FIESAD: la fabrication de la conversation théâtrale à l’internationale

Par Fatima Makdad

L’association ISSIL pour le Théâtre et l’Animation Culturelle a organisé la cinquième édition du Festival International des écoles de théâtre (FIESAD) du 1 au 7 novembre 2019 à Rabat. Une manifestation culturelle et pédagogique, premier festival du genre au Maroc ; basée essentiellement sur l’échange entre les écoles de théâtre du monde.

En se déclarant international, le Festival suscrit ses orientations dans une dimension d’ouverture sur l’autre, sur le monde et aspire à un théâtre au pluriel sans pour autant, délaisser l’expression dramatique marocaine. L’objectif est de créer une condition favorable à l’apprentissage, au rapprochement, aux transactions dans le domaine du savoir et du savoir-faire culturel et artistique.

Le principe d’ouverture du champ du festival à des écoles d’art dramatique étrangères fortifie son rayonnement au-delà de nos frontières et favorise les échanges pédagogiques, artistiques et scientifiques entre professeurs et étudiants.

Sept jours de représentations théâtrales, à raison de trois spectacles par jour, dans trois différentes salles à Rabat; à savoir le Théâtre National Mohamed V, la salle Bahnini et la salle El Kenfaoui, corroboré par des ateliers et débats entre les familles théâtrales africaines, européennes, sud américaines et asiatique. Justement, l’ambition était de sillonner les correspondances substantielles et anciennes entre le théâtre et les besoins de se rencontrer, d’échanger et le droit d’exister.

Certes, Le festival est tourné vers le grand public mais son souci majeur se dédicace notamment; aux élèves des établissements d’art dramatique et aux passionnés de théâtre en général.

Les représentations des élèves des écoles invitées, ont permis de découvrir les différentes réalités présentes ; soit de pays proches comme l’Espagne, l’Italie, La France, l’Allemagne, ou d’autres venus des horizons lointains en l’occurrence le Chili, la Chine. Qui dit réalités différentes, dit productions également différentes. Cette évidence donne lieu à des interactions entre les festivaliers dans l’instantané certes ; mais met au fait, à moyen et long terme, l’étudiant de l’ISADAC et d’autres ateliers initiaux, aux possibilités multiples existant chez l’autre étudiant venu d’ailleurs. A chaque édition, nous assistons à des belles aventures artistiques, ardentes et impressionnantes.

De même, il offre gracieusement l’opportunité aux élèves et aux enseignants marocains de porter un regard autre sur la manière d‘explorer l’imagination, son action, ses enjeux et d’aiguillonner le potentiel du seul emblème de la formation dont disposent les écoles : l’étudiant.

Dans cette diversité, nos étudiants renforcent leur curiosité pour parfaire les approches, le questionnement et le processus de construire un spectacle ou tout simplement un de ses éléments ; comme la construction d’un personnage, une ambiance théâtrale, des effets, une composante scénographique etc.

L’important pour eux, c’est comment se former au métier d’acteur, de scénographe de médiateur (pour les étudiants- médiateurs qui participent à l’organisation et à la gestion du festival) par la fréquentation ou l’implication, à partir de la formation dispensée à l’ISADAC durant quatre années. Particulièrement comment un étudiant de l’ISADAC peut trouver sa Singularité et son Chemin.

Autrement dit, comment préparer ces jeunes artistes comédiens, scénographes et médiateurs; futurs professionnels au challenge d’un demain au pluriel.

Accessible à tout âge, enveloppante et pédagogique, cette manifestation culturelle et artistique se donne pour objectif d’inviter les étudiants en métiers d’art dramatique, les spécialistes et même les profanes à poser les jalons à des rassemblements qui engage le questionnement, la collaboration entre les disciplines artistiques, la confrontation culturelle, même celle qui inquiète, et les différences sociogéographiques.

Pour les spectacles, ils étaient beaucoup plus des laboratoires de recherches, des champs de liberté et d’innovation. A tous égards, les étudiants ont exploré le théâtre classique, le contemporain, les fait divers, le conte et ont célébré la création à travers la danse, le chant, le mime. Plusieurs modes d’expressions étaient mis en valeur pour enchanter les soirées du festival.

Pour cette nouvelle édition, la détermination des organisateurs a été focalisée sur la ligue africaine. Plusieurs interventions ont également permis de poser la question de la collaboration entre artistes, écoles africains et leur partenaire. Le programme de ces rencontres a particulièrement accordé la parole aux différents membres de la ligue afin qu’ils puissent réagir aux différents maux de la formation artistique en générale et théâtrales en particulier dont souffre terriblement le continent africain. Il faut signaler l’implication singulière du Maroc et son apport sans limite, pour instaurer une plate-forme africaine dédiée à la recherche et à la quête des opportunités, pour faire bénéficier les étudiants, des bourses et des programmes d’échange avec les écoles européennes.

Cette mobilisation se conjugue avec celle d’artistes et directeurs de différentes écoles dramatiques européenne. Ils ont manifesté un grand intérêt à cette jeune structure car finalement l’intérêt est mutuel.

Reste à mentionner que l’événement marquant de cette rencontre est sans contestation aucune, le grand hommage rendu à Madame Iuliana Predut  Nassef.

Il s’agit ici, d’un événement exceptionnel pour une femme singulière, la femme qui a aligné la voie de la scénographie au Maroc.

Mme Prédut ou Cléo; comme elle aime qu’on l’appelle, fut engagée à l’ISADAC pour sa créativité, sa force de propositions et sa disponibilité pour servir l’option scénographie et ses étudiants.

Les contraintes techniques, budgétaires et spatiales (que connaissait à l’époque notre Institut) n’ont jamais étouffer sans élan, bien au contraire, elle était un sculpteur qui travaillerait en taille directe, un bloc de marbre.Cette état de conscience et ses valeurs humaines, l’ont conduit directement à tisser avec ses étudiants, des rapports humains, artistiques et implanter une forme de complicité au près d’un idéal esthétique au-delà de ceux de rapports académiques classiques.

Elle est aujourd’hui la marraine d’un bon nombre des scénographes confirmés, ayant le mérite de révolutionner la scène théâtrale et artistique au Maroc.

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