FIAD 2016 : les jalons d’une Afrique meilleure

Pendant 2 jours, ce sont plus de 2400 opérateurs de 29 pays africains qui se sont réunis à Casablanca pour «refaire l’Afrique». 48 heures auront suffi aux intervenants du FIAD 2016 pour émettre des recommandations en vue d’asseoir un modèle d’électrification efficient visant non pas seulement à éclairer le continent mais surtout à le développer. L’occasion aussi d’honorer les entreprises africaines impliquées dans le partenariat régional à travers les «Trophées de la coopération Sud-Sud». Les détails.

Appel à la création d’un fonds pour électrifier l’Afrique

L’électricité est la clé du développement et si le continent africain veut avancer, il doit se préparer à y investir massivement. Un constat qui appelle les chefs d’Etat, les gouvernements, les responsables publics et privés des pays africains ainsi que les donateurs de toutes origines à mettre en place un fonds de financement pour électrifier le continent noir.

En Afrique, pas moins de 650 millions de personnes sont sans accès à l’électricité. Ce chiffre est susceptible de croitre de manière significative sachant que la population africaine devrait doubler en 2050 pour atteindre une démographie de 2,5 millions habitants contre 1,2 millions actuellement. Or l’urgence est là ! « Nous ne pouvons pas parler du développement sans énergie. Cette dernière est le nouveau droit de l’homme», déclare Jean-Louis Borloo, président de Fondation Energies pour l’Afrique. Commentant la même idée, Ali Fassi Fahri, directeur général de l’ONEE avance que « l’énergie est un préalable à tout développement. L’impact de l’électrification est non seulement l’éclairage mais aussi l’amélioration des conditions de vie des populations». En effet, l’électricité est un préalable à l’agriculture, à la santé, à l’accès à l’eau, au développement économique, culturel, social et démocratique. Ainsi, « généraliser l’électrification est une bataille panafricaine citoyenne», affirme Alassane Ba, directeur général du fonds Africa 50.

D’où la nécessité de créer une agence de l’énergie africaine. « Il faut qu’il y a un accord politique mondiale qui porte sur la création d’un fonds dédiée à l’électrification de l’Afrique. Il s’agit d’une alliance vitale » réclame JL Borloo. Et de poursuivre : «Nous avons besoin de ce fonds pour pallier la faiblesse des pouvoirs publics, fédérer les financements et apporter la part de subventions pour lancer les chantiers». Pour Barloo, l’argent est facilement mobilisable. La seule chose qui manque, c’est un instrument de soutien global. De son côté, A. Ba ajoute à titre complémentaire que le leadership vient avant l’argent. «La question que nous devons poser est relative à la volonté. Est-ce qu’il y a l’ambition de faire sortir notre continent de l’obscurité ? Après, vient le facteur de mobilisation des ressources financières. D’ailleurs, seules les politiques peuvent allouer les sources du monde», explique le directeur d’Africa 50. Pour sa part, A. F. Fihri a signalé que le coût de la non électrification revient plus cher que celui de l’électrification. Pour illustrer son constat, le directeur de l’ONEE a déclaré que la facture d’électricité moyenne dans un village est de 60 DH. Avant le programme national d’électrification rurale, elle était de 100 DH ce qui nous donne un coût de 40 DH de la non électrification.

Enfin, il faut dire qu’électrifier l’Afrique constitue un vrai relais de croissance pour le continent lui-même et pour le reste du monde, notamment l’Europe. 100 % d’électrification du continent en Afrique signifie entre 10 et 15 % de croissance pendant 15 ans, contre 5 % de croissance à l’heure actuelle, et 3 % de croissance supplémentaire pour l’Europe sur la même période.

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AWB décerne les trophées de la coopération sud-sud

AWB 600

Qui sont les meilleurs élèves de la coopération sud-sud en 2016 ? Vendredi dernier, Attijariwafa bank et Maroc Export ont dévoilé les noms des lauréats de la coopération Sud-Sud en Afrique. La traditionnelle cérémonie d’émulation du FIAD a primé 3 entreprises africaines en leur décernant les «trophées de la coopération sud-sud».

