Prix des médicaments
Ouardirhi Abdelaziz
Le débat sur les prix des médicaments au Maroc est un sujet récurrent, sans cesse réitéré, occupant le devant de la scène, et suscitant un débat sans cesse repensé. Depuis près de vingt ans tous les ministres qui se sont succédés à la tête du département de la santé et de la protection sociale, ont été confrontés aux nombreux problèmes liés à l’accès pour tous aux médicaments et aux augmentations intempestives des prix .
Le problème est toujours présent.
Ces problèmes sont le plus souvent liés à la hausse des prix de certains médicaments indispensables pour traiter des maladies chroniques .
Parmi ces maladies, il y a le cancre, les maladies cardiovasculaires, dont l’hypertension artérielle, l’insuffisance rénales, la sclérose en plaque, le psoriasis , la maladie de crohn , certaines maladies mentales dont la schizophrénie , l’épilepsie
Ces maladies et d’autres nécessitent des traitements innovants , des molécules couteuses , onéreuses , parfois hors de porté des petites bourses . Dans la grande majorité des cas , les patients doivent suivre ces traitements onéreux pendant toute leur vie, ce qui signifie en clair qu’ils sont contraints de consacrer un budget conséquent pour acquérir et suivre le traitement prescrit par le médecin traitant .
Malheureusement , dans bien des cas , cette capacité financière n’est pas possible pour de nombreux malades , dont les conditions économiques sont très limitées , c’est le cas des démunis , des pauvres , celles et ceux qui n’ont pas de ressources, et qui a défaut de pouvoir acheter les médicaments prescrits indispensables pour être correctement traités , sont contraints de se faire soigner au rabais , de s’adresser aux charlatans , d’utiliser des produits ou mixtures toxiques , dangereuses , avec au bout du compte des drames .
Ce scénario , n’est pas un vue de l’esprits , loin s’en faut, c’est une réalité amère que vivent des malades dans un silence coupable et une ignorance flagrante.
Comparaison, n’est pas raison
Abordant la question de la cherté de certains médicaments ,le ministre de la santé et de la protection social Amine Tahraouiavait déclarédevant les conseillers , que le Maroc se base sur des comparaisons avec plusieurs pays, tels que la France, l’Espagne et l’Arabie saoudite, pour fixer les prix.
Mais il faut tout de même reconnaitre que le choix de comparaison des prix des médicaments au Maroc (benchmark) , avec des pays ( France, l’Espagne et l’Arabie saoudite) ne peut pas se concevoir avec objectivité et ceci pour 2 raisons :
La première est que les pays choisis pour le benchmark ont premièrement des économies bien plus puissantes ,le pouvoir d’achat de leurs citoyens est nettement supérieur au notre , et deuxièmement ces pays ont des systèmes de santé sans aucune comparaison avec le Maroc.
Par ailleurs Si on considère le PIB de ces pays du Benchmark avec l PIB du Maroc on remarque :
Maroc : Produit Intérieur Brut : 141,1 milliards USD (2023)
PIB par habitant : 3 672,11 USD (2023)
France : Produit Intérieur Brut : 3,031 billions USD (2023)
PIB par habitant : 44 460,82 USD (2023
Espagne : Produit Intérieur Brut : 1,581 billion USD (2023)
PIB par habitant : 32 676,98 USD (2023)
Arabie Saoudite : Produit Intérieur Brut : 1,068 billion USD (2023)
PIB par habitant : 28 894,96 USD (2023)
Des prix supérieurs à ceux observés dans des pays riches !
Il ne fait aucun doute que les augmentations répétées des prix de certains médicaments , dont ceux qui sont importés , risque de mettre en danger notre système de santé , car les médicaments représentent plus du tiers des dépenses totales de la santé .
Pour étayer plus ces propos , il est utile de rappeler ici qu’une étude menée en 2022 par la CNOPS, en coordination avec la Douane, sur un échantillon de 321 médicaments remboursables, a révélé que les prix pratiqués au Maroc sont trois à quatre fois supérieurs à ceux observés en France ou en Belgique. Cette situation résulte notamment des marges élevées imposées par les importateurs et du coût des médicaments innovants.
Ceci étant , il est fondamental que les citoyens Marocains qui sont malades puissent avoir droit à l’accès aux soins de qualité , et aux médicament dont ils ont besoin en cas de problèmes de santé
La santé, un droit constitutionnel
Au Maroc, la santé est un droit fondamental de tout citoyen. Ce droit est consacré par la nouvelle constitution de 2011. Qui dit santé, fait référence aux moyens multiples et variés pour mettre en application cette politique de santé.
L’accès aux médicaments nécessaires pour traiter efficacement celles et ceux qui sont malades sans les exposer à des difficultés financières est un élément fondamental de justice sociale et d’équité pour notre système de santé .
Tout cela procède de la conviction profonde de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, que Dieu le glorifie, de faire du droit d’accès aux services de santé pour tous les citoyens, là où ils résident, un des piliers majeurs pour la consolidation de la citoyenneté, et pour la réalisation d’un développement humain global et intégré.
En finir avec la médecine à plusieurs vitesses
Le Maroc nouveau , sous la conduit éclairée de Sa Majesté le Roi Mohamed VI , est résolument tourné vers l’avenir. Le secteur de la santé connait une dynamique sans précédent , de grands chantiers d’infrastructures sanitaires, des facultés de médecine , des centres hospitaliers universitaires (CHU) modernes , des hôpitaux régionaux , préfectoraux , des centre de santé urbains et ruraux , unité médicales mobiles, des moyens matériels et humains sont déployés afin que l’ensemble de la population marocaine puisse bénéficier d’une couverture sanitaire équitable et équilibrée donnant au concept de démocratisation des soins sa véritable signification.
il est essentiel que tous les acteurs du système national de santé participent à cette dynamique, à ce grand projet sociétal, qui vise à permettre à tous d’être dignement soignés.
Il faut en finir avec la médecine à plusieurs vitesses, celle qui consiste à ne prendre en charge que les nantis, celles et ceux qui ont des moyens, ceux qui peuvent payer sans discuter, qui peuvent aisément débourser des millions sans compter pour disposer des médicaments innovants , en finir avec tous les dépassements d’honoraires fantaisistes que pratiquent certains médecins sans avoir froid aux yeux , mettre un terme définitif aux chèques de garantie un pratique illégal qui persiste dans certains cliniques , combattre l’usage du noir , et tous les autres agissements et comportements contraire à l’éthique….