Gambie : Adama Barrow rempile pour un second mandat

Attendons pour voir…

Un million de Gambiens, sur un pays qui compte 2 millions d’habitants, ont été appelés, ce samedi 4 décembre et cinq années après la fin de la dictature et la victoire surprise d’Adama Barrow,  à élire, parmi les six candidats en lice, celui qui présidera aux destinées de leur pays.

Ce scrutin a eu lieu dans un climat tellement apaisé qu’un haut responsable d’une institution internationale basée à Banjul, ayant requis l’anonymat, a affirmé que « les gambiens se sont beaucoup intéressés à la campagne présidentielle, ils ont été très nombreux à participer aux meetings, les candidats n’ont pas été entravés, la parole n’a jamais été aussi libre. Une première dans l’histoire du pays ».

Les deux thèmes qui ont dominé la campagne électorale et retenu l’attention ont été la lutte contre la pauvreté alors que dans ce pays de 2,9 millions d’habitants, près de 48,6% vivraient sous le seuil de pauvreté selon les chiffres donnés par la Banque Mondiale et la condamnation des violations des droits humains perpétrées sous l’ère Yahya Jammeh car, comme l’a rappelé, de Dakar, Michèle Eken, chercheuse chargée de l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International, « pendant plus de 20 ans, les Gambiennes et les Gambiens qui se mettaient à dos le régime du président étaient torturés, exécutés de manière extrajudiciaire et détenus arbitrairement pendant des périodes prolongées, dans un climat de violations généralisées des droits humains – disparitions forcées, violences sexuelles et fondées sur le genre, et attaques contre la liberté d’expression et de réunion pacifique notamment ».

Mais si, dans cette élection, qui est la première de l’ère post-Yahya Jammeh et à laquelle ont participé près de 860.000 Gambiens, la consolidation démocratique était l’un des enjeux majeurs, force est de reconnaître qu’il n’en fut rien dès lors que l’annonce de la victoire du président sortant Adama Barrow a eu lieu avant même la proclamation des résultats définitifs de ce scrutin ; une ombre au tableau que personne n’attendait…

Aussi, les adversaires du président et, notamment, l’avocat et ancien Premier ministre Ousainou Darboe, leader du Parti Démocratique Unifié (PDU), principale figure de l’opposition et le seul à inquiéter Adama Barrow, n’ont eu aucun autre choix que celui de rejeter  « les résultats annoncés jusqu’à présent » par la Commission électorale et de se réserver « tous les moyens d’action » tout en invitant, toutefois, « les gambiens à rester calmes et pacifiques » dans l’attente des résultats des investigations qui seront menées.

Considérant qu’il s’agit-là d’un « moment capital », un haut diplomate international a déclaré que la Communauté des Etats ouest-africains (CEDEAO), qui reste attentive à l’acceptation ou à la contestation, par les perdants, des résultats officialisés par la commission, a appelé, dans un communiqué en date de ce dimanche, « tous les candidats à accepter, de bonne foi, l’issue de cette élection qui n’aura ni gagnant, ni perdant, mais un seul vainqueur, le peuple Gambien ».

Or, même si le camp du président sortant a commencé à célébrer la victoire de ce dernier avant même que celle-ci ne soit officiellement confirmée, les partisans d’Ousainou Darboe n’ont pas désarmé dès lors que ce dernier avait tout pour donner des sueurs froides à Adama Barrow et que son passé d’opposant courageux sous la dictature du vieil autocrate plaide toujours pour lui dans la mesure où, lors des législatives de 2017, son parti était parvenu à remporter 31 des 58 sièges que compte l’Assemblée nationale.

Mais, en dépit de tout cela, les derniers résultats globaux annoncés, par la Commission Electorale Indépendante ont, officiellement, attribué la victoire au président sortant Adama Barrow qui aurait recueilli plus de 53% des suffrages bien loin devant son principal concurrent et ancien mentor, Ousainou Darboe, qui n’aurait obtenu, quant à lui, que 27,7% des voix.

Aussi, en rempilant pour un second mandat, le président sortant a salué le bon déroulement du scrutin et remercié la Commission électorale indépendante pour « l’organisation comme promis d’une élection libre, équitable et transparente » ainsi que « le conseil des sages de la CEDEAO » et promis qu’il consacrerait toutes les ressources à sa disposition « pour faire de la Gambie un pays meilleur pour toutes et tous ». Y parviendra-t-il ? Nulle raison de douter de sa bonne foi mais attendons pour voir…

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