Les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie tiennent en ce moment leur dixième et dernière conférence, une conférence de presse ouverte cette fois-ci au public à l’issue de laquelle elles se transformeront en un parti politique.
C’est au lieu-dit «El Diamante» situé au cœur de la plaine du Yari dans le sud amazonien qui, pour la circonstance et pour une manifestation d’une telle importance, s’est drapé de ses plus beaux apparats, que furent dressées des tentes blanches et des baraques en bois servant de restaurants, de salles de presse etc…Les délégués du FARC ont ainsi jusqu’au vendredi 23 septembre pour discuter et ratifier l’accord de paix conclu le 24 Août dernier avec le gouvernement de Bogota avant de le soumettre à référendum le 2 Octobre prochain.
Prenant la parole, le plus haut dirigeant des F.A.R.C., Rodrigo Londono, plus connu sous le nom de guerre Timoleon Jimenez alias «Timochenko», s’est adressé aux 500 délégués non armés pour leur annoncer qu’au cours de ces assises, les commandants des FARC vont ratifier l’accord de paix signé avec le Gouvernement et discuter de la stratégie politique qu’ils adopteront. Le leader des FARC a reconnu dans son allocution que leurs adversaires considéreront qu’elles ont perdu la guerre mais que la vérité est ailleurs puisqu’elles ont gagné la paix. Et celui-ci d’ajouter que plutôt de parler, comme à leur accoutumée, de la stratégie à adopter sur le champ de bataille, les anciens guérilléros devront donner un nouveau nom à leur mouvement et convenir de la manière dont ils utiliseront, pour le bien du pays, les 10 sièges qu’ils ont obtenu au sein du Congrès en contrepartie du dépôt des armes.
La semaine prochaine, le chef des FARC et le Chef de l’Etat colombien Jose Manuel Santos signeront officiellement leur entente à Carthagène des Indes sur la côte Caraïbe et le 2 Octobre prochain les colombiens se prononceront, par référendum, sur la suite qu’ils entendent réserver à ce traité de paix.
«C’est l’évènement le plus important de notre histoire» a reconnu devant les micros de l’AFP Carlos Antonio Losada, dirigeant des FARC, ajoutant qu’il s’agit-là de troquer l’habit d’une organisation politique militaire contre celui d’une organisation politique « civile » agissant dans le cadre de la légalité.
Et, pour conclure, l’orateur déclare être sûr que la conférence va finir par approuver les accords annoncés le 24 Août dernier à La Havane résultant de quatre années de négociations menées avec le gouvernement de Bogota.
A noter que, pour la circonstance, les autorités colombiennes ont autorisé 24 détenus des FARC à assister librement aux travaux de cette importante manifestation et que l’optimisme se lit sur les visages de tous les anciens guérilléros.
«Je suis contente et très optimiste» déclare Vanessa Hurtado, une jeune de 26 ans, issue d’une famille de miliciens, qui a rejoint la guérilla dès l’âge de 14 ans et qui rêve, désormais, d’étudier les langues étrangères tout en militant dans le nouveau parti politique qui succédera aux FARC.
Enfin, après 52 ans de conflit, 260.000 morts, 45.000 disparus et près de 7 millions de déplacés, il est permis de dire avec sérénité qu’en Colombie le chemin vers la paix est, désormais, tout tracé.
Nabil El Bousaadi