du mot schizophrénie.

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