Réflexions, rencontres d’affaires, échanges, mais aussi récompenses étaient les principaux faits marquants de cette 4e édition du FIAD qui a réuni plusieurs opérateurs économiques du continent africain. Le gotha économique s’est clôturé après 2 jours de travaux en honorant 3 entreprises africaines sur les 9 entreprises nominées. Le premier prix de la coopération sud-sud a été décerné à la société camerounaise Azur SA engagée dans la savonnerie et l’huile de cuisine. Le 2e prix a été accordé à la compagnie sénégalaise Teylium Properties opérant dans l’immobilier. Le 3e prix a quant à lui été octroyé à l’entreprise tunisienne One Tech consacrée à la câblerie et les télécoms.

Intervenant dans le cadre de la cérémonie de clôture du forum, Ouided Bouchamaoui, présidente de l’union tunisienne du commerce, de l’industrie et de l’artisanat et présidente du jury des trophées de la «coopération sud-sud », s’est voulu satisfaite des entreprises africaines. «Au-delà des résultats, tous les candidats sont gagnants», a affirmé la prix Nobel de la paix en 2015.

Mohamed Kettani, PDG d’Attijariwafa bank, a quant à lui exprimé sa satisfaction du forum et renouvelé l’engagement du groupe bancaire à réunir l’année prochaine plus d’opérateurs africains, avec le Burkina Faso en tant qu’invité d’honneur. «La coopération sud-sud ne se décrète pas. Elle se construit tous les jours sur le terrain avec les opérateurs économiques. Notre démarche procède ainsi d’une conviction partagée et s’inscrit dans la durée», a- t-il ajouté dans son allocution de clôture du forum. «Vivons une montée en gamme dans les chaines de valeurs. L’Afrique ne peut réussir sans l’implication de tous ses acteurs », a déclaré pour sa part Zahra Maarifi, directrice générale de Maroc Export à l’issue des 2 jours du forum.

Le forum international Afrique développement s’est déroulé du 25 au 26 février à Casablanca sous le thème «Agriculture et électrification : mobiliser les énergies». L’évènement a été marqué par plusieurs panels sur l’agriculture, l’électrification et l’entreprenariat. Les recommandations de cette 4e édition, a annoncé Mohamed Kettani, seront compilées dans le livre blanc du FIAD 2016 à l’adresse des politiques et gouvernements des différents pays africains. En termes de business, le FIAD a été marqué par plus de 5000 rendez-vous d’affaires entre les opérateurs africains, ont annoncé les organisateurs.

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Ils ont témoigné

Dissa Alpha Omar, Ministre burkinabé de l’énergie, des mines et des carrières

Nous ne pouvons pas développer l’énergie en Afrique sans maitriser l’efficacité énergétique. Il serait donc important de créer un système intelligent avec l’ensemble des partenaires financiers et techniques. L’expérience marocaine, à travers le Masen, se veut l’exemple africain.

Mustapha Bakkoury, Président du directoire du Masen

Le Maroc a fait de l’accès à l’énergie une priorité en 1990. L’histoire nous a donné raison. 97% des Marocains ont désormais accès à l’électricité. Aujourd’hui, nous sommes dans une nouvelle phase. Nous anticipons les besoins en énergie sur les dix prochaines années et nous prévoyons les capacités nécessaires à mettre en place.

Birima Mangara, ministre délégué en charge du budget Sénégalais

Les différents acteurs doivent s’accorder autour des projets essentiels de société qui intéressent le peuple. La révolution verte s’appuiera sur une énergie verte à moindre coût. La mise en valeur des potentialités des énergies renouvelables permettra de favoriser l’accès des populations à l’énergie. Aujourd’hui, il faut passer à l’action, réduire l’asymétrie de l’information et favoriser la prise de décisions à cet effet.

Dominique Seux, directeur délégué, Les Echos (France)

La mondialisation est en train d’être mutée. Chaque jour qui passe, la dépendance de nos pays aux matières premières est de plus en plus élevée. C’est le moment de faire les changements structurels. Avec sa capacité d’innovation, l’Afrique démontre aujourd’hui son envie de changer. Le FIAD se veut ainsi un marché des idées où il y’a une intuition très forte de la coopération Sud-Sud.

KaoutarKhennach et Danielle Engolo

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